L'Éveil Normand

Pierre-Louis Basse et Ernest Pignon-Ernest dédicacero­nt La ruée vers l’or samedi 11 mai à Bernay

L’artiste Ernest Pignon-Ernest passera la journée du 11 mai prochain à Bernay. Il y dédicacera, avec son camarade écrivain Pierre-Louis Basse, leur livre La ruée vers l’or. La ruée vers l’or est un magnifique hommage aux athlètes des Jeux olympiques.

- • Serge Velain

De Jesse Owens à Teddy Riner, en passant par Emil Zátopek, Cassius Clay, Colette Besson, Carl Lewis, MarieJosé Pérec, Usain Bolt (classé par ordre d’apparition, dans la chronologi­e des Jeux et dans le livre)… ils sont 35 athlètes à figurer dans ce livre. Pour chacun d’eux PierreLoui­s Basse a écrit un texte et Ernest Pignon-Ernest a fait un, deux, trois, quatre, cinq… dessins (130 au total). Pierre-Louis Basse raconte des histoires, des joies, des chagrins dont Ernest PignonErne­st a créé le mouvement. Ce livre, on peut le picorer ou dévorer comme on veut, flâner entre textes et dessins sans cesser de s’adonner à la rêverie. À propos des dessins d’Ernest, Pierre-Louis dit que chacun d’entre eux « est une histoire qu’on va raconter à l’enfant qui refuse le sommeil; toute une aventure.» Il a bien raison.

Ces aventures sont celles des héros de l’Olympe, dont PierreLoui­s Basse rappelle qu’ils se battaient, lors de la création des Jeux en Grèce il y a 25 siècles, « nus et dépouillés de tout ce qui n’était pas leur corps », pour un rameau d’olivier. Un point c’est tout. Ils couraient, lançaient et se battaient autrement qu’en faisant la guerre. Libres et égaux, fraternels, ils avaient néanmoins pour

ambition de terminer premiers.

La tradition a perduré avec les Jeux de l’ère moderne (dont les 1ers se sont déroulés en 1896 à Athènes), tous les participan­ts aux JO représenta­nt leur nation. Lourde responsabi­lité, au XXe siècle, à l’heure du fascisme, du nazisme, de la guerre froide et de la ségrégatio­n raciale. De cela il est aussi question, dans le livre de Pierre-Louis Basse et Ernest Pignon-Ernest.

La ruée vers l’or est en effet l’histoire de grands champions ayant inscrit leurs noms au palmarès des JO… mais pas que. Un chapitre y est par exemple consacré à Gretel Bergmann, championne du monde de saut en hauteur mais interdite de JO en 1936, parce que juive. Merlene Ottey a quant à elle cette particular­ité d’avoir disputé 7 JO (eh oui!) de 20 à 44 ans, d’y avoir remporté 9 médailles, mais aucune en or.

Parmi eux ayant décroché l’or, cités dans le livre de Pierre-Louis Basse et Ernest Pignon-Ernest, il y a eu Alice Coachman, première femme noire championne olympique, à qui les installati­ons sportives étaient interdites en Géorgie (États-Unis d’Amérique); Cassius Clay, le petit-fils d’esclaves ; Wilma Rudolph, athlète noire médaillée d’or aux 100, 200 et 4 X 100 mètres en 1960 à Rome, la même année que Cassius Clay. « Une bonne partie de l’Amérique raciste les déteste », relève Pierre-Louis Basse.

Un peu plus tard (en 1968, année de l’assassinat de Martin Luther King), d’autres champions noirs allaient lever le poing sur le podium, accompliss­ant ainsi

un geste pour signifier « que les Noirs ne vont plus jamais se contenter de courir comme des bêtes de cirque. »

Évoquant la guerre froide, cette période qui vit s’opposer les blocs de l’Ouest (les États-Unis et leurs alliés) et de l’Est (l’Union des république­s socialiste­s soviétique­s et ses États satellites), Pierre-Louis Basse et Ernest Pignon-Ernest nous parlent d’Emil Zátopek, cet athlète tchécoslov­aque considéré comme le gendre idéal par les caciques du camp communiste, avant d’être considéré comme un traître.

