La menace d’un « Frexit » se dissipe
Les clubs français, en partie rassurés par le nouveau protocole promis par l’EPCR, devraient poursuivre la campagne européenne. Mais ils montent au créneau pour que Toulon et le Stade Français puissent rejouer leurs matches perdus sur tapis vert.
Les présidents des clubs de Top 14 étaient réunis hier soir, de 19 à 21 heures, par visioconférence, pour arrêter une position commune dans le débat qui les oppose à l’EPCR (European professional club rugby), l’organisateur des compétitions européennes, à propos du protocole sanitaire appliqué pour limiter les contaminations au coronavirus.
Une première avancée avait eu lieu lundi, quand les responsables médicaux des différents Championnats européens (Top 14, Premiership et Pro 14) avaient convenu, en présence d’un médecin indépendant suisse, que le protocole devait être renforcé pour ressembler à celui appliqué en France où les membres des équipes sont testés trois jours avant les matches, au lieu de six dans les deux Coupes d’Europe.
Malgré une confirmation orale de l’EPCR au cours de la réunion, les dirigeants français attendaient encore un document officiel pour attester que les représentants du Championnat anglais (Premiership) allaient bien se plier, notamment, à la réalisation d’un test PCR trois jours avant le match du dimanche. Un doute dû à des problèmes logistiques, les Anglais étant engagés avec un prestataire qui effectue les tests dans tous les clubs le même jour (avant de les envoyer, en hélicoptère, dans un laboratoire en Irlande du Nord), ce qui pose un problème pour échelonner les prélèvements.
L’EPCR s’est également engagée à informer directement les clubs concernés dès qu’un cas positif est identifié et que les clubs soient impliqués dans le processusdedécisionàJ–2ouJ –1pour toute situation à risque, en présence d’un expert indépendant.
Les clubs français réclament que Toulon et le Stade Français puissent rejouer
Pour les clubs du Top 14, la confirmation écrite de ces décisions est le seul moyen de réunir les conditions nécessaires afin de continuer à participer aux compétitions européennes et ce protocole définitif sera soumis aux autorités françaises lors d’une réunion avec le ministère de la Santé, d’ici demain soir.
Par ailleurs, et c’est une information qui montre bien la colère
des clubs français face à la gestion des cas de Covid-19 par l’EPCR jusque-là, une action collective de solidarité va être lancée par les quatorze présidents pour que Toulon et le Stade Français puissent rejouer leurs rencontres perdues sur tapis vert. Une nouvelle réunion à ce sujet doit avoir lieu vendredi.
« Il y a eu une proposition de la part d’un autre président il y a quelques jours, qu’il a réitérée ce soir (hier). Si cette demande venait à faire l’unanimité et que la Ligue nationale formulait une requête officielle, le RC Toulon l’accepterait bien volontiers », déclare le président du RCT, Bernard Lemaitre.
Pour rappel, en Coupe d’Europe, Toulon avait refusé de disputer son match au pays de Galles, face aux Llanelli Scarlets, le 16 décembre dernier, faute de garantie sur le respect du protocole sanitaire, alors qu’en Challenge européen, le Stade Français avait renoncé à sa rencontre chez les Cardiff Blues, le 20 décembre, après avoir prévenu l’EPCR « de ses fortes préoccupations concernant la propagation du Covid-19 dans son effectif. » Les deux équipes avaient perdu 28-0 sur tapis vert. Cela avait déclenché la fureur du RCT qui avait eu maille à partir, par communiqués interposés, avec l’instance européenne.
Celle-ci s’était retrouvée un peu plus fragilisée encore lorsque l’effectif de l’Aviron Bayonnais avait été en partie touché par le variant britannique du Covid-19 lors de la réception du club anglais de Leicester, le 19 décembre, en Challenge européen. Une contamination qui avait achevé de convaincre les clubs français du manque de cohérence et d’éfficacité du protocole sanitaire mis en place par l’EPCR.Certains clubs, dont Bayonne, s’étaient ainsi ouvertement interrogés sur la suite à donner à leur campagne européenne.Depuis hier soir, la menace d’un «Frexit» semble s’être éloignée.