LA FILATURE LEVAVASSEUR EN DATES
1792. François Guéroult architecte et entrepreneur rouennais, acquiert l’abbaye de FontaineGuérard, son moulin à blé et ses prairies. Il lance la construction d’une importante filature de coton mécanique à l’emplacement du moulin abbatial. Cette usine (aujourd’hui disparue), entraînée par une roue hydraulique et une machine à vapeur, constitue le premier exemple de filature de coton mécanique édifiée dans la vallée de l’Andelle, où l’industrie textile est présente depuis le XVIIe siècle.
1820. Le baron Édouard Jacques Levavasseur (1777-1842), négociant-armateur havrais, fondateur de la filature de coton du Houlme (76), se porte alors acquéreur du domaine industriel de Fontaine-Guérard qui s’étend sur 18 hectares et comprend cinq usines textiles avec près de 500 ouvriers.
1845. Principal fléau dans l’industrie textile, plusieurs incendies se succèdent et mènent à la disparition de toutes les usines du domaine de Fontaine-Guérard.
DE 1861 À 1868. Pour remplacer les usines disparues, Charles Levavasseur projette la création d’un nouvel établissement dès 1851. Celui-ci implique le percement d’un immense canal d’alimentation et la création d’un barrage capable de produire une chute d’eau puissante. Il fait construire plusieurs bâtiments, dont deux usines : une immense filature de coton et une plus petite, toutes deux bâties dans un style néogothique.
La première, ressemblant à s’y méprendre à une cathédrale, est achevée en 1861 et la seconde, destinée au tissage, en 1868. L’usine-cathédrale fait 96 m de long et 36 m de hauteur et s’élève sur 5 niveaux. Elle est alors l’une des plus grandes filatures de France.
1874. Un violent incendie se déclenche un dimanche dans la filature-cathédrale, sans faire de victime, les ouvriers étant en repos. En quelques heures, l’usine est presque entièrement détruite, laissant seulement les ruines que l’on connaît encore aujourd’hui.
1913. La petite filature, dirigée depuis 1894 par Charles-Arthur Levavasseur est touchée par un incendie. Partiellement détruite, elle est rapidement remise en activité et occupe de nouveau 160 ouvriers.
1923. Jacques Levavasseur succède à son père. Pour alimenter la filature en énergie, il fait construire une centrale hydroélectrique et un bâtiment pour les moteurs Diesel.
1946. Dernier incendie de la petite filature qui sonne le glas du site, dirigé depuis 1930 par Bernard Levavasseur.
DANS LES ANNÉES 1960. Le site, qui comprend les ruines de la grande filature et de la petite filature, un bâtiment de stockage (dit de l’horloge), un atelier de réparation-forge, une réserve, un bâtiment des machines, une centrale hydroélectrique, la maison du directeur et quelques maisons ouvrières, est vendu par lots par les héritiers Levavasseur.
La maison du directeur et les logements ouvriers sont rapidement achetés. La centrale hydroélectrique, toujours équipée d’une turbine tourbillon à hélice, est désormais exploitée par la Régie d’électricité d’Elbeuf, qui l’achètera quelques années plus tard. Les autres bâtiments du site restent toutefois à l’abandon.
1995. L’Établissement Public de la Basse Seine (actuellement Établissement Public Foncier de Normandie) décide de protéger ce patrimoine. Il se porte donc acquéreur du site, au titre de la politique régionale des friches. Il y engage les travaux les plus urgents (consolidation, défrichement, réfection de certains bâtiments) avant de proposer le rachat du site à une collectivité.
1999. Le Conseil général de l’Eure se porte acquéreur de l’usine-cathédrale et de ses annexes afin d’assurer la préservation de ce patrimoine exceptionnel.
2021. Le Département sollicite la mission Stéphane Bern. La filature est sélectionnée et reçoit ainsi un financement pour sa sauvegarde. Elle rouvrira au public un an plus tard lors de visites guidées.