«Restes», une revue numérique pour faire émerger les auteurs qui ne sont pas Parisiens
Pour lutter contre l’entre-soi parisien dans le milieu de l’édition, un habitant d’Illeville-sur-Montfort a créé une revue littéraire numérique qui publiera les talents ignorés de la province et de la francophonie.
Chris Giot a toujours eu de l’intérêt pour l’écrit. Cet habitant d’Illeville-sur-Montfort est bibliothécaire au Petit-Quevilly (Seine-Maritime). Il a aussi exercé le métier de journaliste lorsqu’il habitait en ChampagneArdenne. «Je lis beaucoup», confirme le jeune homme. Mais depuis quelque temps, il ressent une sorte de fatigue littéraire, et se sent excédé de l’entre-soi dans l’édition, du parisianisme à l’oeuvre en matière de publication. «La majorité de la production littéraire vient de Paris ou de l’Île de France, et cela a été confirmé par deux études de l’Insee», constatet-il à l’instar de ses amis, grands
lecteurs également. « Ma frustration vient de ce que j’ai rencontré des auteurs qui avaient beaucoup de talent et qui ne trouvaient pas de maisons d’édition », fait valoir l’Illevilais. « C’est une question d’entrisme, il faut connaître les bonnes personnes. » Il faut aussi adopter la bonne forme, celle qui plaît. Les bons codes
en somme. « Vous trouvez beaucoup d’autofiction, d’ouvrages dans la veine du Nouveau roman », déplore
Chris qui s’est toujours passionné pour les nouvelles formes en matière de littérature.
Les restes de la littérature
Que faire ? Ne surtout pas se résigner et proposer de nouveaux outils aux auteurs. Chris a donc entrepris de créer une revue numérique qu’il a appelée « Restes », les restes de la production littéraire donc, puisque ne restent que les miettes aux provinciaux qui souhaitent publier. Tout est allé très vite : Chris sait déjà créer un site worldpress. Quatre amis ont complété le comité de lecture, dont une personne à la correction et un autre aux relations presse.
Qui peut être publié dans la revue Restes ? Tout auteur, dès lors qu’il est habitant de la province ou francophone du monde. C’est le cas d’un auteur marocain qui a été sélectionné et publié pour le premier numéro. C’est un signe, car le continent africain sera sans nul doute le berceau d’un très grand nombre d’auteurs à venir et même le principal pourvoyeur de littérature francophone.
Quelles règles faut-il respecter ? Envoyer un texte de 24 000 caractères, espaces compris, pas davantage. La littérature expérimentale est la bienvenue, c’est même un attrait pour le comité de lecture en recherche de nouveauté. Pour l’heure, il est question de prose, car la poésie ne manque pas de visibilité, « il y a déjà beaucoup de revues numériques qui font un bon boulot », comme le fait valoir Chris. Toutefois, l’un des auteurs a envoyé une nouvelle en vers, un tour de force qu’il faut découvrir.
Le comité de lecture a lancé un appel à texte sur le bien nommé site internet «texte à l’appel» qui recense gratuitement les écrits de nombreux jeunes auteurs qui cherchent de la visibilité. Plusieurs dizaines de productions ont ainsi été envoyées. « Ce sont essentiellement des nouvelles ou des extraits de romans. » Au total onze auteurs sont d’ores et déjà publiés dans la revue, accessible gratuitement sur internet. La périodicité est pour l’instant trimestrielle et Chris ne s’interdit pas de penser à un hors série en version papier qui rassemblerait les coups de coeur.
Redécouvrir des écrivains du passé
Restes permettra en outre de redécouvrir des écrivains
du passé, « les auteurs passés méconnus qui auraient mérité une audience plus large. S’il y a une innovation, un aspect territorial, nous les publierons », assure Chris. Et ce dernier de citer en exemple Marcel Arland, un auteur champenois qu’il affectionne particulièrement et Goncourt de l’année 1929.
À noter que l’association « Revue Restes » la structure du projet, proposera des ateliers d’écritures dans les collèges et les lycées ou des salons littéraires. Et ce n’est que le début…
■ La revue Restes est accessible depuis l’adresse revuerestes.wordpress.com