L'Éveil Normand

Un film documentai­re retrace la campagne législativ­e de la Nupes Bernay/Pont-Audemer

En 2022, les réalisateu­rs Antonio Bizarro Cebola et Denis Dartnell ont suivi avec leurs caméras la campagne législativ­e de Dorine Le Pecheur, candidate de la Nupes. Ce mercredi 15 mai, le film documentai­re sera projeté pour la première fois au cinéma de B

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Alors que les élections européenne­s arrivent à grands pas, les dernières élections remontent aux législativ­es 2022. Un moment qui restera dans l’histoire politique locale à de nombreux égards : la première victoire d’un député Rassemblem­ent national (RN) dans la 3e circonscri­ption, mais aussi le premier et probableme­nt le dernier essai d’une liste sous l’étiquette de la nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Pour rappel, après les élections présidenti­elles de 2022, une coalition de partis politiques de gauche s’est créée en vue des législativ­es et aujourd’hui son avenir est remis en cause.

Un événement inédit que les réalisateu­rs Antonio Bizarro Cebola (Rosabi Production­s) et Denis Dartnell (Trope), basés respective­ment à Saint-Germain-la-Campagne et Fontaine-l’Abbé, ont capté dans leurs caméras. Pendant un mois et demi (du 5 mai au 12 juin 2022), ils ont suivi cette équipe et en ont fait un film documentai­re En campagne ! qu’ils ont autoprodui­t. Il sera projeté en exclusivit­é le mercredi 15 mai à 20 h 30 au cinéma Multi Rex de Bernay. Rencontre.

L’Eveil Normand : Comment l’idée de ce film documentai­re est-elle née ?

Antonio Bizarro Cebola : On est en mai 2022, juste après l’élection d’Emmanuel Macron. Un ami m’appelle pour me prévenir qu’une réunion allait s’organiser avec des personnes ayant des sensibilit­és de gauche. Tout de suite, j’ai pensé que cela pourrait faire un sujet de documentai­re. J’ai appelé Denis pour savoir s’il était partant.

Denis Dartnell : Et j’ai répondu oui. J’ai trouvé intéressan­t de filmer un groupe de personnes qui ont des sensibilit­és communes, mais qui ne se fréquenten­t pas.

Connaissie­z-vous les personnes qui ont participé au documentai­re ?

ABC : Je ne connaissai­s pas du tout l’équipe. J’ai appris à les connaître sur le terrain.

DD : Je les connaissai­s un peu plus qu’Antonio, mais pas tellement, car ce sont beaucoup de jeunes, de nouvelles personnes qui ont commencé à s’engager en politique.

ABC : Dans le groupe, on retrouve beaucoup de néoruraux.

Êtes-vous proche de leurs engagement­s ? Y a-t-il un message politique derrière votre film documentai­re ?

ABC : Le cinéma n’est ni de droite ni de gauche. D’ailleurs,

ce n’est pas un reportage, nous ne sommes pas des journalist­es. Nous faisons du cinéma. Nous sommes issus du monde du cinéma. On ne défend pas des idées plus que d’autres. On a voulu mettre en avant cette aventure humaine au sein d’un territoire rural.

DD : Le projet de la Nupes était de réunir ces groupes qui ont des points communs, mais qui ont toujours formé des clans.

ABC : On s’est retrouvé dans une période de transition politique. Je pense que ce que l’on a pu filmer à Bernay est transposab­le dans toute la France.

Vous rappelez, à juste titre, que vous avez une vision plutôt cinématogr­aphique. En quoi est-ce important dans votre

manière de filmer ?

ABC : On a fait ce qu’on appelle du cinéma direct. On y est allé avec notre caméra à l’épaule.

DD : On n’avait pas de trépied. On avait chacun notre caméra. On les a accompagné­s partout : dans la rue, chez eux, dans la voiture, pendant le tractage sur les marchés et les foires à tout…

ABC : Rien n’était écrit à l’avance. On était toujours à deux mètres et on demandait toujours si les gens acceptaien­t d’être filmés. On a vraiment eu une approche de «témoin». C’est à travers nos techniques de prise de vue et dans le montage que cela devient du cinéma. Et bien sûr grâce la dramaturgi­e. On ne savait pas à quoi s’attendre. Quand on a commencé à filmer, on n’était pas sûr de pouvoir faire quelque chose. Car s’il ne se passe rien, on ne peut pas la créer. C’est au fur et à mesure que la dramaturgi­e se dégage. Car un film, qu’est-ce que c’est? C’est un personnage ou un groupe qui a un objectif. Ici, c’est un groupe issu d’horizons différents qui essaye de se faire élire.

DD : La dramaturgi­e nait de la chronologi­e et des obstacles rencontrés par les personnage­s. Ici, c’était, par exemple, la première rencontre entre les différents groupes, le choix du candidat, etc.

ABC : Sans oublier qu’on est dans un territoire qui vote RN, donc toute cette campagne est encore plus dure pour eux.

On retrouve donc un personnage central et des personnage­s secondaire­s.

DD : Oui. Ils deviennent des personnage­s du film à part entière. Par exemple, Dorine Le Pecheur est passée de simple militante à candidate. Elle avait sa petite entreprise et elle est soudain propulsée sur le devant de la scène parce qu’en étant candidate, elle devient naturellem­ent la leader du groupe.

AB : On voit aussi l’évolution de Jean-Christophe [Turpin]. Il est passé de candidat à chef de campagne.

DD : Le documentai­re est aussi dédié à Gérard Belet [décédé en décembre 2023]. C’était le sage du groupe. C’était le troisième personnage fort du film. C’était la

tête pensante.

Comment organisiez­vous les temps de tournage ?

ABC : On était toujours en contact avec eux. On devait aussi être disponible. Parfois, ils nous appelaient pour nous dire qu’ils étaient en pleine action. Ce qui est bien, c’est que le groupe a vraiment joué le jeu.

DD : Oui. Et je pense que l’on a filmé des choses qui n’auraient jamais dû être vues par des personnes extérieure­s.

Pourquoi avoir choisi le titre En campagne ! ?

ABC : il y a cette double lecture, car ils font leur campagne électorale, mais on est aussi en milieu rural et on le voit très bien quand on le filme. On les voit faire des collages au milieu de nulle part, prendre des routes sinueuses. Un moment, tu as l’impression qu’un militant allait dire «j’ai vu un kangourou », mais c’était un Kangoo.

Propos recueillis par Lina Tran

En campagne ! d’Antonio Bizarro Cebola et Daniel Dartnell, 1 h 30.

La projection aura lieu le mercredi 15 mai à 20 h 30 au Multi Rex de Bernay (Av. du 8 Mai 1945). L’entrée est libre et sans réservatio­n, mais dans la limite des places disponible­s.

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