Quinte de toux
Les retraits de Marin Cilic avant-hier et Matteo Berrettini hier, tous deux positifs au Covid, ont alimenté les conversations et replacé le virus au centre du jeu à Wimbledon, où aucun protocole de tests n’a été mis en place.
LONDRES – On le pensait chassé des débats, exclu des discussions autour d’un rectangle de terre ou un bout de gazon. Mais le Covid-19 a fait son retour entre les lignes. Avec sa gueule ronde malsaine et ses antennes hérissées comme des angoisses, le virus malin a secoué Wimbledon. En deux jours, le Majeur londonien a perdu deux figures du All England Club : le Croate Marin Cilic, finaliste en 2017, et l’Italien Matteo Berrettini, finaliste de la dernière édition. Testés tous deux positifs au Covid, ils ont quitté la partie basse du tableau, laissant au passage à Rafael Nadal un parcours délesté de deux grosses embûches. Trois même avec la sortie de route quelques heures plus tard de Félix Auger-Aliassime, battu par Maxime Cressy.
Ces deux retraits, de plein gré et non forcés, ont fait jaser. Ils sont même venus cogner les deux icônes, Novak Djokovic et Rafael Nadal. En effet, délice de cette drôle d’affaire, les deux conteurs d’Histoire présents à Wimbledon se sont entraînés avec les deux positifs (Djokovic avec Cilic et Nadal avec Berrettini), jeudi dernier! Et il n’en fallait pas plus pour que la rumeur gronde et se répande dans les travées, que la presse serbe s’agite, sous la menace d’un retrait du n° 3 mondial, en tant que cas contact de son « frère » croate.
Mais l’air du temps n’est plus à l’escalade de la punition. « Difficile d’être considéré comme un cas contact quand tu t’entraînes dehors » , justifiait Nadal. En tennis comme ailleurs. Alors que le Tour de France a annoncé autoriser cette année un coureur positif mais asymptomatique à rester dans la course, Wimbledon a levé tous protocoles et restrictions.
À l’instar d’un gouvernement britannique qui a très vite prôné l’allégement des contraintes sanitaires, le Majeur anglais a fait appel au bon sens civique et à la responsabilité de chacun, n’exigeant de la part des joueurs ou joueuses aucun test pour participer au tournoi. C’était déjà le cas à Roland-Garros. Ça l’était aussi, peu ou prou, à l’Open d’Australie, une fois le test PCR négatif validé lors de l’entrée sur le territoire. À l’époque pourtant, des autotests étaient réclamés. Vaste farce à l’arrivée, comme l’avait tweeté, de manière caustique, Gilles Simon à l’époque. « En tout cas, l’Open d’Australie a trouvé la parade pour ne pas avoir une avalanche de cas positifs dans le tableau final. Ils ne font plus de tests. Simple. Efficace» , avait ainsi écrit le Français.
Ce retour à une certaine normalité, ce vertige de la liberté étaient hier scandés par la majorité de la caravane. Après un an et demi sous sas, quarantaine et confinement, le tennis, lui aussi, a besoin d’air et de respiration. «On a payé le prix, on a été pendant un an et demi en bulle, on s’est fait tous vacciner, c’est bon. Ça fait partie de notre vie le Covid, c’est comme ça. Si on repart dans des trucs, moi, je n’y vais pas! lâchait Alizé Cornet, laissant entendre qu’à Roland-Garros, tout ne fut pas dit non plus. Je pense qu’il y a eu quelques cas et que c’est un accord tacite entre nous. On ne va pas s’autotester pour se mettre dans la merde » , indiquait-elle. Richard Gasquet allait aussi en ce sens. « Je ne pense pas que ça ait traumatisé qui que ce soit à Roland-Garros de savoir qu’il y avait des joueuses qui avaient le Covid. Je trouve très bien qu’il n’y ait pas de test à Wimbledon.»
Alors qu’aucune mesure d’exclusion ne figure dans le code de conduite du tournoi, même en cas de test antigénique positif, Wimbledon a confirmé hier soir qu’il continuerait à suivre les directives
“On ne va pas s’autotester pour se mettre dans la merde
'' ALIZÉ CORNET
gouvernementales et ne viendrait donc pas renforcer les protocoles pour la suite du tournoi. Visiblement atteint par des symptômes modérés, Berrettini a pourtant préféré s’écarter de lui-même «pour protéger la santé et la sécurité de mes concurrents et des autres personnes impliquées dans le tournoi» , justifiait-il.
“Si on se met à paniquer quand on a trois gouttes qui sortent du nez, c’est compliqué BE'NJAMIN BONZI
Aurait-il pu jouer tout de même? Tous auraient-ils eu le même comportement? C’est une question de conscience personnelle, de responsabilité et de placement du curseur sur l’échelle sanitaire collective. «La seule chose que je sais, c’est que si vous vous sentez mal, c’est à vous de voir si vous voulez vous faire contrôler ou non» , notait prudemment Nadal. «Je n’irai faire un test que si je juge que j’ai besoin d’en faire un. Si on se met à paniquer quand on a trois gouttes qui sortent du nez, c’est compliqué» ,poursuivait BenjaminB onzi. Dans un tournoi déjà fou, le Covid est reparu. Wimbledon a toussé, mais le jeu se poursuit. Normalement.
