L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)
Bientôt des fonds pour aider les pêcheurs en difficulté ?
L’hiver 2017-2018 est particulièrement difficile. À cause des tempêtes, les bateaux de pêche doivent souvent rester à quai, provoquant un manque à gagner important pour les artisans. Le député Sébastien Jumel propose de créer un fonds pour les aider.
L’hiver est rude. Qui vit en Normandie ou dans la Somme l’aura remarqué et entre les tempêtes et les pluies torrentielles, beaucoup de bateaux de pêches doivent reporter leurs sorties en mer. Au Tréport, certains n’ont pas pu quitter le port depuis le mois de novembre : pour leur entreprise, il n’y a donc plus d’entrées d’argent. « La petite pêche souffre. Les bateaux de moins de 12 mètres ne peuvent pas sortir par gros temps mais les entreprises de pêches doivent continuer à rembourser leurs crédits et d’autres charges fixes constate le député de la 6e circonscription de Seine-maritime Sébastien Jumel. Dans les Hauts-de-france, il existe un fonds de soutien de 250 000 €, qui vient soutenir ponctuellement les pêcheurs. En découvrant cela, j’ai proposé à Hervé Morin (président de la Région Normandie) de faire quelque chose de similaire ».
5 000 € de charge tous les mois
Avec cette enveloppe, les patrons de pêche recevraient ainsi des subventions quand les bateaux ne peuvent pas sortir. « Il existe déjà une caisse intempéries, qui couvre les manques à gagner en salaire pour les individus qui sont alors au chômage technique. Mais il n’y a rien pour les entreprises » précise le député.
Au Tréport, cette proposition est d’autant plus pertinente que certains bateaux peuvent déjà bénéficier de fonds similaires : ceux qui sont immatriculés à Boulogne-sur-mer (environ la moitié des bateaux) peuvent faire la demande à la région Hauts-de-france. Ceux qui sont immatriculés à Dieppe, en revanche, ne le peuvent pas. Pour les deux immatriculations, les charges sont les mêmes : jusqu’à 5000 € pour un artisan, entre l’embauche d’un marin, le remboursement de son emprunt ou les frais de comptabilité.
« Au Tréport, 65 % des bateaux font de la petite pêche. Pour ceux qui font la coquille, le mauvais temps est moins un problème. Mais pour les trémailleurs, qui pêchent la sole ou la morue, c’est plus compliqué. Ils ont dû changer de métier et se mettre à la pêche aux bulots », explique Olivier Becquet, gérant de la CAPA (Coopérative des artisans pêcheurs associés). Pour ce mollusque en effet, des casiers en plastique avec semelles en béton sont utilisés, peu importe le coefficient de marée et jusqu’à des vents de force 5 à 6. Pour les filets en revanche, quand le vent est trop fort, ceux-ci risquent de s’entortiller.
Pour Didier Laurent, président de la CAPA (Coopérative des artisans pêcheurs associés), l’idée de Sébastien Jumel est intéressante : « Le mauvais temps, c’est la seule chose contre laquelle on ne peut pas se battre, c’est donc une bonne idée de mettre cela en place ». Le représentant des pêcheurs reste néanmoins sceptique, car il estime que le Département ou la Région ont tendance à oublier la pêche. « Ils disent toujours qu’ils n’ont pas d’argent ».
En outre, il craint que certains professionnels se découragent, préférant toucher une aide financière que sortir en mer. Une hypothèse peu probable, puisque cette aide pourrait, par exemple, être assortie à des conditions spécifiques (vents forts sans discontinuer pendant plusieurs jours, enchaînement de tempêtes rapprochées dans le temps…).
« Si ça aide les pêcheurs, c’est le principal »
Les pêcheurs s’adaptent au mauvais temps, mais cette transition a ses limites : si beaucoup de bulots sont pêchés, son prix baissera et il sera donc moins rentable. En outre, « c’est la nourriture première des galidés comme la morue » précise Olivier Becquet. Moins de bulots veut donc dire, à terme, moins de poissons.
« J’ai exposé cette idée à Hervé Morin. Ses services m’ont répondu qu’ils allaient regarder si cette enveloppe pouvait entrer dans le dispositif Arme (Anticipation, redressement, mutations économiques, un fonds dédié aux entreprises qui doivent faire face à une difficulté particulière liée à leur secteur d’activité). J’imaginais plutôt un dispositif spécifique pour la pêche, mais peu importe, si ça aide les pêcheurs, c’est le principal, détaille Sébastien Jumel. Pour financer cela, la Région peut prendre sur son budget : il y a de l’argent ».