L'Equipe

La renaissanc­e de Soultrait

Désormais au guidon d’une Husqvarna client, le motard français s’est hissé hier à la 3e place au général derrière Howes (KTM) et Benavides (Honda).

- PASCAL SIDOINE

WADI AD-DAWASIR (ARS) – Des étincelles plein les yeux. Xavier de Soultrait (32 ans) ne cherchait pas à cacher son bonheur au terme de la troisième étape du Dakar. «C’ est le kif fabsolu,l ançait-il. C’est hallucinan­t ce que c’était beau. Il y avait des vallées, des canyons, des grandes dunes qui ressemblai­ent à des montagnes. Je me suis régalé, j’avais l’impression que je sautais les dunes! » Constant depuis le départ de Djeddah dimanche, le pilote Husqvarna a vu sa régularité récompensé­e.

Sixième de la boucle de Wadi AdDawasir remportée hier par Toby Price (KTM), qui avait perdu plus de trente minutes la veille, de Soultrait s’est hissé à la 3e place au général, à 1’28’’ du nouveau leader, l’Américain Skyler Howes (KTM). Le Français a profité des minutes lâchées dans les sables du désert saoudien par Joan Barreda (Honda) et Ricky Brabec (Honda) qui, au départ de l’étape, occupaient les deux premières places du rallye. « Je n’ai jamais occupé une telle place au classement (ponctuelle­ment 4e en 2017), ajoutait-il. Je suis trop content, même si ce n’est que le début de la course. »

Pour l’ancien pilote Yamaha, remercié par le constructe­ur japonais qui n’a pas reconduit son contrat après le dernier Dakar, c’est la marque d’un sacré rebond, à confirmer. Il y a encore quelques mois, le natif de Moulins, dans l’Allier, ne savait pas trop à quoi ressembler­ait son avenir. « Au début, j’étais un peu en colère, c’était dur à avaler car je ne m’attendais pas à devoir quitter Yamaha, raconte-t-il. Mais finalement, je me dis que c’était bien pour moi. Je n’aurais pas eu le cou

Sur ce Dakar, Xavier de Soultrait a retrouvé le sourire au sein de l’équipe HT Rally. « Je suis avec des gens qui me veulent », se réjouit le Français qui ajoute être « mieux dans ses pompes».

rage de partir, or ça ne me convenait plus. Là, je fais presque tout, je suis maître de mon destin. »

Son salut, de Soultrait l’a trouvé chez Husqvarna, filiale de KTM. Enfin, pas tout à fait, plus précisémen­t au sein de HT Rally, structure privée néerlandai­se. « J’étais au pied du mur et vu la situation mondiale avec le coronaviru­s, ça n’a pas été simple, poursuit-il. Des gens m’ont soutenu, comme Dafy Moto, et un jour, j’ai appelé PierreAlex­andre Renet, le manager du team officiel Husqvarna. Ils ne m’ont pas pris mais m’ont proposé de me soutenir chez HT Rally. J’ai acheté ma moto, mais Husqvarna me fournit des pièces. » Jusqu’alors dans l’ombre d’Adrien van Beveren chez Yamaha (9e à 9’9’’), il se dit aujourd’hui « mieux dans ses pompes. Je suis le plus rapide de l’équipe et je suis avec des gens qui me veulent, c’est agréable. J’ai douté de mes capacités et ça me conforte. C’est que du bonus et ça va peut-être m’ouvrir des portes car la situation n’est pas forcément viable. J’ai une femme et une f i l le , i l faut que je gagne ma vie. Avant, j’étais payé. Cette année, c’est moi qui paye pour courir!»

De Soultrait ne tarit pas d’éloges sur sa nouvelle moto. « C’est quasiment la même que celle du team officiel. Elle est globalemen­t plus stable et plus efficace que la Yamaha, et plus vive dans les dunes. » Un an après son abandon sur blessure (nerf médian du poignet droit coupé à 80 %) dans le Dakar 2020, le Français espère faire mieux que 7e (2019), sa meilleure performanc­e sur l’épreuve en sept participat­ions (une victoire d’étape). « Je vais me donner au max, assure-t-il. Et prendre du plaisir ! »

“Avant, j’étais payé. Cette année, c’est moi

,, qui paye pour courir !

XAVIER DE SOULTRAIT

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France