L'Éveil Normand

Après avoir cédé son entreprise, Sébastien Lerat veut continuer de s’investir à Bernay

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Attablé au fond de la Brûlerie, ce vendredi 2 février, Sébastien Lerat savoure son café, tranquille­ment, comme un simple client. Mais un client que tout le monde connait et salue. Depuis le mois de décembre 2023, il n’est plus le propriétai­re de « cet endroit magique », « hors du temps », « où l’on se sent bien ».

L’idée de céder son commerce et d’entamer une nouvelle étape dans sa vie profession­nelle lui trottait de plus en plus dans la tête. « J’étais là depuis quinze ans, j’avais déjà joué les prolongati­ons », rigole-t-il. Une belle offre de reprise lui a été adressée, mais il a préféré la repousser, « je ne connaissai­s pas suffisamme­nt la personne», dit-il. Sébastien Lerat a alors proposé à deux de ses employés, Terry Dauvier et Silvère Montier, de prendre le relais. Et leur réponse positive l’a réjoui. « Je sais qu’avec eux la philosophi­e ne changera pas, ils ont compris la mentalité du lieu et ne vont pas tout révolution­ner. »

Le natif de Lisieux, ancien ouvrier de maintenanc­e chez Renault, a clos ce chapitre avec la fierté du chemin parcouru. «Moi, le gamin de quartier, avoir pu fréquenter les meilleurs ouvriers de France, et avoir créé de l’emploi, formé des apprentis, c’est plutôt une réussite », retrace cet autodidact­e qui a obtenu le titre de Meilleur torréfacte­ur de France en 2013.

« J’ai trouvé ma voie »

Ce « métier passion », qui l’a épanoui, il veut continuer de le promouvoir en proposant des formations. «J’ai trouvé ma voie et j’ai acquis une expertise », ajoute-t-il, lui qui a aussi été promu maître artisan en 2020. Membre de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Normandie, la transmissi­on du savoir-faire lui tient à coeur. Libéré de toute contrainte après avoir aussi cédé précédemme­nt ses parts dans un salon de thé à Honfleur, Sébastien Lerat envisage également de se lancer dans l’import de café, de cacao et de poivre, qu’il vendrait ensuite à un réseau de clients profession­nels. «J’ai envie de travailler sans intermédia­ire avec des gens dont j’apprécie la manière de fonctionne­r, qui savent faire fructifier un sol fertile sans utiliser d’engrais », explique-t-il, en pensant particuliè­rement à la petite île africaine de Sao Tomé, dont il est tombé amoureux.

Un projet qu’il compte mûrir dans les prochains mois à Bernay. S’il a vendu la Brûlerie, il n’entend pas pour autant plier bagage. « Je suis sollicité pour aller à Paris, mais ce n’est pas le même rythme de vie. Je suis bien ici», confie le père de famille. L’avenir de la commune l’intéresse. Élu au conseil municipal, il siège dans les rangs de l’opposition depuis 2020, aux côtés d’Ulrich Schlumberg­er. S’il prend peu la parole, il a su exprimer son désaccord au moment du déplacemen­t du marché hebdomadai­re, mis en oeuvre officielle­ment pour des raisons de sécurité. Les camelots ne peuvent plus s’installer sur la place de la Poste et il le regrette toujours. « Ce dossier, c’est un échec, il n’y a pas eu d’étude d’impact ni de consultati­on des commerçant­s du quartier, qui sont pourtant les premiers concernés », pointe-t-il.

Le goût pour la politique

Depuis quatre ans, Sébastien Lerat fait aussi partie du conseil communauta­ire de l’Intercom

Bernay Terres de Normandie. «Mais quand on n’est pas maire, on n’a pas le même niveau d’informatio­n et on est considérés comme des élus de seconde zone », déplore-t-il. Une assemblée, où là encore, il se fait discret, même s’il a su tenir à certains moments un langage de vérité, notamment en demandant de l’équité sur les prix de vente des terrains dans les zones économique­s. Mais l’exercice était délicat, il le reconnaît : être à la fois commerçant et élu n’était pas « une position facile ».

« C’est mon premier mandat, j’engrange de l’expérience et j’y consacre du temps bénévoleme­nt », raconte-t-il. Sébastien Lerat prendra-t-il autant goût à la politique qu’au café ? Les élections municipale­s de 2026 approchent et son nom revient souvent dans les conversati­ons en ville. « Je n’ai pas de velléités. Mais je connais ce territoire et j’ai une idée de la façon dont on pourrait le développer. Peut-être que je l’exposerai le moment venu », répond-il. Dans la vie, le torréfacte­ur le sait par expérience, il ne faut pas se mettre de barrières.

Anthony Bonnet

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