Les Bleus sans idées
Trop brouillonne et maladroite, l’équipe de France de Guillaume Gille a logiquement chuté en Serbie. Le chantier de sa reconstruction est encore palpable.
À une semaine du début du Mondial égyptien (13-31 janvier), l’équipe de France s’est inclinée hier, à Zrenjanin, à l’occasion du premier match du nouveau sélectionneur Guillaume Gille. Face à une formation qu’elle a maintes fois dominée dans le passé, qui ne sera pas de la partie au Caire, les Bleus ne se sont pas franchement rassurés, suscitant déjà un certain nombre d’interrogations.
Faut-il s’inquiéter ? Oui et non
À la tête des Bleus, Claude Onesta avait dû attendre 12 matches pour connaître le goût amer de la défaite, Didier Dinart, son successeur, 14. Si les joueurs comme les contextes n’ont rien de comparable, le scénario d’un revers comme entrée en matière n’est sans doute pas propice à un regain de confiance chez les Bleus. L’engagement réclamé par Gille a fait pschitt hier devant la solidité de la formation serbe et son gardien, Dejan Milosavljev (10 arrêts).
Ce premier accroc du tandem Guillaume Gille-Érick Mathé n’est pas un gage de confiance pour les Bleus à l’ombre des Pyramides de Gizeh, où ils entameront le 14 janvier leur campagne mondiale face à la Norvège. Sans être forcément un indicateur pour la suite. Il y a tout juste un an, la bande de Didier Dinart avait étrillé cette même formation serbe dans l’ambiance festive des Arènes de Metz (40-26). Cela ne l’avait pas préservée d’une glissade magistrale, une semaine plus tard dans l’hiver glacial de Trondheim (élimination au tour préliminaire de l’Euro). À l’inverse, cette équipe de France, avide de revanche et d’un match référence, peut donc trouver des ressorts nécessaires pour retrouver son rang dès samedi à Créteil contre les mêmes Serbes.
Au coup d’envoi, le sélectionneur a délivré un message clair à son groupe, en alignant d’emblée ses joueurs les plus capés. Un pari dans un premier temps réussi puisque les Bleus ont réalisé une entame sérieuse, avant de balbutier leur jeu. Gille a également innové en alignant sur plusieurs séquences Kentin Mahé et Nicolas Claire ensemble. Sans effets notoires.
Au retour des vestiaires, alors que la France était menée de trois unités (14-11), il a changé une bonne partie de ses plans, avec la très bonne rentrée de Wesley Pardin (sept arrêts) et dix premières minutes très convaincantes de Nedim Remili ( voir ci-dessus). L’utilisation du jeu à 7, pour tenter de revenir au score, n’a pas non plus connu la réussite escomptée.
On avait quitté les Bleus en plein doute après l’immense couac de l’Euro 2020. Difficile de deviner l’once d’un changement sur leur prestation d’hier, gâchée une nouvelle fois par d’innombrables pertes de balle (12 selon le site de l’EHF), un manque de limpidité dans leurs enchaînements et d’ autorité en défense .« C’est très énervant, c’est ce qui peut arriver dans une confrontation internationale de haut niveau où on ne trouve pas notre rythme et notre jeu, a déclaré Guillaume Gille. Mais ça a été, aussi, l’occasion parfaite pour mettre en lumière les choses à travailler. »
Seuls Luc Abalo, très en jambes (4/4), Melvyn Richardson (3/3) et Pardin ont livré quelques messages d’espoir. On a évoqué à plusieurs reprises les circonstances compliquées qui accompagnent depuis un an la reconstruction de cette équipe – l’absence de matches durant un an, la blessure de son leader (Nikola Karabatic). Mais ces arguments s’appliquent aussi bien à l’équipe de Serbie qui évoluait également sans son meilleur élément (Petar Nenadic) et où le nouveau sélectionneur Toni Gerona a convoqué neuf nouveaux joueurs par rapport au dernier Euro.
En l’absence de son maître à jouer, aucun leader de jeu ne semble pour le moment émerger en équipe de France. Aligné d’entrée au poste de demi-centre, Kentin Mahé s’est plus illustré par une copie parfaite aux jets de 7 m (6/6) que par ses inspirations dans le jeu. Dika Mem a été très loin du niveau qu’il affiche à Barcelone. Après la pause, Nedim Remili a semblé pouvoir prendre les choses en mains, avant de connaître à son tour trop d’échecs et de ballons perdus.
Quels changements Gille a-t-il opérés ? Mahé et Claire associés Le jeu des Bleus a-t-il progressé ? Non