L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)

Gwennaëlle Pillon apporte l’optique en pharmacie

L’optique en pharmacie, il fallait y penser. C’est ce que vient de mettre en place Gwennaëlle Pillon, opticienne passionnée. Avec ses 13 années d’expérience, elle vient apporter aux habitants un savoir-faire et une écoute attentive.

- Arzhêliz Diard

Depuis le début du mois de janvier, un espace optique dans une pharmacie a vu le jour dans les Villes Soeurs. Un concept inédit dans la Région et encore rare en France qui permet de réaliser un dépistage visuel. Derrière cette idée, il y a Gwennaëlle Pillon, 37 ans, opticienne passionnée qui a choisi de poser ses valises près de la mer. « Je travaille dans l’optique depuis 13 ans. J’ai commencé à Tourville-la-rivière. Je me suis auto formée et je suis partie étudier dans le Jura dans le seul lycée d’optique public ».

Formée dans le Jura

Au coeur des montagnes, elle a fait ses armes avec un profession­nel reconnu dans le Rhônealpes. Elle passe son BEP, puis son BTS opticien - lunetier par alternance. Elle tombe amoureuse du Jura, de ses artisans qui conçoivent et façonnent des lunettes uniques. Puis elle retourne en Normandie pour travailler au sein d’un grand groupe d’opticiens. Aujourd’hui, Gwennaëlle veut prendre le temps de conseiller les patients qui viendront dans l’espace optique. Son téléphone ne fait que sonner depuis son installati­on dans la pharmacie. « Un client, je l’accueille, je lui demande quelles sont ses activités visuelles, il me parle de son métier. J’analyse son visage, sa peau car c’est essentiel pour la matière de la monture. Ensuite, j’analyse la prescripti­on donnée par l’ophtalmolo­gue et je contrôle. » Pour répondre aux problèmes de mobilité, elle peut se déplacer à domicile.

Malgré la situation tendue dans les Villes Soeurs, avec le départ des ophtalmolo­gues de la ville d’eu, l’opticienne le rappelle : « Nous ne sommes pas des médecins, nous sommes juste des opticiens diplômés. » Elle peut réaliser un dépistage visuel mais en aucun cas, elle ne peut prescrire des ordonnance­s. L’examen de vue n’est pas un acte médical, il permet à Gwennaëlle Pillon de s’assurer que les lunettes qu’elle aidera à choisir avec son patient disposeron­t de la bonne correction. Son métier, c’est également d’assurer le lien entre les ophtalmolo­gues et leurs patients. « Dans ce contexte de pénurie, ils travaillen­t beaucoup, j’établis toujours une lettre que je leur transmets et qui va expliquer ce qui a été vu avec le patient. » La jeune femme constate également que le secteur des Villes Soeurs manque cruellemen­t de spécialist­es de la basse vision. La basse vision (ou mal voyance), se traduit par une baisse importante de l’acuité visuelle, ou bien parfois par une réduction du champ visuel. Elle peut avoir plusieurs origines. L’une des plus fréquentes est la dégénéresc­ence maculaire liée à l’age (D.M.L.A), qui atteint plus d’un million de personnes en France. Elle constate l’isolement des personnes qui en souffrent : « Des systèmes grossissan­ts existent pourtant pour améliorer le quotidien ».

Dix heures de travail pour une monture

En France, le marché de l’optique est tendu. Certains pratiquent le forcing des ventes. Ce que Gwennaëlle refuse. Son credo, c’est la vente de produits artisanaux et au maximum français. « Je travaille avec des optiques jurassienn­es et locales et des matières originales : de la pierre, du bois, du carbone et des choses plus classiques : de l’acier chirurgica­l et de l’acétate. Une monture fabriquée à la main représente dix heures de travail. » Derrière son bureau sont disposées plusieurs dizaines de paires. Chacune a sa spécificit­é : de la dentelle de Calais dans les branches pour l’une d’entre elles, par exemple. L’opticienne réalise même quelques paires de lunettes : « Je scie, je lime, je n’ai pas toutes les machines, mais j’aime bien en créer ».

Si le métier d’opticien a changé, régi par les mutuelles qui imposent des grilles tarifaires, elle ne souhaite pas pour autant faire acheter aux gens des lunettes hors de prix et de mauvaise qualité. « Chacun a son créneau, moi je souhaite privilégie­r des lunettes qui durent et font vivre des artisans français. »

« Nous ne sommes pas des médecins »

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Gwennaëlle Pillon propose des montures artisanale­s et locales.

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