L'étiquette

LA CASQUETTE DES YANKEES

PAR LA TEAM CASQUETTE

- PROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËL MALKIN, GRÉGOIRE BELHOSTE ET THIBAULT BARLE

Comment un banal accessoire de sport a-t-il pu

conquérir le monde ? Ceux qui la portent racontent.

LA FIERTÉ DU BRONX

MICHAEL RENDINO. J’ai grandi dans le Bronx, près du pont de Throgs Neck, qui passe au-dessus de l’East River. Là-bas, très tôt, j’ai appris à être dur, à me débrouille­r, à ne rien attendre des autres. Être du Bronx, c’est mon identité, c’est qui je suis, et supporter les Yankees, c’est fondamenta­l dans tout ça. On n’a pas grand-chose, mais on a cette équipe. Quand elle gagne, nous gagnons tous.

COUSIN BREWSKI. Mon père et moi, on ne se parlait pas beaucoup. Mais quand il y avait un match des Yankees, on s’asseyait côte à côte sur le canapé du salon, on regardait la télé et on discutait de la stratégie et des joueurs.

LUIS CASTILLO. Le mien est un immigré dominicain. Quand il est arrivé à New York dans les années 1970, il a commencé à regarder des matchs de baseball et est illico devenu fan des Yankees. Moi, j’ai suivi, ça m’allait très bien. Les Yankees, c’était un club prestigieu­x, avec un passé et une aura.

JEROME CHARYN. Pendant une grande partie du XXe siècle, les Yankees ont dominé le baseball américain. Le déclic a été l’arrivée de la star Babe Ruth des Red Sox de Boston en 1920. Derrière, il y a eu Joe DiMaggio, Mickey Mantle, Derek Jeter... Dans les années 1950, une comédie musicale à Broadway intitulée Damn Yankees racontait même que la seule façon de battre cette équipe était de recruter le diable. Toute cette époque glorieuse (ndlr : entre 1922 et 1978, l’équipe a remporté 22 World Series, le titre le plus prestigieu­x du baseball américain) a marqué durablemen­t les esprits aux États-Unis. Et peu importe qu’il y ait eu des périodes plus dures par la suite.

ANGELO BAQUE. Pendant ma jeunesse, dans les années 1980, le club ne gagnait plus rien. La dernière grande victoire, c’était le World Series de 1978. Les New York Mets, l’autre équipe de la ville, étaient nettement devant. Comme nous habitions dans le Queens, toute ma famille les supportait. J’étais le seul fan des Yankees, alors je me débrouilla­is. À 13 ans, j’ai décidé d’aller voir un match avec mon meilleur ami. Je ne l’ai dit à personne, même pas à ma mère. Nous avons acheté nos billets et nous avons pris le métro, de Lefferts Boulevard jusqu’au centre de Manhattan, puis une autre ligne, aérienne, jusqu’au Bronx. Nous ne voulions pas rouler dans les souterrain­s, pour pouvoir regarder les graffitis...

MICHAEL RENDINO. Aller aux matchs, c’était une aventure en soi. On était toujours un peu nerveux en arrivant au Yankee Stadium, sur River Avenue. Mon père faisait bien attention à l’endroit où il garait sa voiture. Mais une fois à l’intérieur du stade, c’était terminé. La pelouse, le tunnel, le bruit… Et puis il y avait toutes ces casquettes des Yankees. Presque tout le monde en portait une au stade.

JEROME CHARYN. Depuis toujours, les casquettes font partie intégrante de la culture du baseball, et de la tenue de match. Quand

C’est l’histoire d’un accessoire de sport devenu un vêtement culte et indémodabl­e, ou presque. Mais pourquoi porte-t-on la casquette des New York Yankees partout à travers le monde ?

il jouait chez les Yankees, Babe Ruth en portait évidemment une, Joe DiMaggio aussi, mais c’est Mickey Mantle qui l’a vraiment popularisé­e. Il n’avait que 18 ans quand il est arrivé en 1953 en provenance de l’Oklahoma. DiMaggio venait de San Francisco, Babe Ruth de Baltimore. Mantle, lui, était un péquenaud, il représenta­it une Amérique différente. Au début des années 1950, les matchs ont commencé à être largement diffusés à la télé, et il a construit sa notoriété comme ça. C’est devenu une star archi-populaire. Comme il portait toujours sa casquette des Yankees, bien enfoncée sur son crâne, la visière pliée, elle aussi est devenue une star.

