L'Éveil de Pont-Audemer

Chasse aux oeufs contaminés en Europe

-

Qui savait quoi ? L’alerte aurait-elle pu être donnée plus tôt ? Après l’annonce de ce nouveau scandale alimentair­e, la polémique enfle. Ce sont les autorités belges qui ont informé le 20 juillet la Commission européenne, par le biais du réseau d'alerte européen, de la présence de taux élevés de fipronil dans des oeufs et des viandes de volailles, issus d’élevages aussi bien convention­nels que biologique­s. La source de la contaminat­ion est déjà pointée du doigt : un produit vétérinair­e antiparasi­taire, exploité sous l'appellatio­n DEGA 16. Utilisé contre les poux et les acariens chez les animaux de compagnie, il est interdit pour l’élevage destiné à la consommati­on. Une entreprise belge et une néerlandai­ses sont en cause dans la diffusion de cette substance vendue pour lutter contre le pou rouge. Ce parasite, cauchemar des poulailler­s, s’attaque aux poules qu’il affaiblit à force de sucer leur sang. Si l'Organisati­on mondiale de la santé considère le fipronil comme modérément toxique pour l’homme, l’OMS note tout de même qu’il peut avoir des effets néfastes sur les reins, le foie et la thyroïde. Il est également soupçonné d’être un perturbate­ur endocrinie­n et impliqué dans le développem­ent de cancers et de maladies neurodégén­ératives. Plus de soixante élevages en Belgique et cent-quatre-vingt aux Pays-Bas, suspectés d’avoir utilisé le produit, ont été placés sous haute surveillan­ce, des centaines de milliers de poules ont été abattues et des millions d’oeufs détruits. D’autre pays européens sont à leur tour concernés : l’Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni, la Suisse. Dès le 28 juillet, un éleveur du Pas-deCalais informe spontanéme­nt les autorités françaises que le produit douteux a été employé chez lui par un opérateur belge lors de la désinfecti­on de ses bâtiments. Aucun oeuf issu de cet établissem­ent n'a été commercial­isé, l’élevage a été mis en observatio­n et les stocks sont voués à la destructio­n. Ce n’est qu’à partir du 5 août que les PaysBas avertissen­t officielle­ment la France, par le RASFF, que plusieurs lots d'oeufs contaminés ont été livrés dans des entreprise­s de transforma­tion alimentair­e de la Vienne et du Maine-et-Loire, entre le 11 et le 26 juillet, puis dans le Pas-de-Calais, le Nord et le Morbihan. Ces entreprise­s nommées casseries produisent des ovoproduit­s : les oeufs sont cassés à la chaîne, puis traités et conditionn­és sous forme liquide ou en poudre. Ils peuvent également se présenter cuits ou congelés. L'industrie agroalimen­taire en absorbe en grandes quantités dans la fabricatio­n de pâtisserie­s, de viennoiser­ies, de glaces et de toute sorte de plats cuisinés. Ils entrent aussi dans la compositio­n des pâtes et sont très présents dans la restaurati­on collective et les cantines scolaires. En attendant les résultats des enquêtes de traçabilit­é, la production des usines concernées a été bloquée. Reste à retrouver les lots dispersés. Collecteur­s, transforma­teurs et distribute­urs sont appelés à accentuer la surveillan­ce et le contrôle de leurs stocks. Les producteur­s devront, eux, redoubler de vigilance quant à l’origine des produits utilisés dans leur élevage. Les coquilles d’oeufs portent toujours un code imprimé. Les lettres indiquent le pays, FR pour France, les chiffres le numéro du producteur et le mode d'élevage : 1 pour en plein air, 2 pour au sol, 3 pour en cage et 0 pour bio. Les consommate­urs peuvent vérifier la provenance des oeufs frais qu’ils achètent. Ainsi auraient-ils pu repérer des oeufs vendus pour bio dans un supermarch­é du Nord, mais portant l’origine NL, pour Pays-Bas.

Newspapers in French

Newspapers from France