L'Éveil de Pont-Audemer

«Beaucoup de maires se plaignent de l’état des routes»

Hervé Maurey appelle l’État et les départemen­ts à augmenter les crédits alloués à l’entretien de maires se plaignent, raconte le sénateur.

- Sénateur de l’Eure •

➜ L’Eveil Normand : La fermeture d’une partie de l’autoroute A13, à cause d’une fissure importante, sur une portion gérée par l’État, est-elle une illustrati­on supplément­aire de la mauvaise qualité du réseau routier français ?

Hervé Maurey : « Cette fermeture jusqu’à nouvel ordre, sans aucune visibilité de délai de remise en état, montre à quel point nous avons un réseau dans un état préoccupan­t. Nous avions tous observé la dégradatio­n de nos routes départemen­tales et nationales, mais on n’imaginait pas que cela puisse toucher jusqu’à nos autoroutes. Au Sénat, depuis plus de sept ans, nous avons attiré l’attention des pouvoirs publics sur la dégradatio­n du réseau routier au sens large, comme nous l’avons fait pour l’état des ponts. Je pense que nous avons contribué à une prise de conscience, mais c’est encore insuffisan­t. J’appelle l’État et les départemen­ts à augmenter les crédits.

Les routes nationales, c’est 1 % du réseau total, alors que les départemen­ts, c’est plus de 30 %, le reste correspond­ant au réseau communal ou intercommu­nal. Le réseau routier national représente une petite partie en kilomètres, mais c’est une grande partie si l’on regarde le nombre de véhicules, d’où la nécessité de le sécuriser, car l’accidentol­ogie est forte. Il y a aussi des autoroutes non concédées, et donc gérées par l’État. Il faut reconnaitr­e que le réseau autoroutie­r concédé, même s’il y a des points faibles, est mieux entretenu, avec une meilleure qualité des infrastruc­tures, que le réseau autoroutie­r non concédé. Quand on arrive aux abords de Paris, on voit très bien la différence entre les deux. »

➜ Cette dégradatio­n s’explique-t-elle par un manque de moyens financiers consacrés à l’entretien ?

« Quand on regarde l’historique des crédits consacrés aux routes, on s’aperçoit qu’il y a eu une grosse baisse durant le mandat de François Hollande avec une diminution de 20 % de l’entretien des routes au niveau national. Depuis 2017, cela remonte, mais c’est encore très inférieur à la période avant

2013. Au niveau départemen­tal, dans l’Eure, la baisse a eu lieu encore plus tôt, puisqu’au moment de l’arrivée de la gauche au pouvoir, en 2001, Jean Louis

Destans a divisé par deux les crédits dédiés aux routes sur le début de son mandat. En

2004, je l’avais interpellé à ce sujet, mais c’est un choix qu’il assumait totalement, en disant que nous mettions trop d’argent sur les routes. Mais c’est comme pour une maison : si on ne fait pas l’entretien de la toiture, un beau jour il pleut dans la maison.

L’impact des phénomènes climatique­s que nous connaisson­s actuelleme­nt est d’autant plus grand que les routes sont mal entretenue­s. Quand vous ne mettez pas un euro sur une route aujourd’hui, quelques années plus tard, c’est dix euros de maires qui se plaignent que vous devrez mettre. » de l’entretien des routes, c’est

une évidence et cela fait partie quend

➜ On entend souvent des retours que nous avons des la voirie est une préoccupat­ion élus sur le terrain. Cela m’arrive essentiell­e pour les d’ailleurs de signaler par courrier maires. C’est ce que vous au président du Départemen­t de constatez dans l’Eure ? l’Eure qu’une route est dans un

« Objectivem­ent, il y a beaucoup état très préoccupan­t.

Il est vrai aussi que les départemen­ts ont eu à faire face à de nouvelles dépenses, comme le déploiemen­t de la fibre optique, ou l’explosion des dépenses liées au RSA, ou la nécessité d’investir dans les collèges. Et il y a des baisses de recettes, notamment les droits de mutation. Les routes ont été un peu sacrifiées. Quand on raisonne à courte vue, si on met moins d’argent sur les routes, cela ne se voit pas la première année. Mais ensuite, cela se voit, et on entre dans la période infernale : il faut mettre tellement plus d’argent, qu’on n’y arrive pas, car la dégradatio­n est trop importante.

Les intercommu­nalités, elles aussi, doivent faire face à des contrainte­s financière­s. L’État a tendance à transférer des charges ou à décider de mesures qui ont un impact sur les collectivi­tés locales. Celles-ci ont eu à subir l’impact du Covid, très insuffisam­ment compensé par l’État. Elles ont eu aussi à supporter le regain de l’inflation, notamment l’énergie. Elles doivent se serrer la ceinture et c’est souvent l’entretien des routes qui est concerné. Une fois qu’on a baissé une ligne de crédit, comme l’année suivante il y a rarement des recettes en hausse, on ne revient pas au niveau. Et dans le même temps, le coût de l’entretien des routes augmente. »

Propos recueillis par Anthony Bonnet (L’Eveil Normand)

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