COUSIN BREWSKI. C’est mon oncle qui m’a offert ma première casquette pour mes trois ans. À l’époque, ce n’était pas aussi facile qu’aujourd’hui d’en trouver, il fallait chercher dans tout New York.

LUIS CASTILLO. Moi, mon père m’a acheté ma première casquette quand j’avais 9 ans. Je me souviens très bien de son prix : 19 dollars. J’étais tellement heureux ce jour-là. Le logo me fascinait. J’ai appris beaucoup plus tard qu’il avait été dessiné par un artiste new-yorkais à la fin du XIXe siècle (ndlr : il s’agit de Louis B. Tiffany, en 1877) et qu’il avait d’abord été utilisé sur une médaille d’honneur créée pour un policier tué en fonction.

MICHAEL RENDINO. C’était vraiment impression­nant tous ces fans au stade avec leur casquette des Yankees. Enfant, ça me fascinait.

DANS LA RUE

COREY PEGUES. J’ai toujours porté cette casquette, mais dans les années 1980, elle a pris une autre dimension pour moi. J’ai commencé à faire du business, je faisais partie d’une bande, la Supreme Team. Pour les dealers, c’était un statement de porter des casquettes Yankees, ça signait ton appartenan­ce à New York. On les achetait sur Jamaica Avenue. J’en avais toujours plein en réserve, parce que je ne les portais que deux ou trois fois avant de les jeter. S’il y avait une tâche ou un pli, c’était terminé sur le champ.

ALIX BURGOS. Tous les dealers que je voyais dans la rue, sur Sackman Street, à Brownsvill­e, du côté de Brooklyn, roulaient en BMW, en Porsche ou en Mercedes. Et ils avaient une casquette des Yankees sur la tête.

COREY PEGUES. Le jour où j’ai été arrêté pour agression, je portais une casquette des Yankees. Nous avions cogné un type avec un ami. Quand j’ai appris que mon pote avait été arrêté, je suis allé voir la police pour essayer de le faire sortir. Mauvaise idée. La victime était là aussi, il m’a dénoncé. Les flics m’ont attrapé, et ils ont vérifié si j’étais armé. Surtout, ils m’ont retiré ma casquette. Ils ne me l’ont rendue qu’à ma sortie.

ALIX BURGOS. En fait, il fallait des chaînes en or et une casquette des Yankees. Quand tu avais ça, tu étais bien.

« C’EST MICKEY MANTLE, LA VEDETTE DE L’ÉQUIPE, QUI A VRAIMENT FAIT DE LA CASQUETTE DES YANKEES UNE STAR AU DÉBUT DES ANNÉES 1950 »

COREY PEGUES. Après avoir fait pas mal de conneries, je suis devenu policier dans le Queens. Véridique. Je faisais partie de l’unité de lutte contre les stupéfiant­s, et je portais toujours ma casquette des Yankees. On avait notre appartemen­t, on regardait les dealers et nous étions prévenus par radio lorsqu’il se passait quelque chose. On se baladait en vélo, puis on s’arrêtait et on sautait sur les trafiquant­s, qui n’avaient aucune idée de ce qui se passait, parce qu’on ressemblai­t aux gars du quartier, avec nos casquettes. Les gens n’avaient jamais vu de policier avec ce style. Ils demandaien­t :

JEROME CHARYN, ROMANCIER NEW-YORKAIS

En 1953, l’horrible duc de Windsor en visite au Yankee Stadium. (The Print Collector / Alamy Stock Photo)

« Mais t’es vraiment flic ? » Quand je suis devenu capitaine, j’ai commencé à porter des costumes, des Calvin Klein puis des Zegna. Mais j’ai gardé ma casquette des Yankees. En tant que capitaine, j’étais responsabl­e des quarante lotissemen­ts les plus violents de la ville. Quand j’allais dans ces quartiers, à 99 % noir, les gens disaient sur mon passage : « C’est le capitaine Pegues, celui qui porte toujours la casquette des Yankees. » C’est comme ça qu’ils m’identifiai­ent.

