Qui était Adelson Wagner, qui a donné son nom à une nouvelle rue ?
Lors du dernier conseil municipal, mardi 9 avril, les élus ont voté à l’unanimité pour baptiser une nouvelle voie au nom d’Adelson Wagner, qui fut directeur de l’Union Musicale de Beuzeville de 1949 à 1989. « J’ai appris la musique avec lui il y a 40 ans », se rappelait le conseiller municipal Franck Magdelaine avec nostalgie. La voie mène au nouveau lotissement de huit parcelles à bâtir rue Pierre Mendes France, un projet mené par la Sarl Zig Zag.
C’est Samuel Grente, le généreux historien amateur de Beuzeville, qui a suggéré cette personnalité. Il a rassemblé des archives concernant Adelson Wagner (1909-1994), musicien au parcours mémorable et aux multiples casquettes. « De l’orphelinat au Conservatoire en passant par l’Orchestre Symphonique de Berlin et le fond de la mine des Chti’mi, il a quasiment tout connu », relatait un article paru dans Le Pays d’Auge après son décès en 1994.
Originaire du Nord, Adelson Wagner travaille à la mine durant son adolescence « et fréquente à chacun de ses jours de congés le Conservatoire lillois ». Son nom le prédestinant peut-être à la musique, il obtient en 1928 un prix de trompette.
Tirailleur à 19 ans en Afrique
À 19 ans, cette même année, il s’engage comme tirailleur en Afrique du Nord. « C’est là le début d’incroyables histoires pour le Lieutenant Wagner qui s’évadera notamment de la prison de Francfort en uniforme après 13 mois d’incarcération », raconte Le Pays d’Auge. « Les gens me prenant pour un docteur », se souvenait-il. Mais aussi, c’est durant son service, « sous les ordres du maréchal Juin, [qu’il a] débuté [s]es études musicales ».
Il travaille comme chef de musique à Honfleur dès 1942. « Sous l’occupation, les Allemands venaient nous écouter, confiait Adelson au journal. Chaque fois, je commençais par jouer Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine et on terminait par la Marseillaise… Et ils applaudissaient les malheureux. C’était notre manière à nous de faire de la résistance. »
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il dirige l’orchestre Symphonique de Berlin pendant trois ans avant son retour en terre normande pour enseigner. Le musicien a à son actif « trente ans de service comme professeur de musique au lycée d’Honfleur et un demi-siècle passé à la direction de la société philharmonique regroupant Honfleur, Beuzeville et PontAudemer ». Il forme des centaines d’élèves et use 16 voitures sur les routes ! Membre de l’orchestre Jazz sans nom, il crée également une école de musique en 1953.
Sa carrière prend fin en 1989 mais il continuera d’aider ses collègues. À son décès, les musiciens d’Honfleur, Beuzeville et Pont-Audemer et leurs municipalités lui offrent une sépulture honorable. L’Éveil de Pont-Audemer, en 1994, concluait : « C’est un juste retour des choses envers celui qui fit les beaux jours de l’Union Musicale de Beuzeville, des Enfants de la Risle et de l’Harmonie Honfleuraise, qu’il dirigea durant de très nombreuses années. »