Ils nous rappellent aussi que le 5 septembre 1972, des terroriste­s palestinie­ns assassinai­ent 11 champions israéliens à l’intérieur du village olympique, à Munich. Ce fut le moment choisi par le champion de natation Mark Spitz pour arrêter sa carrière. Mark Spitz, juif américain, avait remporté lors de ces jeux 7 médailles d’or et battu autant de records du monde. Il avait 22 ans.

Victimes de ségrégatio­n pour leur couleur de peau/ou leur religion, d’autres grands champions l’ont été également par racisme de classe. Beaucoup étaient en effet d’origine modeste, voire pauvre ou très pauvre. Ils ont forcé les portes d’un monde dont ils n’avaient pas les codes, et s’y sont imposés. Pourtant nulle part n’y est écrit qu’ils avaient de revanche à prendre. Comme si eux aussi, comme leurs lointains ancêtres, n’étaient en quête que

d’un rameau d’olivier, comme s’ils n’étaient là que pour s’amuser. « Il n’y a pas de jeux si l’on ne

s’amuse pas », dit à ce propos Teddy Riner, dernier athlète à avoir été «croqué» par Pierre-Louis Basse et Ernest Pignon-Ernest.

« Dessiner le sport, c’est retrouver cette fierté, ce courage, cette élégance qui accompagne­nt toute performanc­e », a écrit Pierre-Louis Basse dans La ruée vers l’or. Fierté, courage, élégance, trois qualificat­ifs qui vont bien au bel ouvrage qu’est La ruée vers l’or.

La Ruée vers l’or, En exergue éditions, 240 pages, 35 portraits et 130 dessins, parution le 26 avril 2024, est en vente 39,90 €.

Ernest Pignon-Ernest et Pierre-Louis Basse dédicacero­nt ce livre samedi 11 mai, de 11 h à 13 h et de 15 h à 17 h, à la galerie Alexandre, 25, rue Gaston-Folloppe à Bernay.

❝ Alice Coachman, Cassius Clay, Wilma Rudolph… une bonne partie de l’Amérique raciste les déteste.

PIERRE-LOUIS BASSE, ÉCRIVAIN

❝ En levant le poing en 1968, les Noirs signifient qu’ils ne vont plus jamais se contenter de courir comme des bêtes de cirque.

PIERRE-LOUIS BASSE

❝ Il n’y a pas de jeux si l’on ne s’amuse pas.

TEDDY RINER, JUDOKA, TRIPLE

MÉDAILLÉ OLYMPIQUE

 ?? Dessin Ernest Pignon-Ernest, La ruée vers l’or, En exergue éditions. ?? « Je vole comme le papillon et pique comme l’abeille ! » disait de lui-même le boxeur Cassius Clay.
Dessin Ernest Pignon-Ernest, La ruée vers l’or, En exergue éditions. « Je vole comme le papillon et pique comme l’abeille ! » disait de lui-même le boxeur Cassius Clay.
 ?? Dessin Ernest Pignon-Ernest, La ruée vers l’or, En exergue éditions. ?? Marie-José Pérec, la gazelle…
Dessin Ernest Pignon-Ernest, La ruée vers l’or, En exergue éditions. Marie-José Pérec, la gazelle…
 ?? Photo d’archives Facebook PLB ?? Comme ils l’avaient quand Ernest avait exposé ses Extases à Bernay en 2022, Pierre-Louis Basse et Ernest Pignon-Ernest traîneront certaineme­nt dans la rue Gaston-Folloppe, ce samedi 11 mai 2024.
Photo d’archives Facebook PLB Comme ils l’avaient quand Ernest avait exposé ses Extases à Bernay en 2022, Pierre-Louis Basse et Ernest Pignon-Ernest traîneront certaineme­nt dans la rue Gaston-Folloppe, ce samedi 11 mai 2024.

Newspapers in French

Newspapers from France