L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)
« Les groupes de niveau ne seront bénéfiques pour personne »
L’association des parents d’élèves de Feuquières-en-Vimeu a organisé une journée « Collège mort » vendredi 23 février. L’action a été soutenue par les enseignants. 27 élèves étaient présents sur plus de 450.
Des banderoles devant les établissements scolaires et des cours qui sautent. C’est le paysage de l’éducation depuis bientôt un mois.
C’était au tour du collège Gaston-Vasseur de Feuquièresen-Vimeu de crier sa colère vendredi 23 février. En cause, le projet de réforme de l’Éducation nationale communément appelée « Le Choc des savoirs », qui prévoit notamment la répartition des élèves, dès la classe de sixième, en groupe de niveaux, pour les cours de français et de mathématiques. L’idée est simple : trier les élèves. Les bons avec les bons, les moyens avec les moyens, et les élèves en difficultés dans un même groupe.
Un projet qui fait grincer des dents chez les parents d’élèves. Leur association a organisé une journée « Collège mort » vendredi 23 février. Sur plus de 450 élèves scolarisés à GastonVasseur, seulement 27 étaient présents. L’action a également été suivie par les enseignants, et quelques-uns ont rejoint une poignée de parents d’élèves devant l’établissement, arborant pancartes et banderoles.
Comme beaucoup de personnes, enseignants et parents d’élèves estiment que « ces groupes ne feront qu’augmenter la différence entre les élèves ».
Plus profondément, « ce sont les valeurs de l’école et de la République qui seront bafouées », accuse Kathy François, représentante des parents d’élèves au conseil d’Administration (CA). « Les enfants ne seront plus égaux. »
À une époque où la question du harcèlement scolaire est mise sous les projecteurs, « ces groupes ne vont pas aider à l’entraide », estime une enseignante.
Au-delà de ce simple classement par niveau qui est « très discutable », c’est l’organisation du collège qui va être mise à mal. Un professeur explique : « Lorsqu’il était encore notre ministre, Gabriel Attal nous avait envoyé un mail indiquant que les moyens humains allaient être renforcés... Ici, l’année prochaine, on perd 1 h 30 en heurespostes. Il nous en faudrait quinze de plus ! »
Ce manque de moyens provoquera, selon les enseignants, « des découpes dans les options, comme le latin, le sport, l’allemand ». Si ces matières disparaissent ou sont moins bien enseignées, « les parents inscriront leurs enfants dans des établissements privés », déplore Sophie Laurent, également représentante des parents d’élèves au CA. « On est en train de tuer l’école publique. »
Avec cette action, l’équipe pédagogique espère faire reculer le gouvernement sur ce texte, qui n’a pas encore été validé. « On n’a pas de texte de loi, et on nous demande déjà de nous organiser pour la rentrée prochaine », ironise une enseignante.
Une mesure inutile, voire contreproductive.