.« Cette activité fait partie de l’économie française ! »
Jacqueline Spaak est propriétaire et sylvicultrice de la forêt du Mont-Mal au Bec. Pour elle, le classement aura un impact direct sur son travail, mais aussi sur sa passion.
Jacqueline Spaak connaît la forêt du Mont-Mal comme sa poche. Ce bout de terre est aux mains de sa famille depuis 1957. C’est, en effet, à cette date, que ses parents achètent 150 premiers hectares. « Cette parcelle a été reboisée - au lendemain de la guerre, avec le Fonds forestier national - uniquement avec des résineux (tel que le Douglas). Le but était de reformer cette forêt quasi détruite parce que surexploitée pendant la guerre. Pourquoi des résineux ? Tout simplement parce qu’on avait besoin de pâte à papier », explique-t-elle. Un contrat d’exploitation est passé sur trente ans puis renouvelé sur vingt ans. Il est d’ailleurs étroitement surveillé par l’ingénieur forestier des eaux et forêts d’Evreux.
Le Douglas, maudit ?
Oui mais voilà, avec le classement de la Vallée du Bec, le Douglas est voué à disparaître (lire ci-dessus). « Cet arbre est toujours autant demandé, d’autant plus qu’il sert aux constructions en bois ! Cette activité fait partie de l’économie française ! À notre niveau, sur des surfaces modestes, nous contribuons à la réduction du déficit commercial sur ce produit. Alors si vous bannissez les Douglas, vous abattez l’équilibre financier du massif et, plus largement, vous refusez de répondre aux besoins économiques du pays », écritelle au commissaire, elle qui perdrait, aussi, en activité. (Et elle embauche des gens du village).
Jacqueline ne fait pas « une fixette » sur ce classement, juste sur les obligations liées au Douglas. Pour preuve, depuis 2016, elle replante même certains feuillus, comme le préconise la loi, à la place de résineux.
Des autorisations trop longues
Pour cette passionnée, le temps de la terre n’est pas celui des administrations. « Actuellement, par exemple, il y a des parcelles à protéger du Bouleau, un arbre qui pousse très vite ici et qui étouffe les essences qui nous intéressent. À flanc de coteaux, dont la majeure partie de la forêt est constituée, nous devons les couper perpendiculairement pour freiner l’érosion. Avec le classement de la Vallée, il faudra demander l’autorisation pour les coupes, avec un délai de réponse de huit mois au moins ! Ces arbres ont le temps de prendre leurs aises et nos jeunes arbres de dépérir ! », désespère-t-elle.
On l’aura compris, le classement de la Vallée ne fait pas l’unanimité. Jacqueline a même alerté le maire du Bec-Hellouin, Pascal Finet, à ce sujet.