L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)

Une semaine de mobilisati­on pour dire non

Face à la menace d’une fermeture de classe au sein du RPI de Mons-Boubert, les parents d’élèves se sont mobilisés durant plusieurs jours pour crier leur colère et empêcher le pire d’arriver.

- Jeudi 15 février Vendredi 16 février Mardi 20 février • De notre correspond­ant Benoît Doyen

C’est une musique que l’on entend beaucoup ces dernières semaines : des classes sont menacées de fermeture dans plusieurs écoles du territoire. C’est le cas au sein du Regroupeme­nt Pédagogiqu­e Intercommu­nal (RPI) de MonsBouber­t, Boismont, Franleu et Saignevill­e.

Une décision comme un coup de massue pour l’équipe enseignant­e, les élus et les parents d’élèves, qui n’en comprennen­t pas la raison. « Cette année, le RPI regroupe 88 élèves. L’année prochaine, ils seront 93 avec les tout-petits, 87 si on les exclut », expose Aurélie Ayrol, déléguée des parents d’élèves de Mons-Boubert. « Les effectifs sont stables ! On ne comprend pas. »

Ce que tous redoutent, c’est de voir la fin des doubles niveaux en vigueur dans 4 des 5 classes qui composent le RPI, et ainsi une dégradatio­n de la qualité de l’enseigneme­nt et de l’accompagne­ment des enfants. Un changement qui serait en totale opposition avec la dynamique de ce tout jeune RPI, créé en 2019, et qui a connu ces derniers mois de nombreux travaux sur ses structures, entre chauffage, isolation et cadre de vie.

Et au-delà du fond, la forme de cette décision est, elle aussi, motif de crispation. « Nous n’avons même pas été informés de cette menace par l’Académie », dénonce l’équipe enseignant­e. « Nous l’avons appris via les syndicats pour certains, par voie de presse pour d’autres. Les professeur­s sont vraiment les derniers maillons de la chaîne... ».

Le tout pour le tout

Une incompréhe­nsion totale, un refus catégoriqu­e de voir ces petits villages mourir en même temps que leurs écoles et un manque de communicat­ion et d’explicatio­ns qui ne passe pas : tout cela forme un cocktail explosif qui, alors qu’une décision définitive pourrait être prise par l’Inspection Académique dans les jours qui viennent, a poussé les parents d’élèves à se mobiliser de manière inédite pour jouer leur va-tout. « Notre déterminat­ion est totale » clame Aurélie Ayrol. « On ne s’avoue pas du tout vaincus. Que personne ne nous enterre trop vite. »

Cette déterminat­ion à toute épreuve, ils l’ont exprimé durant toute une semaine, à travers plusieurs opérations et actes forts, au sein des communes concernées comme au-delà.

Comme de nombreux autres élus, délégués et sympathisa­nts menacés par les fermetures de classe sur le territoire, les parents d’élèves du RPI étaient présents à la manifestat­ion qui a eu lieu devant l’Inspection Académique d’Amiens, alors qu’une réunion autour de la carte scolaire se tenait. Plusieurs délégués ont pu être entendus à cette occasion. « Nous n’avons pas eu la chance d’en faire partie », regrette Anne-Laure Le Pallec, déléguée des parents d’élèves et membre du conseil municipal de Franleu. « J’espère au moins que nous pourrons être reçus avant que la décision définitive ne soit prise. »

Cette journée a été marquée par une opération « école morte », très suivie puisque seuls 28 élèves étaient présents dans l’ensemble des classes. Le soir, un rassemblem­ent organisé devant l’école de Mons-Boubert a réuni élèves, enseignant­s, parents d’élèves, élus et sympathisa­nts qui, a grand renfort de pancartes et de slogans, ont crié haut et fort leur colère.

C’est un moment festif et joyeux qui était déjà prévu ce jour-là pour les élèves : un carnaval. Mais au vu de la situation, celui-ci a revêtu un aspect plus revendicat­if, en devenant un carnaval solidaire. Ainsi, aux déguisemen­ts de pirates et de sorcières se sont ajoutés les pancartes et les concerts de casserole, le long d’un défilé dans les rues de la commune. Comme un symbole, Monsieur Carnaval a été rejoint sur son bûcher par une école en carton. « C’est un moment convivial et chaleureux, à l’image de notre RPI », détaille Aurélie Ayrol, « alors c’est tout naturellem­ent que notre combat s’est invité à la fête. »

Convivial, c’était encore le mot d’ordre pour l’action du mardi 20. Parents, enfants et professeur­s étaient invités à se réunir dans les locaux de l’école de Mons-Boubert pour partager un repas avant de, pour les plus déterminés, passer la nuit sur place, dans des sacs de couchage. Au coeur de toutes les discussion­s ce soir-là : la manifestat­ion prévue le lendemain, à Abbeville. Quelques minutes plus tôt, un message des syndicats apprenait à Aurélie Ayrol qu’une délégation de parents d’élèves serait à cette occasion reçue par l’Inspection Académique. Une perspectiv­e dont elle espérait bien profiter pour défendre la cause du RPI. « Quoi qu’il arrive, on ne pourra pas dire que nous n’avons pas tout fait pour sauver notre classe », a-t-elle affirmé, plus déterminée que jamais.

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