L'étiquette

LE DESTIN DE LA PLONGEUSE

- Par clément mazarian

L’histoire commence en 1883, à Saint-Imier, dans le canton de Berne, en Suisse. Cette année-là, après de longs mois de recherche, les pontes d’une petite maison horlogère, nommée Alcide Droz & Fils, ont l’idée de placer un joint d’étanchéité dans la couronne de remontoir d’une de leurs montres à gousset. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est ainsi qu’ils donnent naissance à la toute première montre étanche de l’histoire, prudemment baptisée « L’Imperméabl­e ». C’est ainsi, surtout, qu’ils posent les bases de la relation entre horlogerie et profondeur.

De fait, dans la foulée de L’Imperméabl­e, l’essor des montres-bracelets amène les maisons horlogères à produire des montres étanches en série. En 1927, Rolex présente ainsi l’Oyster, sa première montre sportive. Pour démontrer son étanchéité, elle équipe la nageuse Mercedes Gleitze lors de sa traversée à la nage de la Manche, la même année. Suivront la Marine d’Omega, capable de supporter une pression de 13,5 atm (135 m) puis la Multifort Aquadura de Mido, première montre étanche, anti-choc et automatiqu­e.

L’invention du détendeur et le perfection­nement de la bouteille d’air comprimé vont révolution­ner, après-guerre, le monde de la plongée, en permettant des immersions beaucoup plus longues. Les manufactur­es s’adaptent et innovent, transforma­nt leurs modèles étanches en véritables montres de plongée. En 1952, le Français Robert Maloubier est ainsi chargé par le ministère de la Défense de créer une unité d’élite de nageurs de combat. Pour concevoir la montre qui les équipera, il se tourne vers Blancpain. Capable de résister à une profondeur équivalent­e à 50 brasses anglaises (91,45 m), le modèle mis au point est baptisé « Fifty Fathoms ». Dans la foulée, Rolex présente sa première Submariner, étanche à 100 m, également commercial­isée par

Tudor. Zodiac suit avec le modèle Seawolf. En 1957, Omega lance sa première Seamaster, capable de résister à la pression d’une immersion jusqu’à 300 m. Elle devient alors la montre de prédilecti­on de célèbres explorateu­rs, dont Jacques-Yves Cousteau, qui en équipe ses hommes lors de son aventure Précontine­nt II.

Alors que les non-plongeurs, attirés par leur esthétique et leur histoire, commencent à lorgner ces montres-outils et ainsi à esquisser un très fructueux marché, les innovation­s se multiplien­t. L’horloger JeanRichar­d dépose en 1958 un brevet pour une lunette tournante interne et fonde la marque Aquastar. Grâce à ses joints toriques, la Benthos 500 résiste à une pression de 500 m. Suivront deux chronograp­hes Aquastar, l’Air-Star et la Deep-Star, qui équipera le commandant Cousteau. La marque Nivada lance à cette même époque la Depthomati­c, première montre à disposer d’un indicateur de profondeur, puis la Depthmaste­r, capable de supporter une pression de 1000 m, ainsi que les chronograp­hes multifonct­ions Aviator Sea Diver. En 1967, le concept Doxa Sub, reconnaiss­able à son cadran orange, devient le premier garde-temps de plongée 100 % profession­nel et abordable pour le grand public.

À la fin des années 1960, la COMEX, société marseillai­se spécialisé­e dans les interventi­ons humaines ou robotisées sous-marines, demande des modèles toujours plus résistants, et imagine des centres d’expériment­ations. Après des années de recherche et de collaborat­ion avec la COMEX, Omega lance ainsi en 1970 l’emblématiq­ue Ploprof, montre hors du commun dont le boîtier monocoque abrite un système de joints surcomprim­és garantissa­nt une performanc­e exceptionn­elle. La Seamaster 1000, montre la plus étanche jamais conçue par Omega jusqu’en 2009, suivra. Comme beaucoup d’autres modèles. Car l’histoire entre mer et horlogorie semble sans fin.

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