L'Equipe

Lyon, la course en tête

Premier après une remontée méthodique, l’OL doit assumer un costume de leader auquel il n’est plus habitué. Mais Lens est un promu coriace et, derrière, Lille et Paris guettent.

- HUGO GUILLEMET (avec H. P.)

Lundi, lorsque les questions de la presse l’ont emmené sur la thématique des positions de «chasseur» – ce que l’OL était avant la trêve – et de «chassé» – ce qu’il est devenu grâce à sa position de leader –, Rudi Garcia a souri un grand coup avant de dérouler ses connaissan­ces en exercices de prononciat­ion ( «un chasseur sachant chasser…» ) et en sketches

cultes ( «il y a le bon chasseur, et le mauvais chasseur…» ). C’était pour rire, bien sûr, car la position de son équipe au classement lui donne la confiance pour plaisanter.

Premier de L1 depuis son succès contre Nantes avant Noël (3-0), l’Olympique Lyonnais revient de loin. Plus précisémen­t de la 14e place, qu’il occupait après la 6e journée, début octobre, à la fin d’un interminab­le mercato. En trois mois, les Rhodaniens ont passé leurs semaines à compter le nombre de marches qui les séparaient du sommet, puis à les faire rétrécir les jours de match venus, à la faveur d’une série vertigineu­se de 9 victoires en 11 rencontres (2 nuls). Et les y voilà, enfin, avec Paris dans le rétro (1 point derrière) et Lille dans l’angle mort, tout près (devancé à la différence de buts, +20 contre +19).

« Je ne sais pas ce que ça change, c'est la première fois que nous sommes chassés, dit Garcia. Franchemen­t, je préfère être chassé car ça veut dire qu'on est devant tout le monde. Ce que ça peut changer psychologi­quement, c’est que ça va donner encore plus envie de garder cette place non seulement en gagnant mais en faisant de meilleurs résultats que Lille. Mais gagner, d'abord, ce sera difficile.»

Ce soir, déjà : les Lensois, qui ont fait tomber le PSG en début de saison (1-0) et qui ont battu Rennes (2-0) et Monaco (3-0) à l'extérieur le mois dernier, semblent savoir s’y prendre face aux gros. Et comme l’OL en est un, aucun Lyonnais ne s’attend à une partie de plaisir dans le froid polaire du Groupama Stadium, face à un promu redoutable sur les ailes et porté par l’inarrêtabl­e Gaël Kakuta. « Être premier ne change pas grand-chose, assure le milieu MaxenceCaq­ueret. L'objectif reste de gagner tous nos matches et on ne se met pas une pression particuliè­re par rapport au classement.» En fait si, mais «ils ne le diront jamais, souffle Sonny Anderson, consultant beIN Sports dans l’émission le Club du dimanche. Ils sont obligés de penser au titre, c’est juste dur à assumer.»

L’ancien attaquant vedette du club sait de quoi il parle : son arrivée, en 1999, avait donné de l’ambition à l’OL et il portait le brassard lors des deux premiers titres de champion de France, en 2002 et 2003. «Ils sont dans la situation la plus confortabl­e car aujourd’hui, ils ne dépendent plus des résultats des autres, poursuit le Brésilien. C’est une pression positive. S’ils arrivent à conserver leur dynamique, ils la ressentiro­nt comme cela.»

Elle sera difficile à entretenir, quand même, puisque la minitrêve est passée par là. Garcia n’aurait sans doute pas craché sur un Boxing Day à la française, histoire de continuer à marcher sur la Ligue 1, et parce que certains de ses joueurs ont trouvé le Covid sous le sapin. Sans Bruno Guimaraes ni Karl Toko Ekambi (voir par ailleurs), positifs au Covid-19, dans une semaine à deux matches compliqués (l’OL ira à Rennes samedi), les solutions de l’entraîneur se réduisent et il va devoir toucher à une équipe qu’il ne voulait surtout pas changer. Mais elle est devant toutes les autres, au moins. « J’ai connu les deux et je préférais être tout en haut, jure Anderson. Quand on était en chasse, on n’arrêtait pas de regarder les résultats après nos matches. Faire la course en tête est beaucoup plus simple au quotidien.» Parole de champion.

“Ils sont dans la situation la plus confortabl­e

SONNY ANDERSON, CONSULTANT BEIN SPORTS ET EX-ATTAQUANT DE L'OL

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