L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)
Le territoire veut bénéficier de la réindustrialisation de la France
Les territoires des Villes Soeurs, de la Vallée de la Bresle et du Vimeu ont été choisis par l’État dans le cadre de son programme de réindustrialisation du pays. L’occasion pour le Préfet de la Somme de détailler l’intérêt du programme Territoires d’indu
La France se lance depuis quelques années dans un vaste programme de réindustrialisation du pays. Vecteur d’emploi et de développement, l’industrie est surtout présente hors des grandes villes, contrairement à beaucoup d’autres facteurs de développement économique. 70 % de l’emploi industriel se situe en dehors des métropoles, dans les territoires périurbains, ruraux et villes moyennes, selon les données de l’État.
Les territoires qui entourent les Villes Soeurs en sont un bel exemple, avec des usines dans le Vimeu et la Vallée de la Bresle qui sont des fleurons de l’industrie française. Il paraissait donc tout naturel que les Communautés de Communes des Villes Soeurs, du Vimeu et d’AumaleBlangy soient retenues par l’État dans son programme Territoires d’industrie.
Une industrie mise à mal
Ce programme a été présenté aux chefs d’entreprises du secteur et aux élus, lors d’une réunion qui a eu lieu lundi 26 février au carré d’affaires des
Villes Soeurs, à Oust-Marest. L’occasion pour le Préfet de la Somme Rollon Mouchel-Blaisot d’en détailler les enjeux : « la réindustrialisation est récente et encore fragile ». Le Préfet estime que la France repart de loin, donnant l’exemple d’un chef d’entreprises influents, qui au début des années 2000 voulait faire de l’industrie sans usine. « Mais c’est comme dire qu’il faut de l’agriculture sans les agriculteurs, ça n’a pas de sens. La désindustrialisation est une singularité française puisqu’il y a 40 ans, l’industrie représentait 22 % du PIB [N.D.L.R. : Produit Intérieur Brut] en France, au même niveau que l’Allemagne. Les Allemands sont restés au même niveau et pour la France, ça représente aujourd’hui 11 % du PIB ».
Un constat qui a frappé tous les esprits au moment de la crise de la Covid, comme le rappelle Rollon Mouchel-Blaisot : « on s’est rendu compte qu’on ne pouvait plus assurer notre modèle économique et social ».
Pour permettre à l’industrie de retrouver ses lettres de noblesses, l’État a identifié quatre priorités à développer :
• La formation, pour développer les compétences et lever les freins au recrutement,
• La transition écologique et énergétique,
• La mobilisation d’un foncier industriel adapté pour permettre aux usines de se développer
• L’innovation, pour garantir la compétitivité de l’industrie française.
Jérôme David, vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Littoral Hauts-de-France en charge du territoire, rappelle de son côté les particularités du secteur, à cheval entre deux régions, à michemin entre les sous-préfectures de Dieppe et d’Abbeville et sur l’axe Penly-Gravelines et ses centrales nucléaires. « Un territoire, on ne sait pas où il commence ni où il termine. Il faut aussi savoir se tourner vers Dieppe et vers Abbeville et cela passe par de meilleures liaisons, pour rendre ces villes plus proches de nous ».
Le logement et le transport, des enjeux importants
Pour que l’industrie s’épanouisse, Préfectures et collectivités locales devront aussi s’atteler à deux enjeux importants : celui du logement et du transport. Le Préfet de la Somme résume la difficulté en ces termes : « comment attirer des personnes vers les métiers de l’industrie, quand il est si difficile de se déplacer et de se loger ? ».
Un constat partagé par tous, chefs d’entreprises comme élus locaux. Pour s’attaquer au problème, il est nécessaire de faire travailler ensemble tous les acteurs. C’est ce que doit aussi permettre le programme Territoires d’industrie : « c’est une démarche originale parce que pour chaque territoire, il y a une gouvernance à trouver. Il n’y a pas de règle, il faut inventer ce qui marche pour que l’ensemble des parties prenantes soient autour de la table ».
Cette phase 2 du programme Territoires d’industrie s’étend sur la période 2024 à 2027 et offre un soutien en matière d’ingénierie et d’animation, pour développer les projets, ainsi que des subventions pour la transition écologique.