JAMES LILLIEFORS. Pendant longtemps, la casquette des Yankees est restée un phénomène très new-yorkais, et aussi très street. Mais, en 1996, les choses ont changé grâce à un homme…

LAURENCE JOSLIN. Cette année-là, Spike Lee a téléphoné à New Era et nous a dit qu’il voulait qu’on lui fasse une casquette des New York Yankees de couleur rouge. Apparemmen­t, il voulait une casquette assortie à une doudoune rouge qu’il venait de s’acheter... C’est la toute première fois qu’on nous demandait cela. Mais nous ne pouvions rien faire sans l’accord exprès du patron des Yankees. Celui-ci a fini par dire oui et nous avons pu faire la casquette des Yankees rouge.

JAMES LILLIEFORS C’était une hérésie, mais en même temps c’était un truc très cool.

STEPHANIE KRAMER. À chaque match auquel il assistait à cette époque, Lee passait plusieurs fois à l’image avec sa casquette rouge. Le lendemain, des fans débarquaie­nt systématiq­uement dans les magasins New Era de leur ville pour demander des casquettes de couleur. New Era a donc renégocié sa licence avec la MLB (ndlr :Major League Baseball, le plus gros championna­t profession­nel américain) afin qu’elle l’autorise à produire les casquettes dans plein de couleurs différente­s.

JAMES LILLIEFORS. Chris Koch, le PDG de la société New Era, qui fabrique toutes les casquettes pour la MLB, a dit plus tard que ce moment-là avait été fondamenta­l : il a donné une identité street à la marque, et changé la façon dont le monde regardait les casquettes de baseball.

VANGELIS KOUNADIS. La mode a effectivem­ent débuté à ce moment-là. D’un coup, la casquette des Yankees, ce petit accessoire de sport new-yorkais, est devenue désirable pour beaucoup de monde.

JAMES LILLIEFORS. On a rapidement vu la casquette des Yankees arriver dans la musique. Je me souviens que Fred Durst, du groupe rock Limp Bizkit, a commencé à porter une casquette des Yankees en concert. Le hip-hop a suivi, évidemment.

ALIX BURGOS. La première vidéo de rap qui me vient en tête, c’est celle de Do It Again (Put Ya Hands Up) de Jay-Z, sortie en 1999. Il porte la casquette des Yankees avec une veste en cuir, une Avirex je crois. Dans un couplet, il dit : « Hat cocked can’t see his eyes, who could it be? With that new blue Yankees on, who but me? » Effectivem­ent, on ne pouvait pas voir ses yeux, mais la casquette suffisait à comprendre que c’était lui.

STEPHANIE KENNEDY. Dans Empire State of Mind, Jay-Z dit même clairement ça : « I made the Yankee hat more famous than a Yankee can. » C’est fou, quand on y pense.

ANGELO BAQUE. Et Jay-Z a raison. Si les Yankees sont aussi reconnus aujourd’hui, ce n’est pas grâce à leurs victoires en championna­t, c’est grâce à lui.

LUIS CASTILLO. À la fin des années 1990, on voyait vraiment des casquettes partout. Je me souviens que nous avons affronté les Red Sox de Boston, chez eux, en 1999, lors des séries

« DANS “EMPIRE STATE OF MIND”, JAY-Z DIT : “I MADE THE YANKEE HAT MORE FAMOUS THAN A YANKEE CAN.” C’EST FOU, QUAND ON Y PENSE »

STEPHANIE KENNEDY, COSTUMIÈRE DE LA SÉRIE seinfeld

éliminatoi­res. Il y avait plein de locaux avec la casquette des Yankees. Quelques mois plus tard, Bill Clinton, alors président des États Unis, est venu visiter le club, accompagné des services secrets. Il a rencontré tous les joueurs. Nous lui avons donné une casquette, et il l’a mise. Le président avec la casquette des Yankees, c’était fort.

JAMES LILLIEFORS. C’est vraiment à cette période que le phénomène est devenu mondial.

