Le consentement au coeur de la journée d’ateliers sur l’égalité et la sexualité au lycée Jacques-Prévert

Jeudi 11 avril, la journée « Balance ton égalité » au lycée Jacques-Prévert de Pont-Audemer a permis aux jeunes de s’informer et d’échanger sur l’égalité hommes-femmes et la sexualité, autour de la notion centrale de consentement.

Une douzaine d’adolescents, en majorité des garçons, tassés au fond de la salle de classe, écoutent les deux professeurs intervenant pour mettre en garde contre les clichés véhiculés par l’industrie du porno, aujourd’hui hyper accessible via Internet. « Dans les films pornos, il n’y a pas un seul poil et des actrices se font refaire les lèvres, mais ce n’est pas la réalité », rappelait Madame Mailloux. Un discret commentaire fuse, se voulant drôle : « C’est la forêt. » Signe que tous les ados ne prennent pas totalement au sérieux l’impact de ces images, qui imposent un modèle suscitant divers complexes physiques.

Jeudi 11 avril, les ateliers de la journée « Balance ton égalité » ont informé les élèves volontaires de la Seconde à la Terminale du lycée Jacques-Prévert de Pont-Audemer sur des questions de sexualité et d’égalité hommes-femmes.

Une thématique essentielle puisque des sondages montrent que les jeunes, notamment les garçons, ont des opinions plus sexistes que leurs aînés. « Chez les 18-24 ans, 36 % pensent qu’une femme peut prendre du plaisir à être injuriée ou humiliée, contre 12 % dans la population, informent les professeurs d’après une enquête Ipsos. Et 23 % pensent qu’elle peut avoir du plaisir à être forcée, alors que c’est du viol. »

D’ailleurs, dans l’industrie du X, les procès pour non-respect du consentement des actrices sont fréquents. Les professeurs préconisent aux jeunes de demander le consentement à leur partenaire pour toute nouvelle pratique. « Et on ne fait pas du boudin jusqu’à ce que la personne en face dise oui ! » précise Monsieur Corsulac.

« De l’industrie porno découle la recrudescence de l’adhésion aux stéréotypes de genre, et se développe de plus en plus sur les réseaux un virilisme revendiqué », estime Estelle Desnos, professeure de philosophie et organisatrice en chef.

Définir un cadre

Le consentement était aussi une notion centrale du cercle de parole « Femmes… et alors ? » dirigé par la sage-femme Sophie Roquelin. Les lycéens pouvaient s’y exprimer et poser des questions. « Si vous dormez avec un ami, apprenez à poser le cadre, à dire ‘attention, on dort’ », explique la professionnelle. « N’hésitez pas à dire ça car après, nous on attend sans savoir s’il se passe quelque chose », renchérit un ado.

Une autre élève estime au contraire qu’il faudrait supposer par défaut l’absence de consentement : « S’il n’y a pas de communication, il ne devrait pas y avoir de choses qui en découlent. Si la personne en face veut tenter quelque chose, c’est mieux qu’elle demande. » Or pour

Sophie Roquelin, il vaut mieux éliminer tout malentendu : « Dans la construction du garçon, peut-être que sa copine l’invite dans son lit car elle a envie. » Une fois le cadre fixé, dit la sage-femme, « il ne faut pas que l’autre en face essaie de changer les règles du jeu toutes les cinq minutes ».

Avec elle, les jeunes ont abordé de nombreux autres sujets : puberté, règles, infections sexuellement transmissibles, contraception, première fois, violences sexuelles, interruption volontaire de grossesse, plaisir… « Peu d’établissements font des ateliers sur ces thématiques, c’est à souligner », félicitait Sophie Roquelin. Mis en place en 2018 pour les Seconde par Émilie Remmeau, « Balance ton égalité » a été ouvert aux élèves de toutes les classes. Ils ont aussi mené des actions comme la création d’une pièce de théâtre sur les stéréotypes, la collecte de protections hygiéniques pour les mettre à disposition dans les toilettes, et la vente d’oeuvres d’art au profit de l’association « Reprenvis », de formation sur les violences sexistes et sexuelles dont fait partie Sophie Roquelin.