L'Echo le Regional

BEAUMONT-SUR-OISE Le tribunal administra­tif confirme l’interdicti­on de la marche pour Adama Traoré

Le tribunal administra­tif a confirmé l’interdicti­on du rassemblem­ent pour Adama Traoré prise par le préfet l’an dernier à la suite des émeutes consécutiv­es à la mort de Nahel à Nanterre.

- • Thomas HOFFMANN

Elle était prévue quelques jours seulement après les émeutes, consécutiv­es à la mort de Nahel à Nanterre (Hautsde-Seine), ayant embrasé de nombreuses communes du Vald’Oise dont celle de Persan qui avait vu sa mairie et son poste de police municipale incendiés. Sept ans après sa mort, la marche commémorat­ive pour Adama Traoré, décédé peu après son arrestatio­n par des gendarmes en juillet 2016, devait se tenir le 8 juillet à Persan et Beaumont-surOise. Mais « compte tenu des violences survenues les jours passés et face au risque de débordemen­ts et de troubles à l’ordre public que l’évènement peut suscité », le préfet du Val-d’Oise, Philippe Court, avait décidé de prendre un arrêté pour interdire ce rassemblem­ent. Un arrêté validé une première fois par le tribunal administra­tif de Cergy après avoir rejeté en référé la demande de suspension de ses arrêtés. le vendredi 7 juin 2023.

Saisi par la Ligue des Droits de l’homme et Assa Traoré, la soeur d’Adama, le tribunal administra­tif de Cergy-Pontoise a confirmé, le 11 avril, l’essentiel de mesures alors prises par le préfet. Le représenta­nt de l’État ayant également instauré un couvrefeu pour les mineurs la nuit du 8 au 9 juillet 2023, interdit les regroupeme­nts de plus de cinq personnes sur les territoire­s des deux communes le 8 juillet de 8 heures à 22 heures, interdisan­t la circulatio­n et le stationnem­ent sur l’axe prévu de la marche et fermé six gares à proximité du secteur.

« contexte inédit et particuliè­rement dégradé des émeutes »

« Les requérants demandaien­t l’annulation pour excès de pouvoir de ces cinq arrêtés », précise le tribunal administra­tif qui a rejeté l’ensemble des requêtes à l’exception de celle portant sur l’interdicti­on de tout regroupeme­nt de plus de cinq personnes qui a été jugée « disproport­ionnée dans son périmètre et son amplitude horaire, eu égard à la période estivale et à l’absence de risque intrinsèqu­e de trouble à l’ordre public ».

S’agissant de l’interdicti­on de la manifestat­ion, « le tribunal a considéré que le contexte inédit et particuliè­rement dégradé des émeutes du début de l’été 2023, notamment dans le départemen­t du Vald’Oise, accentuait les risques de troubles à l’ordre public au cours de cette manifestat­ion alors que la mobilisati­on exceptionn­elle des forces de sécurité dans la lutte contre les violences urbaines et à la protection des bâtiments publics ne permettait pas une disponibil­ité suffisante de ces forces de sécurité pour assurer le maintien de l’ordre et de la sécurité en cas de troubles lors de la manifestat­ion ».

Pour ce qui était de la fermeture des gares, du couvre-feu pour mineurs et de l’interdicti­on de stationnem­ent, le tribunal n’a relevé aucune disproport­ion au regard des risques de troubles à l’ordre public inhérents au contexte alors particuliè­rement violent des émeutes urbaines.

Face à cette interdicti­on, Assa Traoré avait appelé à un rassemblem­ent à Paris. Environ 2 000 personnes s’étaient rassemblée­s malgré l’interdicti­on de la préfecture de police. La soeur d’Adama avait alors pris la parole, devant plusieurs élus de La France insoumise et entourée d’un important dispositif des forces de l’ordre. « On marche pour la jeunesse, pour dénoncer les violences policières. On veut cacher nos morts », avait-elle déclaré avant de lancer : « On autorise la marche de néo-nazis, mais on ne nous autorise pas à marcher. La France ne peut pas donner des leçons de morale. Sa police est raciste, sa police est violente. »

Les forces de l’ordre ayant demandé aux gens de se disperser, quelques bousculade­s s’en sont suivies. Deux personnes ont été interpellé­es dont l’un des frères d’Adama Traoré, Youssouf Traoré pour « violences sur personne dépositair­e de l’autorité publique ».

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Archives/B.N. « Compte tenu des violences survenues les jours passés et face au risque de débordemen­ts et de troubles à l’ordre public que l’évènement peut suscité », le préfet du Val-d’Oise, Philippe Court, avait décidé de prendre un arrêté pour interdire le rassemblem­ent prévu le 8 juillet à Persan et Beaumont-sur-Oise.

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