MICHAEL RENDINO. À 32 ans, je suis allé en Thaïlande pour m’entraîner trois semaines à la boxe thaï dans un camp, c’était mon premier grand périple à l’étranger, je n’avais presque jamais quitté le Bronx. Quand je suis arrivé, je n’y croyais pas : tout le monde portait la casquette des Yankees. Je n’avais pas saisi à quel point c’était un accessoire internatio­nal. Quand j’avais la mienne, les gens me parlaient : « D’où tu viens ? » Je disais fièrement : « Le Bronx. » Ils répondaien­t : « Oh mon Dieu, tu vas au Yankee Stadium ! »

UN PHÉNOMÈNE GLOBAL

SEFYU. On observait ça de loin, mais on savait que quelque chose se passait avec cette casquette aux États-Unis. On comprenait que c’était la casquette des mecs du Bronx et des rappeurs, et qu’elle avait une dimension sociale forte. On avait tous envie de ressembler à ces gars.

GÉRARD BASTE. Quand j’ai vu débarquer la casquette chez nous, j’ai d’abord pensé au personnage de Demi-Lune dans Indiana Jones et le Temple maudit. Lui aussi porte une casquette des Yankees, mais la sienne est blanche. Là, évidemment, il fallait avoir le modèle classique en marine. Les mecs la portaient avec une doudoune Chevignon et une écharpe Burberry. Les bérets Kangol étaient populaires aussi, mais c’est la casquette des Yankees qui dominait. On cassait la visière en deux, en forme de V. On voyait ça dans les magazines de graffiti, c’était une façon de s’approprier l’objet. Je ne sais pas si c’était comme ça dans les autres pays, mais en France c’était vraiment important de la casser. Tu avais même des petites embrouille­s, des mecs qui disaient « non, faut pas la mettre comme ça » et qui te cassaient la visière.

SEFYU. C’est un chef-d’oeuvre cette casquette, il fallait la bichonner. Il y avait tout un fétichisme autour du sticker hologramme collé sur la visière quand tu l’achetais. On le gardait tous parce que l’enlever, c’était rapprocher la casquette de la sortie…

GÉRARD BASTE. J’ai eu ma période hologramme, moi aussi. À l’époque, l’idée était vraiment que la casquette reste neuve le plus longtemps possible. À un moment donné, des potes ont même acheté la valise en forme de casquette, assez immonde, pour en mettre cinq ou six lorsqu’ils voyageaien­t. Sinon, le petit kit de nettoyage avec une petite brosse, certains l’ont fait aussi.

LAURENCE JOSLIN. En France, les ventes ont commencé à décoller à la fin des années 1990. Aujourd’hui, nous vendons des millions de casquettes chaque année en Europe. Les trois pays en tête des ventes sont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, dans cet ordre. L’Espagne et la Scandinavi­e ne sont pas très loin derrière. Mais les ventes sont vraiment mondialisé­es. La casquette des Yankees est partout.

COUSIN BREWSKI. Au Japon, il y a énormément de gens qui portent la casquette des Yankees parce que l’équipe a été l’une des premières à recruter un joueur japonais, Hideki Irabu. Il est arrivé au club en 1997 et le pays s’est pris de passion pour l’équipe. D’un coup, tous nos matchs ont été diffusés là-bas à la télévision. Même les matchs qui passaient à quatre heures du matin à cause du décalage

Il était très, très suivi.

CARLOS LAZO. Si tu sors dans Quito le soir autour de la Plaza Foch, tu croiseras forcément des jeunes avec une casquette des Yankees. Il y a notamment ceux qu’on appelle les « coperos », des fans de rap, avec la casquette des Yankees à visière plate.

VERB BANGHU. En Afrique du Sud aussi, elle est partout. Mais il y a beaucoup de contrefaço­ns. Dans les grandes villes, tu peux en acheter très facilement sur le bord des routes. Souvent, il manque le logo New Era, sur le côté. Le logo des Yankees est parfois beaucoup trop gros.

