La famille part à vélo jusqu’au Vietnam !
Mélanie Gentil, professeur de dessin à Grand Bourgtheroulde, s’apprête à réaliser son rêve : découvrir le Vietnam. Un périple de 25 000 km. Le départ avait lieu samedi.
Mélanie Gentil et Florent Soum ont vécu un mariage pas comme les autres samedi 8 juillet 2017. Ce jour-là, les deux époux n’ont pas seulement célébré leur union. Entourés de leur famille et de leurs amis, ils ont aussi fêté leur départ !
En effet, ils sont partis à vélo avec leurs deux garçons vers le Vietnam, un rêve de jeune fille pour Mélanie. C’est un véritable périple de 25 000 km qui les attend pendant deux ans, de l’Italie au Laos, en passant par la Croatie, la Grèce, la Turquie, le Kazakhstan et même la Chine.
Le « virus » du voyage
Ce voyage, ils y pensent depuis 2006, quand ils étaient revenus d’une précédente expédition au Bénin. Le couple, qui partage le même goût de l’aventure, avait parcouru les pistes africaines à bicyclette et noué de nombreux contacts. Il y a quelques jours, Mélanie était encore au téléphone avec un ami burkinabé rencontré sur place. « Nous avons deux personnalités différentes, mais complémentaires. Nous sommes tous les deux sportifs et passionnés d’art, de culture, avec un désir d’enseigner et d’apprendre », explique celle qui était jusque-là professeur de dessin et de peinture à Grand Bourgtheroulde, au sein de l’association Le Chevalet du Roumois.
En Afrique, le couple avait créé des ateliers artistiques et réalisé de nombreuses expositions. « Quand on part une première fois, on attrape le virus, ajoute Florent, technicien son et lumière. Il y a un sentiment de liberté, on découvre une autre façon de vivre, plus simple. On revient à l’essentiel. »
Convaincu par leur précédent périple, avide d’échanges et de découvertes, le couple a décidé d’en entreprendre un nouveau, mais à quatre cette fois. Car entre-temps, Loan et Milio, âgés de 7 et 6 ans, sont nés. « J’ai beaucoup entendu que c’était inconscient de partir avec eux, raconte Mélanie. Mais nous voyagerons au rythme des enfants, la vitesse ne nous tente pas. » « C’est un moment privilégié que nous allons vivre, poursuit Florent. Nous allons être ensemble 24 heures/24, ce qui n’est pas possible dans la vie courante. Nos deux garçons sont prêts à parcourir le monde avec les valeurs que nous désirons leur transmettre. »
Transmettre des valeurs
Ces valeurs, ce sont d’abord celles de la protection de l’environnement : les voyageurs utiliseront un moyen de locomotion propre, les déchets devront être réduits et il faudra gérer l’eau avec parcimonie. « Vivre en consommant moins et en puisant moins sur les ressources de la planète, c’est important d’éduquer nos enfants à ça », insiste Mélanie.
En étant en contact direct avec les populations, les enfants vont aussi apprendre à comprendre les différences sans les juger. « Nous allons découvrir des civilisations, des façons de penser qui ne sont pas les nôtres, il faut arriver avec un regard neutre », signale Florent.
Ces derniers jours, toute la famille a préparé intensément le voyage. Il a fallu nettoyer et vider la maison, située à BourgAchard. Un pavillon rénové que le couple a mis en location dans une agence immobilière, avec l’objectif d’en tirer un revenu pour alimenter le budget. Il a été nécessaire aussi de s’occuper des vélos. Si les parents utilisent les mêmes qu’il y a dix ans (« Ils ne sont pas jeunes, mais ils sont solides », dit Mélanie), les enfants pédaleront sur des bicyclettes neuves. Chacun a rempli ses sacoches, avec modération, « sachant que le minimum fait déjà beaucoup », souffle Florent : quelques vêtements, une trousse de pharmacie, des ustensiles de cuisine, une tente solide et légère… Mais aussi un GPS, un téléphone et un ordinateur portable. Car les explorateurs ont bien l’intention de partager leur périple sur Internet, à travers leur blog (« Les roues d’arts »), avec des photos, des croquis, des aquarelles…
Mélanie a prévu de quoi dessiner, tandis que son mari, membre d’un groupe de musique, sera accompagné d’une petite guitare. « Deux ans sans guitare, ce serait long, sourit Florent. Et la musique est une façon d’échanger universelle, même si nous ne parlons pas la même langue. »
Garder des liens avec la France
« Moi j’ai une lampe frontale, un duvet, des jouets, des baskets », fait savoir Milio. Lui et son frère vont quitter provisoirement leur école de Bourg-Achard, mais des livres de mathématiques et de français ont été glissés dans les bagages. « Pour les autres matières, cela se passera par Internet, indique la maman. On reste en lien avec l’école. Sur le site Internet, les garçons auront une page qui leur sera réservée, ils pourront y mettre leurs photos et les petits films des scènes de notre vie. Il ne faut pas que les enfants soient coupés, car le retour à la vie occidentale est compliqué. »
Comme il est difficile d’être séparé de ses proches durant une si longue période. « Mais on espère que certains feront un grand saut pour venir découvrir le monde quelques jours avec nous », lance Florent.
Pendant deux ans, la famille va vivre au contact de la nature, subir les aléas de la météo et les péripéties des climats méditerranéen, aride, tropical, équatorial. Il y aura des galères et des imprévus, des contraintes administratives (visas) et des situations géopolitiques à surveiller de près. Mais il y aura aussi de nombreuses rencontres et des découvertes très enrichissantes.
Le grand départ a eu lieu le samedi 12 août à 10 h à Elbeuf, où le couple et les enfants occupaient une maison provisoirement, suivi d’un arrêt au skate-park de Bourg-Achard le midi pour un dernier au revoir. Le retour du Vietnam est prévu au mois de juillet 2019, en avion. Mais désireuse de profiter des opportunités et de ne pas s’encombrer de contraintes, la famille n’exclut pas de rester davantage sur place. Comme le clame Mélanie, « nous n’avons qu’une vie, alors profitonsen ! »