L'Éveil de Lisieux

L’Essomeric, restaurant-bar-épicerie de proximité : « Je connais les prénoms de tout le monde ici »

- • Julien LAGARDE

Implanter un commerce en milieu rural est un pari osé. La commune de Courtonne-la-Meurdrac l’a fait et ne le regrette pas. L’Essoméric est un véritable lieu de vie au coeur de ce village de 700 âmes. Présentati­on avec sa gérante, Stéphanie Travers. Quel est le concept de votre établissem­ent ?

C’est une épicerie-bar-restaurant. Dans la partie épicerie, je vends des produits de dépannage et surtout des produits locaux : le miel d’Olga à SaintMarti­n-de-Mailloc, le café de la Torréfacti­on du Pays d’Auge, les savons d’Achille à Lisieux, le saucisson Le Philou normand à Cagny... La restaurati­on, du lundi au samedi midi, est la partie la plus développée, car je suis du métier. Avant de reprendre L’Essoméric, j’étais cheffe de cuisine du Foyer des jeunes travailleu­rs de Lisieux. Il y a 20 places à l’intérieur et 24 en terrasse. Je propose d’autres petits services comme le gaz, la presse et la vente de cartes de pêche. Je remets aussi la clé de l’église aux gens qui veulent la visiter pendant mes horaires d’ouverture. Parfois, je suis même une annexe de la mairie (elle sourit). C’est la vie du village.

«‘La première année, j’ai quasiment travaillé non-stop‘»

Le restaurant est-il ouvert le soir ?

Non, mais il m’arrive d’organiser des soirées. Le concert des Vieillies Godasses, par exemple, a très bien fonctionné. Mais je fais déjà neuf heures par jour, c’est beaucoup de travail et il faut être là dès le lendemain matin à 7h30 pour ouvrir. Quand je rentre chez moi le soir, ma journée n’est pas terminée. Il y a les commandes, la gestion de stocks, les factures etc. C’est compliqué de satisfaire tout le monde sur les horaires. La première année, j’ai quasiment travaillé non-stop pour pouvoir jauger l’affluence. L’hiver, à 18h, tout le monde est chez soi, donc je ferme à cette heure-là. L’été, j’ouvre jusqu’à 19h.

Avez-vous envisagé d’embaucher un salarié pour vous épauler ?

J’ai déjà eu un salarié, mais j’ai dû arrêter, car je ne me dégageais pas de salaire. Après un très bon mois de février, je me suis de nouveau posé la question. Mais le mois d’après a été plus calme, alors je préfère rester toute seule. le pass sanitaire, les protocoles stricts etc. L’activité n’a vraiment démarré que durant l’été. Heureuseme­nt, nous pouvions proposer des plats à emporter, ça m’a permis de faire découvrir ma cuisine. Je suis monté jusqu’à 93 couscous un samedi midi. Depuis, le bouche-à-oreille fonctionne bien. Je commence à toucher des clients de l’extérieur, qui viennent d’Orbec, Pont- l’Évêque, Livarot... La page Facebook a plus de 900 abonnés, dont une dizaine de nouveaux par semaine en ce moment. Basée à Glos, la société Atos me fait aussi beaucoup travailler. J’ai noué un partenaria­t avec eux, les salariés bénéficien­t d’une remise.‘

«‘Les habitants jouent le jeu‘» L’objectif de la mairie, c’était aussi de créer de l’activité dans le village et du lien social. Les habitants se sont-ils approprié ce lieu ?

Complèteme­nt. Les habitants du village jouent le jeu. Ils ne disent plus l’Essoméric, c’est devenu «‘chez Stéphanie‘». Ce lien avec eux est très important. Ce n’est pas un commerce de ville, avec des gens de passage; ici, je connais les prénoms de tout le monde. J’habite à Courtonne depuis 10 ans, ma fille était scolarisée à l’école du village. Pour le concert des Vieilles Godasses, je me suis associée à l’APE (associatio­n de parents d’élèves). Je leur ai confié la partie restaurati­on (barbecue, frites etc). Les bénéfices serviront à financer des sorties scolaires. Cette soirée ne m’a rien rapporté sur le plan financier, mais j’étais contente de les aider. Elle a permis aussi de faire connaître l’établissem­ent.

Aucun regret d’avoir tenté cette aventure ?

Non, aucun. C’est un plaisir de travailler dans mon village. Je m’inscris dans la durée. J’aimerais développer un projet sous forme de portage de repas à domicile, pourquoi pas par le biais de La Poste. Il me faudrait de l’aide pour la partie administra­tive, car ça va me prendre beaucoup de temps. Je vais me pencher là-dessus dans les prochains jours.

Ouvert du lundi au samedi. Renseignem­ents au 02.31.61.13.00.

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