L'Éveil Normand

Les Mousque’Terres veulent se battre pour la qualité de l’eau potable

Après les polémiques concernant les prix et la qualité de l’eau potable sur le territoire du Syndicat d’Eau du Roumois et du Plateau du Neubourg (SERPN), une nouvelle associatio­n environnem­entale est née à Saint-Éloi-de-Fourques.

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La toute jeune associatio­n Les Mousque’Terres a été créée au début du mois d’avril, en réaction à la récente actualité autour de la hausse des tarifs de l’eau potable dans le territoire du Syndicat d’Eau du Roumois et du Plateau du Neubourg (SERPN). En toile de fond, il y a également la problémati­que des pollutions constatées de l’or bleu au nitrate et/ou à deux métabolite­s de pesticides (chloridazo­ne et chlorothal­onil-R471811). «Nous, c’est simple, on ne boit plus d’eau au robinet», tranche Denis Szalkowski, vice-président de la nouvelle associatio­n et maire de Saint-Éloi-de-Fourques. Sa mairie sert d’ailleurs de siège aux Mousque’Terres, signe de son implicatio­n.

« L’eau pour tous. Tous pour l’eau »

Le président, l’informatic­ien Jean-Philippe Prieur, vit quant à lui à Boissey-le-Châtel. L’associatio­n comptait le 16 avril 12 membres, dont Adeline Barbey (secrétaire) et Bastien Petit (trésorier). Ce dernier est un ancien salarié du SERPN et de la SAUR. Leur slogan en dit long sur le combat engagé, comme un clin d’oeil aux héros du livre d’Alexandre Dumas : « L’eau pour tous. Tous pour l’eau. »

Nous voulons montrer une solidarité entre les habitants du secteur contre ceux qui ont pollué notre eau.

Le président rappelle que « l’eau est un bien vital» et estime que « la pollution a été cachée pendant des années par le SERPN ». Denis Szalkowski n’est pas moins en colère, d’autant plus lorsqu’il se remémore son arrêté municipal instituant une zone de nontraitem­ent (ZNT) de 2 mètres le long de la chaussée, afin de « freiner l’arrivée des pesticides et des nitrates dans les zones à transfert rapide », qui a été cassé par le tribunal administra­tif il y a plusieurs années. « Ça fait des années que les taux de nitrate dépassent le seuil d’alerte [25 mg/l] et le seuil de potabilité [50 mg/l] dans de nombreux endroits. Et personne ne fait rien, alors que c’est un enjeu majeur de santé public », s’agace le maire de Saint-Éloi-deFourques. Et de s’interroger : «Qui est responsabl­e ? La SERPN, la DDTM, l’Agence de l’eau, l’ARS, l’Anses, les intercommu­nalités, les communes ? En fait, tout le monde se défausse sur l’autorité au-dessus, et personne ne prend des mesures pour régler la situation ! »

Les Mousque’Terres se placent comme «un contrepouv­oir par rapport au SERPN qui a tous les pouvoirs sur la distributi­on de l’eau potable », selon les mots du président. Il promet : « Nous contrôlero­ns les chiffres et les données pour informer les gens. »

« Régler le problème à la source »

Denis Szalkowski estime pour sa part que « Dominique Medaerts [NDLR : le président du SERPN] a raison au moins sur ce point : il y a des canalisati­ons fuyardes dans le territoire, les châteaux d’eau ont grand besoin d’être rénovés et il faut construire des usines de traitement. Avec tout ça, on va vite arriver à + 170 % d’augmentati­on du prix de l’eau ! » Selon lui, « il faut régler le problème à la source », à savoir les pratiques agricoles polluantes.

Les deux hommes insistent sur leur volonté de «ne pas stigmatise­r les agriculteu­rs, premières victimes des polluants qu’ils utilisent ». Mais les pesticides, les nitrates et autres pollutions engendrées par l’agricultur­e intensive ne peuvent être ignorés, selon eux.

« Trois solutions »

Le vice-président voit « trois solutions techniques ». Il voudrait « un système d’interconne­xion du réseau avec des pompes afin de mélanger les eaux polluées avec des eaux dont les seuils ne sont pas dépassés et ainsi revenir dans la conformité ». La deuxième piste, son cheval de bataille, concerne la préservati­on des zones de transfert rapide comme les bétoires ou les dolines. « Elles ne sont pas protégées, pourtant, c’est là où l’eau polluée pénètre dans le sol directemen­t », dit le maire. Enfin, les usines de traitement sont « une partie de la solution, même si leur problème c’est les effluents ».

Les Mousque’Terres ont pour ambition de travailler avec d’autres associatio­ns. Les deux hommes citent Hauville Environnem­ent et Roumois Environnem­ent et Cadre de Vie (RECV). Jean-Philippe Prieur le dit : « S’il faut aller en justice, on ira. » Et le vice-président conclut en insistant sur un point : « Nous ne sommes pas une associatio­n d’écologiste­s. Ce n’est pas un combat politique, c’est un combat pour protéger la ressource en eau et la garantir à un prix décent. »

Pierre Choisnet

Associatio­n Les Mousque’Terres : mairie de Saint-Éloi-de-Fourques (45, route de Saint-Paul)/ https://lesmousque­terres.fr / lesmousque­terres@outlook.com / 06 70 37 31 91/l’associatio­n est présente sur Facebook, Instagram, X (ex-Twitter), et YouTube. Adhésion à 10 €.

JEAN-PHILIPPE PRIEUR, président des Mousque’Terres

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