Blitzer veut boucler l’affaire, mais...
Roland Romeyer et Bernard Caïazzo, co-actionnaires majoritaires de l’AS Saint-Étienne, ont jusqu’à demain pour répondre à l’offre de rachat ferme du milliardaire américain. Problème : le premier n’a pas l’air convaincu.
La vente bat son plein depuis dimanche. On parle ici de la mise aux enchères sur le site Internet de la boutique de l’AS SaintÉtienne de plus de 150 objets afin de financer l’achat de nouvelles pièces de collection pour le Musée des Verts. Mais la vente du clubpourraitégalementseterminer demain. Il s’agit de la date limiteconvenueentreBernardCaïazzo et Roland Romeyer, coactionnaires majoritaires de l’ASSE, et David Blitzer (52 ans), dernier candidat connu à la reprise des Verts, pour boucler l’affaire. Le second attend des premiers qu’ils répondent à son offre engageante.
Depuis que le quotidien britannique The Independent a révélé le 18mai qu’il s’intéressait à l’ASSE, le milliardaire américain en a transmis deux. La première s’articulait en deux volets: une enveloppe globale de 100 M€, dont 38M€pourlerachatdespartssociales du club en Ligue 1. Ou 80 M€, dont 19 M€ en échange des titres, en cas de descente en Ligue 2.
Les Verts ayant perdu leur barrage face à Auxerre (1-1, 1-1, 4-5 aux t.a.b. les 26 et 29mai), on se retrouve donc dans ce dernier cas de figure. Mais le prix sera baissier. Parce que Blitzer a épluché les comptes, depuis. À la différence de Matthew Hulsizer (PEAK6 Investments L.P.), qui était lui aussi entré en négociations exclusives en 2018, puis du milliardaire russe Sergueï Lomakin (visite le 28novembre), Blitzer ne s’est pas déplacé à SaintÉtienne, le 15 juin. Ce qui aurait d’ailleurs déplu à Romeyer. Mais il a envoyé quatre de ses représentants sur place: trois hommes – un Allemand, un Américain, un Français – et une femme spécialisée dans la finance. Le séjour des quatre missi dominici de Blitzer ne s’est pas résumé à une visite d’agrément. En plus de l’Étrat, du Chaudron et du Musée des Verts, ils sont partis à la découverte de la ville, où ils ont dormi, après que Romeyer les a déposés dans un restaurant du centre-ville.
Blitzer aurait diminué son offre après les incidents au Chaudron
L’un d’eux se nomme Antoine Gobin (33ans). Après avoir été mandaté par le fonds d’investissement new-yorkais GAPC pour effectuer un audit de Bordeaux après son rachat en 2018, ce Français élevé aux États-Unis a rejoint la galaxie Blitzer pour devenir le plus jeune président d’un club de D1 européenne, en octobre2020. Gobin maîtrise donc les coulisses d’un club. En cas de reprise par Blitzer, il troquerait son poste d’actuel président exécutif de Beveren (BEL) pour celui de l’ASSE. Autre problème : la seconde offre a été déposée la semaine dernière. Date à laquelle la commission de discipline de la LFP a infligé six points de retrait à l’ASSE, dont trois avec sursis (plus six matches à huis clos, dont deux avec sursis) à la suite des incidentssurvenusaustadeGeoffroy- Guichard. Gobin se trouvait en tribune présidentielle, quand celleci a été visée par des tirs de mortier le soir du barrage retour. Ces nouveaux éléments auraient conduit Blitzer à ramener son offre à 40 M€, dont 19 M€ pour les parts sociales.
Romeyer anticipe un nouvel échec
Si Caïazzo et Romeyer l’acceptent, Blitzer deviendra le nouveau propriétaire de l’ASSE, demain. Mais ils peuvent tout aussi bien ne pas lui répondre – ce qui leur donnerait le droit de négocier avec un hypothétique autre repreneur – ou lui adresser une contre-proposition et allonger la période de négociations exclusives jusqu’au 7juillet. Au moins.
Que vont-ils décider? En 2018, Romeyer avait d’entrée éconduit GACP, qui avait ensuite jeté son dévolu sur Bordeaux. L’échec des Américains aux Girondins lui a donné raison. De plus, lors de ses échanges avec l’Américain prénommé Scott, chef de la délégation de Blitzer, Romeyer, aidé d’une traductrice, aurait tiqué sur les véritables intentions de Blitzer. Voir l’ASSE intégrer son système de clubs satellites mis en place en Europe ne lui plairait guère (*). Surtout, quand il constate qu’il négocie aussi en parallèle le rachat de Brondby (DAN). S’il ne s’appuie pas sur un fonds de pension, Blitzer se servirait davantage de sa société, la Bolt Football Holding, comme d’une plateforme de placements. Et chercherait un rapide retour sur investissement. Ce que lui offrirait une remontée en L1.
De son côté, Caïazzo, désormais exilé à Dubaï (EAU), est lui cette fois décidé à vendre un club dans lequel il n’a plus mis les pieds depuis plus de deux ans. Mais également pas à n’importe quel prix. Anticipant un énième échec dans un processus de vente réenclenché depuis le 14 avril 2021, Romeyer songe à déménager et à renforcer sa protection rapprochée. Il aurait demandé à Éric Blondel de s’en occuper. Le triple champion du monde de kick-boxing des poids mi-lourds (de 1995 à 1997) et ancien team manager des Verts (2016-2018) aurait décliné. On n’est jamais trop prudent, quand il s’agit de la vente des Verts.
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(*) Blitzer est déjà copropriétaire de Crystal Palace (ANG), AD Alcorcon (D2 ESP), Beveren (D2 BEL), Augsbourg (ALL) et ADO Den Haag (D2, HOL).