TOUT CE QUI BRILLE
Il y a dans ces pages des choses qui brillent. Il y a des montres, des bagues, des chaînes et des gourmettes. Il y a aussi des chaussures vernies et des joggings Adidas Ventex, redoutablement tape-à-l’oeil. Il y a également les cheveux couverts de Pento des yuppies, héros new-yorkais de la fin des années 1980. Il y a même des grillz, ces dentiers en or inventés par un homme que tout le monde a oublié, mais qui continue de façonner le sourire de nombreux jeunes Américains. Quelque part se cache aussi une boule à facettes, ni plus ni moins.
Jamais, certainement, un numéro de ce magazine n’aura autant brillé. Est-ce un hasard ? Non, les temps changent. De fait, après des années passées à jouer au gentleman anglais et à goûter un confort usé et moelleux, un nouveau cycle semble doucement se dessiner, provoquant le réajustement de quelques valeurs clés. Après le marine, voilà le temps du noir. Après les mocassins, les boots. Après la flanelle, le cuir. Après l’argent, l’or. Après la discrétion, l’ostentation. Après le bon goût, le mauvais ?
Cette dernière question dépasse largement les considérations esthétiques. Elle est politique, sociale, religieuse. Pourquoi certains cachent quand d’autres étalent ? Pourquoi certains hommes s’habillent (bien) pour passer inaperçus quand d’autres s'habillent (aussi bien) pour être vus ? Est-ce l’éducation ou le rapport à l’argent ? Et que cherche celui qui veut briller de mille feux ? Se fait-il plaisir ? Prend-il une revanche sur une enfance faite de frustrations ? Et puis, au fond, qui édicte le bon goût ? Qui le possède ? Les bourgeois et personne d’autre, à tout jamais ? Et pourquoi ce fameux bon goût ne pourrait-il pas s’accommoder, pour une fois, d’une grosse gourmette bien clinquante ? Les réponses à ces questions se cachent, peut-être, quelque part dans les pages de ce numéro brillant.