UNBAPTÊME DANS LE CHAUDRON
MAURICIO POCHETTINO débute à Saint-Étienne sa carrière d’entraîneur du PSG. L’Argentin, qui veut gagner « avec la manière », a décidé, pour cette première, de confier les clés du jeu à Marco Verratti.
Il y aura des jours meilleurs, il l’a promis, des confidences plus fournies «en anecdotes» , plus riches en commentaires sur « les rumeurs» , plus explicites sur «les organisations de jeu » , un peu plus concrètes en somme. Mais hier, Mauricio Pochettino n’était pas là pour ça. Il était là pour déclarer tout ce que son successeur n’avait su dire ou alors qu’il avait mal formulé, combien «cet effectif est extraordinaire» , qu’un «rêve devenait réalité» , que «le Père Noël avait été généreux » avec lui et qu’il « était particulièrement content du secteur médical» , bref, l’exact opposé de ce qu’avait pu penser, ressentir ou clamer Thomas Tuchel depuis un peu plus d’un an. Une nouvelle ère s’est officiellement ouverte au Paris-Saint-Germain et, s’il faudra sans doute s’attendre à des conférences de presse de veille de match moins sanguines avec l’Argentin, le PSG l’a moins choisi pour ses talents d’orateur médiatique que pour ses qualités de manager et de tacticien.
Une gestion des stars différée
Pochettino sait qu’il sera surtout guetté sur le terrain du jeu et sa capacité à offrir une véritable identité à une équipe qui en a trop souvent manqué depuis deux ans et demi. Hier, il n’a cependant livré que des principes généraux, avec prudence, en refusant de préciser ses préférences d’organisation: «Nous aurons de la flexibilité pour notre animation défensive et offensive. Le système va dépendre des caractéristiques de nos joueurs. Et aussi de nos joueurs disponibles. Nous ne voulons pas seulement gagner mais aussi gagner avec la manière.»
Ce soir, à Saint-Étienne, il semble que le nouvel entraîneur du PSG reviendra à un schéma à quatre défenseurs, alors que le club de la capitale jouait à trois derrière depuis six matches et que Pochettino a souvent fait évoluer Tottenham dans cette configuration (25 % des matches avec les Spurs). Mais les circonstances lui dictent une autre idée, qu’il a travaillée ces deux derniers jours avec insistance.
Il aurait sans doute préféré commencer son mandat avec Neymar, Kimpembe, Florenzi, Bernat, Icardi, Danilo Pereira, Rafinha et Paredes, ce qui lui aurait ouvert considérablement le champ des possibles. En attendant, il doit l’attaquer avec Dagba, Kehrer, Bakker, Herrera et Kean, ce qui contenterait pas mal d’équipes françaises mais pourrait freiner les débuts de l’aventure. Cela diffère d’autant la gestion des stars, le moment où il s’agira de désigner le banc à certaines plutôt qu’à d’autres, un autre domaine où sera surveillé le nouveau management. « Je sais ce que représente Paris, dit-il. C’est un défi énorme d’être ici. Je sais le potentiel de cette équipe. Le PSG a un effectif de joueurs incroyables mais ce n’est pas nouveau, ni pour moi, ni pour vous.» Parmi ceux-là figure notamment Marco Verratti à qui Pochettino entend attribuer un peu plus de responsabilités dans le jeu, dès ce soir, à Geoffroy-Guichard.
Débuter son mandat dans ce s t a d e , e n p le i n coeur de l’hiver, face à un entraîneur, Claude Puel, qu’il « admire » et qu’il « connaî(t) bien » , pour avoir croisé sa route en Premier League, n’est peut-être pas l’idéal mais il y a sans doute pire adversaire, en ce moment, que les Verts. Le nouveau coach du PSG a bien fait, hier, de rappeler que la Ligue des champions était « la plus importante » , bien sûr, mais qu’il s’agirait aussi d’être performant dans les compétitions domestiques. Parce que, pour l’heure, ce n’est pas vraiment le cas pour Paris. Profiter du mois de janvier pour régner de nouveau sur la Ligue 1 apparaît comme un préalable à un retour de la sérénité. Ce sera également le mois du mercato et l’occasion de mesurer à quel point le poids de l’Argentin est supérieur à celui que pouvait avoir Thomas Tuchel dans les affaires de recrutement. Hier, Pochettino avait adopté les mêmes éléments de langage que ceux de Leonardo, avec qui il assure «avoir un contact direct» : «On essaie de voir avec l’effectif qu’on a et en fonction de l’évolution des blessés. La situation sanitaire est difficile. Quand nous aurons toutes les données en main, on p r e n d r a l a meilleure décision.» Unemêmevoix pour un même club: au moins, une première étape a été franchie.
“C’est un défi énorme d’être ici. Je sais ,, le potentiel de cette équipe
MAURICIO POCHETTINO, EN CONFÉRENCE DE PRESSE