L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)
Une semaine de mobilisation pour dire non
Face à la menace d’une fermeture de classe au sein du RPI de Mons-Boubert, les parents d’élèves se sont mobilisés durant plusieurs jours pour crier leur colère et empêcher le pire d’arriver.
C’est une musique que l’on entend beaucoup ces dernières semaines : des classes sont menacées de fermeture dans plusieurs écoles du territoire. C’est le cas au sein du Regroupement Pédagogique Intercommunal (RPI) de MonsBoubert, Boismont, Franleu et Saigneville.
Une décision comme un coup de massue pour l’équipe enseignante, les élus et les parents d’élèves, qui n’en comprennent pas la raison. « Cette année, le RPI regroupe 88 élèves. L’année prochaine, ils seront 93 avec les tout-petits, 87 si on les exclut », expose Aurélie Ayrol, déléguée des parents d’élèves de Mons-Boubert. « Les effectifs sont stables ! On ne comprend pas. »
Ce que tous redoutent, c’est de voir la fin des doubles niveaux en vigueur dans 4 des 5 classes qui composent le RPI, et ainsi une dégradation de la qualité de l’enseignement et de l’accompagnement des enfants. Un changement qui serait en totale opposition avec la dynamique de ce tout jeune RPI, créé en 2019, et qui a connu ces derniers mois de nombreux travaux sur ses structures, entre chauffage, isolation et cadre de vie.
Et au-delà du fond, la forme de cette décision est, elle aussi, motif de crispation. « Nous n’avons même pas été informés de cette menace par l’Académie », dénonce l’équipe enseignante. « Nous l’avons appris via les syndicats pour certains, par voie de presse pour d’autres. Les professeurs sont vraiment les derniers maillons de la chaîne... ».
Le tout pour le tout
Une incompréhension totale, un refus catégorique de voir ces petits villages mourir en même temps que leurs écoles et un manque de communication et d’explications qui ne passe pas : tout cela forme un cocktail explosif qui, alors qu’une décision définitive pourrait être prise par l’Inspection Académique dans les jours qui viennent, a poussé les parents d’élèves à se mobiliser de manière inédite pour jouer leur va-tout. « Notre détermination est totale » clame Aurélie Ayrol. « On ne s’avoue pas du tout vaincus. Que personne ne nous enterre trop vite. »
Cette détermination à toute épreuve, ils l’ont exprimé durant toute une semaine, à travers plusieurs opérations et actes forts, au sein des communes concernées comme au-delà.
➜
Comme de nombreux autres élus, délégués et sympathisants menacés par les fermetures de classe sur le territoire, les parents d’élèves du RPI étaient présents à la manifestation qui a eu lieu devant l’Inspection Académique d’Amiens, alors qu’une réunion autour de la carte scolaire se tenait. Plusieurs délégués ont pu être entendus à cette occasion. « Nous n’avons pas eu la chance d’en faire partie », regrette Anne-Laure Le Pallec, déléguée des parents d’élèves et membre du conseil municipal de Franleu. « J’espère au moins que nous pourrons être reçus avant que la décision définitive ne soit prise. »
➜
Cette journée a été marquée par une opération « école morte », très suivie puisque seuls 28 élèves étaient présents dans l’ensemble des classes. Le soir, un rassemblement organisé devant l’école de Mons-Boubert a réuni élèves, enseignants, parents d’élèves, élus et sympathisants qui, a grand renfort de pancartes et de slogans, ont crié haut et fort leur colère.
C’est un moment festif et joyeux qui était déjà prévu ce jour-là pour les élèves : un carnaval. Mais au vu de la situation, celui-ci a revêtu un aspect plus revendicatif, en devenant un carnaval solidaire. Ainsi, aux déguisements de pirates et de sorcières se sont ajoutés les pancartes et les concerts de casserole, le long d’un défilé dans les rues de la commune. Comme un symbole, Monsieur Carnaval a été rejoint sur son bûcher par une école en carton. « C’est un moment convivial et chaleureux, à l’image de notre RPI », détaille Aurélie Ayrol, « alors c’est tout naturellement que notre combat s’est invité à la fête. »
➜
Convivial, c’était encore le mot d’ordre pour l’action du mardi 20. Parents, enfants et professeurs étaient invités à se réunir dans les locaux de l’école de Mons-Boubert pour partager un repas avant de, pour les plus déterminés, passer la nuit sur place, dans des sacs de couchage. Au coeur de toutes les discussions ce soir-là : la manifestation prévue le lendemain, à Abbeville. Quelques minutes plus tôt, un message des syndicats apprenait à Aurélie Ayrol qu’une délégation de parents d’élèves serait à cette occasion reçue par l’Inspection Académique. Une perspective dont elle espérait bien profiter pour défendre la cause du RPI. « Quoi qu’il arrive, on ne pourra pas dire que nous n’avons pas tout fait pour sauver notre classe », a-t-elle affirmé, plus déterminée que jamais.