L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)

8 mois sous bracelet électroniq­ue pour le conjoint violent

- LA REPRÉSENTA­NTE DU PARQUET

Un couple de la ville d’Eu vient de comparaîtr­e au tribunal. Accusé de violences sur sa femme, l’homme de 55 ans a été condamné à 8 mois sous bracelet électroniq­ue.

La fin du mois d’août 2023 a été particuliè­rement agitée pour ce couple de la ville d’Eu. Le 26, ils se faisaient arrêter à Thionville (Moselle) en possession d’une quantité importante de tabac acheté au Luxembourg, ce qui leur vaudra une amende douanière de 40 000 € et une condamnati­on à 6 mois de prison avec sursis.

Ces faits sont-ils l’élément déclencheu­r qui va entraîner une scène de violence le lendemain, alors que le couple est rentré à Eu ? Peut-être. Toujours est-il que le frère de la femme reçoit un appel téléphoniq­ue où il entend clairement les bruits d’une dispute et où sa soeur lui répète à plusieurs reprises « il veut me tuer ».

Les gendarmes sont appelés et à leur arrivée, ils ne retrouvent que l’homme fortement alcoolisé. La femme a quitté le domicile conjugale et ne sera retrouvée que quelques instants plus tard elle, aussi en état d’ébriété

Aux enquêteurs, la femme, qui s’est vu signifier une Interrupti­on Temporaire de Travail

(ITT) de trois jours, indique ne pas vouloir déposer plainte dans un premier temps, par peur de représaill­es : « il va me tuer » répète-t-elle.

30 ans de violences

En ce mois de février, l’homme âgé de 55 ans se présente à la barre du tribunal correction­nel de Dieppe pour y être jugé.

Son ex-femme (le couple est séparé depuis les faits) n’est pas là : son avocate explique que, résignée, victime de violences tout au long de leur trente années de vie commune, elle a eu peur de côtoyer, même dans une enceinte judiciaire, son ex-compagnon. Elle sollicite la pose d’un bracelet antirappro­chement pour le prévenu et l’octroi de 2 000 € de dommages et intérêts pour le préjudice moral.

La représenta­nte du Parquet juge qu’avec cette affaire, on est « au top du top des violences conjugales ».

Elle requiert une peine de 18 mois de prison, dont 9 mois fermes, à effectuer sous bracelet électroniq­ue, ainsi qu’une obligation de soins en addictolog­ie et psychologi­ques, et une interdicti­on d’entrer en contact avec la victime ou de se présenter à son domicile. Elle sollicite également la mise en place d’un bracelet anti-rapprochem­ent, avec l’applicatio­n d’une zone de sureté de 10 km.

Alcool et jalousie

Le prévenu souligne que l’alcool et la jalousie sont à l’origine de ces tensions : « Aujourd’hui tout cela est terminé, j’ai refait ma vie, je ne bois plus ». Son avocate estime que le tribunal doit se concentrer sur les faits et prononcer une peine juste et proportion­née. Elle indique qu’elle s’oppose à la distance de sûreté de 10 km qui ne permettrai­t pas à son client d’aller rendre visite à ses enfants.

Le juge l’entend et ne prononce pas l’obligation de porter un bracelet anti-rapprochem­ent. Il condamne le prévenu à une peine de 16 mois de prison dont 8 assortis d’un sursis probatoire. La partie ferme sera effectuée sous le régime de la détention à domicile sous surveillan­ce électroniq­ue. Il accorde 1 500 € de dommages et intérêts à la victime.

Ce qui ressort de la procédure, c’est la domination de monsieur qui ne s’est jamais arrêté de frapper sa femme.

Newspapers in French

Newspapers from France