L'Éveil Normand

Des bénévoles ont restauré un mur en pierre pendant deux semaines

Dix bénévoles ont participé au chantier de restaurati­on organisé au Bec-Hellouin pour apprendre à tailler des pierres en utilisant des techniques traditionn­elles.

- Anthony Bonnet

Bricoleur à la retraite, après avoir occupé la fonction de proviseur adjoint dans un lycée de Lisieux, Frédéric mène un projet de rénovation de maison. Alors, quand il a vu dans les colonnes de l’Éveil il y a quelques semaines un article annonçant l’organisati­on d’un stage « Monuments historique­s », il s’est dit que ce chantier était fait pour lui. Et les premiers jours ne l’ont pas déçu. «On apprend plein de choses. Tailler une pierre, je ne l’avais encore fait et je compte bien mettre en pratique ce savoir chez moi, j’ai un appui de fenêtre à faire », sourit cet habitant de Goupillièr­es.

Comme lui, du 21 avril au 03 mai, dix participan­ts sont venus contribuer à la restaurati­on du mur de soutènemen­t de la roseraie de l’abbaye Notre-Dame-du-Bec. Un stage proposé par l’associatio­n CHAM (Chantiers Histoire et Architectu­re Médiévales), créée en 1980 et habituée à intervenir sur le site depuis maintenant huit ans.

Les bénévoles ont appris à tailler les pierres, puis à les poser, en utilisant les techniques et matériaux traditionn­els. Ils ont pu bénéficier des conseils du directeur technique, Thomas Moussu. Lui-même tailleur de pierre profession­nel, celui-ci leur apprend les rudiments de ce métier qui attire Martin, étudiant en archéologi­e à Bordeaux. « J’aime beaucoup, c’est un stage sympa. C’est satisfaisa­nt de voir le bloc évoluer de jour en jour », raconte le garçon âgé de 22 ans. « Il y a la massette, le grain d’orge, la gradine… », détaille Mathys, déjà rodé quand il s’agit de présenter l’outillage.

Travail en équipe et vie collective

Aucune connaissan­ce préalable dans le domaine n’est demandée, le chantier est ouvert à tous à partir de 16 ans. Les bénévoles doivent s’acquitter de la cotisation de l’associatio­n et des frais de pension.

Parmi ceux rencontrés à cette édition, plusieurs jeunes étaient présents dans le cadre de la deuxième phase de leur service national universel (SNU). « C’est mon père qui m’a inscrite. Quand il m’a annoncé que j’allais tailler de la pierre à l’abbaye, j’ai dit “cool ‘’ », raconte Maëlyne. Originaire de Bouquetot, cette étudiante en bac profession­nel prothèse dentaire, met à profit son goût pour les tâches minutieuse­s et précises. « Et j’aime aussi le travail en équipe et la dynamique de la vie collective », ajoute-t-elle.

Car c’est l’autre aspect de ces deux semaines passées au Bec-Hellouin. Les stagiaires ont vécu ensemble, logés dans un gîte à l’entrée du village. Célia Le Blainvaux est en charge de la logistique. L’abbaye, c’est un peu une deuxième maison, plaisante celle qui revient depuis cinq ans. « Il faut préparer les repas, on participe à des jeux le soir et des activités le week-end, explique l’encadrante. La bonne ambiance permet d’être soudés et c’est important. Quand on soulève des pierres de 100 kg, il vaut mieux bien s’entendre. »

Venu de Caudebec-lesElbeuf, Austyn, est lui aussi emballé par cette découverte. « Le patrimoine et les beaux paysages, on a ici ce qui existe de meilleur et c’est ce qui m’a attiré », confie le jeune homme de 17 ans.

«Tout le monde peut participer à la conservati­on du patrimoine », abonde Célia Le Blainvaux devant une pierre de Chauvigny (Vienne), aux caractéris­tiques similaires à celles employées à l’origine. « C’étaient des pierres de Goupillièr­es, mais la carrière est fermée, on ne les trouve plus », signale l’encadrante. Les enduits sont réalisés avec de la chaux hydrauliqu­e naturelle. Le béton est proscrit. «On a même enlevé des reprises en ciment, note Célia Le Blainvaux. Il faut respecter l’histoire du bâtiment et ce site exceptionn­el. »

Les restaurate­urs bénévoles reçoivent les encouragem­ents des moines. « Ils nous ont dit que cela leur faisait plaisir, cette partie de l’abbaye était un peu délaissée. Nous ne travaillon­s pas dans le vide, ce que nous faisons est utile à la collectivi­té », conclut l’encadrante.

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Frédéric (à droite), retraité, a apprécié d’avoir partagé ce stage avec de jeunes bénévoles.
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Martin, étudiant en archéologi­e, a appris à tailler des pierres à l’ancienne.

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