TOJONIAINA RARIVOSON. Moi, quand je vois une casquette des Yankees à Madagascar, j’ai toujours un doute. Ici, les vraies New Era sont assez rares, et les contrefaço­ns chinoises beaucoup plus nombreuses. D’ailleurs, elles sont souvent assez bien faites. L’autocollan­t sur la visière est absolument identique, par exemple. Il faut vraiment bien regarder pour voir que c’est du fake.

CARLOS LAZO. C’est la même chose à Quito, nous avons des tonnes de faux. Dans le centre historique, il y a le marché d’Ipiales. Tu peux trouver des fausses casquettes des Yankees entre cinq et huit dollars, alors que le prix d’une vraie casquette tourne ici généraleme­nt autour de 40 dollars.

ROBERT GLOS. Il y a quelques années, le marché de la contrefaço­n était en plein essor en République tchèque. À l’époque, nous avons même lancé une chaîne YouTube baptisée Burn The Fakes pour comparer de véritables casquettes New Era à des produits contrefait­s... Mais on a reçu beaucoup de messages assez violents sur le thème « Laissez les gens porter ce qu’ils veulent, vos casquettes sont très chères... »

LAURENCE JOSLIN. Nous avons des soucis avec les contrefaço­ns. Si vous allez sur les Champs-Élysées à Paris, à Oxford Street, à Londres ou ailleurs, il y a toujours des vendeurs qui commercial­isent des casquettes des Yankees ou d’autres clubs… Nous faisons ce que nous pouvons pour informer les autorités lorsque cela se produit et que nous avons l’info. Mais est-ce un énorme problème pour nous ? Non. Cela ne freine pas notre croissance.

ROBERT GLOS. New Era est le seul fabricant officiel des casquettes de baseball MLB, nous ne travaillon­s qu’avec eux, évidemment. La fabricatio­n des casquettes de série aux États-Unis a été arrêtée en juin 2019 (ndlr : c’est l’usine historique de Derby, dans l’État de New York, qui a fermé à cette date. La MLB exigeant que les joueurs pro portent sur le terrain des casquettes assemblées aux États-Unis, New Era fait aujourd’hui travailler des sous-traitants de la ville de Hialeah, en Floride, qui assemblent ces casquettes, non accessible­s au grand public, à partir de matériaux importés). Les casquettes sont désormais fabriquées dans plusieurs pays d’Asie (ndlr: Chine, Vietnam, Bangladesh et Haïti). Nous passons commande auprès d’un distribute­ur local qui s’occupe notamment de la

COREY PEGUES, EX-OFFICIER DE LA POLICE DE NEW YORK

« JE ME SOUVIENS ÊTRE ALLÉ UN JOUR À L’ANNIVERSAI­RE DE MON MEILLEUR POTE AVEC UN MAILLOT BLEU ET BLANC DES RED SOX DE BOSTON ET LA CASQUETTE DES YANKEES. MAUVAISE IDÉE... »

République tchèque et de la Slovaquie. CARLOS LAZO. Nous, nous passons par New Era Équateur, qui existe depuis deux ans. Les casquettes arrivent ensuite au Panama par bateau depuis l’Asie, c’est ce qui coûte le moins cher... Avant, on recevait seulement certains modèles des États-Unis, mais c’est terminé.

LAURENCE JOSLIN. Au fil du temps, nous avons surtout souhaité développer des modèles différents. On produit toujours bien sûr la 59FIFTY, la casquette iconique, avec une taille et une visière plate. Mais il y aussi les 39THIRTY, avec visière incurvée. Et puis les 9FORTY qui sont ajustables. C’est avec cette variété de modèles qu’on peut séduire le plus grand nombre de personnes.

LES YANKEES OU NEW YORK ?

COREY PEGUES. Je n’ai jamais arrêté de porter des casquettes Yankees. Jamais. J’ai deux étagères remplies, à la maison. J’ai juste à baisser le zip pour en choisir une. Il doit y en avoir 40 ou 50 sur chaque étagère, toutes des Yankees. En réalité, je ne vais nulle part sans. Même quand il pleut.

ALIX BURGOS. Je pense que j’en ai 200 environ. Elles me rappellent toutes des souvenirs. J’ai tout fait avec la casquette des Yankees sur la tête. J’ai embrassé une fille en portant cette casquette. J’ai eu des embrouille­s, je me suis battu en portant cette casquette. J’ai été saoul, j’ai fumé un joint.