SWIATEK POURSUIT SA FOLLE SÉRIE
Elle a beau ne pas avoir joué de tournoi de préparation sur gazon, une surface qui est loin d’être sa préférée, la Polonaise, breakée dans le deuxième set, a réussi ses débuts et étiré sa série de victoires à 36, record du XXIe siècle. Un succès 6-0, 6-3 contre la qualifiée croate Jana Fett (252e). Une lucky-loser va tenter de la priver d’un 37e succès d’affilée : la Néerlandaise Lesley Pattinama Kerkhove (138e). À noter les qualifications pour le deuxième tour de Paula Badosa (4e), Maria Sakkari (5e), Coco Gauff (12e), Barbora Krejcikova (14e), Simona Halep (18e), Petra Kvitova (26e) et Bianca Andreescu (56e).
GASQUET FAIT DURER LE PLAISIR
À 36 ans, Richard Gasquet (69e) franchit pour la troisième fois de la saison le premier tour en Grand Chelem. Le Biterrois a mené deux sets à zéro contre le Portugais Joao Sousa (60e) avant de se faire rejoindre. Il l’a finalement emporté en cinq manches (7-6, 6-2, 4-6, 4-6, 6-3). Alors qu’il aurait pu défier au deuxième tour Marin Cilic, positif au Covid et forfait, il aura pour prochain adversaire l’Américain Mackenzie McDonald (55e). « Je suis content de jouer un autre joueur que Cilic », a-t-il avoué, soulagé. Le numéro 2 français Benjamin Bonzi (47e) a franchi sans difficulté le premier tour après sa victoire (6-3, 6-3, 6-1) contre Zdenek Kolar (119e). Il s’en va défier
Jenson Brooksby (34e). Arthur Rinderknech n’est pas parvenu à réaliser l’exploit contre le Canadien Denis Shapovalov (16e), qui remporte son premier match sur gazon cette saison (6-1, 6-7, 6-7, 6-4, 6-1).
GASTON, ENCORE UNE FOLLE VICTOIRE
Hugo Gaston (66e) récidive. Comme à Roland-Garros, où il s’était payé Alex de Minaur en cinq sets, le Toulousain a une nouvelle fois eu besoin de cinq manches (6-2, 4-6, 0-6, 7-6, 6-3) pour se défaire de l’Australien Alexei Popyrin (83e). Gaston a connu un passage à vide à partir du milieu du deuxième, au point de voir son adversaire servir pour le match dans le quatrième. Il est au deuxième tour pour sa première participation dans le tableau final.
« Je sors content, mais j'aurais pu faire beaucoup mieux », a-t-il avoué. Il en aura l’occasion, demain, face à Lorenzo Sonego (54e).
AUGER-ALIASSIME DÉJÀ DEHORS
Quart-finaliste en 2021, Félix Auger-Aliassime (9e) s’arrête dès le premier tour. Malgré 28 aces, le Canadien, qui pouvait se trouver sur la route de Nadal en quarts, a subi la loi du serveurvolleyeur américain Maxime Cressy (6-7, 6-4, 7-6, 7-6). Le 45e mondial sera opposé à son compatriote Jack Sock (103e) pour une place au troisième tour.
CORNET, RECORD ÉGALÉ
Alizé Cornet (37e) n’est plus qu’à un Grand Chelem de battre le record du nombre de tournois de ce type disputés d’affilée.
Hier, la Niçoise a débuté son 62e Majeur de suite face à Yulia Putintseva (33e) qu’elle a battue (6-3, 7-6). « J'espère le dépasser à l'US Open. C'est quand même une sacrée preuve de longévité. J’en suis fière », a t-elle déclaré après sa belle victoire. Prochaine adversaire : Claire Liu (60e). Océane Dodin, Clara Burel et Chloé Paquet n’ont pas connu pareille fête : les Françaises ont été battues, respectivement par Jelena Ostapenko (17e), Katie Boulter (118e) et Irina Bara (122e).
DIMITROV ABANDONNE, KYRGIOS ET TSITSIPAS S’EN SORTENT
Le 5e mondial Stefanos Tsitsipas a perdu une manche, mais a fini par dominer
(7-6, 3-6, 7-5, 6-4) le qualifié suisse Alexander Ritschard. Grigor Dimitrov, demi-finaliste en 2014, a abandonné (4-6, 5-2, ab.) contre Steve Johnson. Accroché par l’invité britannique Paul Jubb, l’Australien
Nick Kyrgios s’en est sorti (3-6, 6-1, 7-5, 6-7, 7-5). Quart-finaliste du dernier Roland-Garros, Holger Rune s’est incliné contre Marcos Giron (6-3, 7-5, 6-4). Taylor Fritz a facilement dominé (6-4, 6-4, 6-3) Lorenzo Musetti.