MICHAEL RENDINO. Je fais partie de l’ancienne génération donc j’aime mes casquettes ajustées et un peu usées. Elles me vont mieux comme ça. Je n’aime pas trop la manière dont les jeunes la portent, avec la visière plate. Ils laissent l’autocollan­t… Je déteste ça.

ALIX BURGOS. Parfois, je baisse la visière pour être mystérieux. Je mets une capuche par-dessus et tu ne peux pas savoir qui je suis. D’autres fois, je mets un polo boutonné et une casquette, et je passe ma journée comme ça.

VERB BANGHU. Moi, je la porte comme si c’était ma couronne (rires).

ALIX BURGOS. J’ai deux amis, Brandon et Eric, qui, à une époque, avaient les cheveux frisés. Ils se les brossaient, mettaient un du-rag pour les tenir et, par-dessus, ils posaient leur casquette des Yankees. Au début des années 2000, c’était le style : gangster, street et chic.

GÉRARD BASTE. Les grosses casquettes New Era, à visière plate, c’est quand même devenu très compliqué... Aujourd’hui, le style, c’est Atlanta, fringues très serrées, chaînes courtes, des designers partout. Mais on y reviendra. Ça revient toujours.

ALIX BURGOS. Il y a des trucs qui ne passent jamais de mode, qui ne deviennent jamais ringards, je pense. La casquette des Yankees avec une paire d’Air Force 1 blanches, par exemple.

La casquette des Yankees, c’est super. Les Nike Air Force aussi. Mais les deux ensemble, c’est de la pure magie. De toute façon, franchemen­t, elle va avec tout, cette casquette. C’est exactement comme un t-shirt blanc.

COREY PEGUES. Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment un vêtement comme les autres. Je me souviens être allé un jour à l’anniversai­re de mon meilleur pote avec un maillot bleu et blanc des Red Sox de Boston et la casquette des Yankees. Tout le monde m’a charrié. Moi, j’essayais de leur expliquer que c’était pour le look. Avec un pantalon bleu et une paire de Puma blanches, ça marchait très bien.

GÉRARD BASTE. Il m’est arrivé la même chose, mais dans l’autre sens. Je portais un t-shirt Yankees et une casquette des Boston Red Sox – j’ai toujours des casquettes Boston, pour le « B » qui, pour moi, veut dire « Baste ». J’ai croisé des touristes américains dans les rues de Paris et ils m’ont regardé, éberlués : « Boston et New York, vraiment ? » Pour eux, ça n’avait aucun sens. Mais vu de France, c’était juste une tenue cool.

LAURENCE JOSLIN. D’ailleurs, c’est une question qui se pose : est-ce que les gens qui achètent cette casquette à travers le monde savent que c’est la casquette des Yankees, la casquette d’une équipe de baseball, ou pensent-ils simplement qu’elle représente la ville de New York ?

CARLOS LAZO. À Quito, je pense vraiment que les jeunes qui la portent ne savent pas ce que sont les Yankees.

JAMES LILLIEFORS. Peu importe, au fond. Cette casquette, elle s’appuie sur la mystique de la ville de New York. C’est comme si la chanson New York, New York prenait soudaineme­nt forme. Cette casquette est un symbole incroyable.

ANGELO BAQUE. Exactement comme le t-shirt I love New York. En un peu plus cool.

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En 1993, Robert de Niro et son passager, dans
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En 1962, la star Mickey Mantle au Yankee Stadium.
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En 2003, Jay-Z et son ensemble des Yankees.
 ??  ?? En 1999, Spike Lee au Yankee Stadium. (Photo by Corey Sipkin/NY Daily News Archive via Getty Images)
En 1999, Spike Lee au Yankee Stadium. (Photo by Corey Sipkin/NY Daily News Archive via Getty Images)
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En 1978, Billy Joel, quelque part entre Austin et Dallas. (Wally McNamee/CORBIS/Corbis via Getty Image)
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En 1984, Demi-Lune dans Indiana Jones et le Temple maudit.

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