Une histoire de frelons par un entomologiste passionné, Alain-Michel Béa
Lors de la Fête des bons plants de Broglie, l’entomologiste Alain-Michel Béa a donné une conférence sur les insectes et plus précisément sur les frelons. Depuis sa plus tendre enfance, il est fasciné par le monde des insectes et le partage maintenant à travers des conférences.
La curiosité pour ces bestioles le prit alors qu’il n’était qu’un enfant de douze ans. Une chenille rencontrée sur un arbre lui a permis de découvrir le monde de l’infiniment petit. Son amour pour les insectes lui vint à ce moment-là. Cette passion ne le quitta plus. Aujourd’hui, il est entomologiste-consultant/ conférencier.
Des insectes partout
Les insectes : s’ils étaient à échelle de l’Homme? Que serions-nous ? Quelle place aurions-nous dans la société ?
En se référant à la classification de l’entomologiste suédois Carl von Linné (1707- 1778), les insectes constituent un groupe représentant plus de 80 % des espèces vivantes, tandis que parmi les vertébrés, dont l’Homme fait partie, on n’en compte que 0,005 %.
Nous rencontrons les insectes partout, sous tous les climats, s’alimentant aux dépens des végétaux cultivés ou sauvages, de bois vivant ou de bois d’oeuvre ; d’autres se nourrissent du sang des vertébrés. Malgré leur petitesse, ils nous mènent la vie dure. Si nous les voyons évoluer sous nos pieds, eux ne peuvent pas nous percevoir : nous sommes trop grands pour eux ! «S’ils atteignaient la moitié de notre taille, nous ne pourrions guère être en paix. Nous ne serions rien d’autre que de la chair vivante, du gibier en quelque sorte. Notre place serait moins enviable que n’est la leur de nos jours», déclare Alain-Michel Béa.
Zoom sur les frelons
Le frelon est parfois confondu avec une abeille et à ce titre on le surnomme l’abeille noire, voire le bourdon noir. C’est un insecte voisin de l’abeille, à corps noir et ailes bleutées, appelé aussi « abeille charpentière», parce qu’il creuse son nid dans le bois.
Comme tous les hyménoptères, cet insecte est doté de 4 ailes. Il atteint 45 à 50 mm d’envergure pour une longueur de 25 à 30 mm. Il est de couleur noir violacé, les ailes sont violet-bleuté. Il est très impressionnant par sa taille : il mesure de quatre à cinq centimètres.
Nous observons les xylocopes généralement au printemps, lorsqu’ils butinent les glycines et les groseilliers, ou creusent leur nid dans le bois sec. « Ils se reproduisent en mai-juin et les adultes sortent en fin d’été », décrit le conférencier. Cet insecte aime la chaleur et fréquente de préférence les lieux secs et ensoleillés. On le trouve dans les jardins et les bois. Le xylocope vit en solitaire, contrairement aux abeilles domestiques ou aux bourdons. Il hiberne en hiver.
« C’est un insecte non agressif, mais possédant un dard abdominal susceptible de piquer, ce qui est assez douloureux, mais non dangereux, sauf en cas d’allergie », souligne Alain-Michel Béa.
Construction du nid et éclosion
Ses mâchoires sont bien développées, ce qui permet au frelon de creuser le bois pour y faire son nid. Il s’attaque néanmoins le plus souvent à des parties plus ou moins dégradées du bois. À partir d’une entrée commune, plusieurs galeries parallèles et de longueur variable sont creusées. « Elles sont divisées en logette par des cloisons de sciure amalgamée avec de la salive. Dans chacune d’elles, un oeuf y est déposé, accompagné d’un agglomérat de pollens façonnés par la femelle, lequel sert évidemment de nourriture pour la larve », indique l’entomologiste. Parfois, il s’installe dans des galeries de bois déjà existantes. Plusieurs oeufs sont pondus par galeries, classiquement entre 10 et 15. Les plus proches de la sortie écloront et sortiront les premiers.
S’il existe un insecte que les hommes détestent le plus, c’est cette malheureuse guêpe de l’ordre des hyménoptères que les entomologistes nomment Vespa crabro.
«Le frelon ressemble à une grosse guêpe dont les couleurs varient selon leur rang social. Les reines sont plus grandes et jaune vif annelées de bandes noires tandis que les ouvrières sont plus pâles avec des anneaux noir plus clair», détaille-t-il. Les soldats sont généralement plus orangés et sensiblement aussi grands que la reine. « Une guêpe est en général plus agressive qu’un frelon », décrit Alain-Michel Béa.
En fait, le frelon est un insecte inoffensif. De nombreuses personnes le craignent à cause de sa dimension et redoutent sa piqure. Pourtant, il n’attaque qu’en cas de nécessité quand son nid est menacé ou qu’il s’estime en danger. Le nombre de sites naturels est faible ou en diminution. Mais derrière cette crainte, il se cache un phénomène bien plus profond qu’il n’y paraît. « Nous en avons peur, parce que nous ne les connaissons pas ou alors très mal. Et comme tout ce qui est inconnu nous fait peur, nous les redoutons », met-il en avant.
Quelques conseils
Les frelons asiatiques constituent une espèce invasive qui a été introduite accidentellement en France. Sa première apparition se situe en 2004 dans le Lot-et-Garonne, depuis le frelon s’est étendu sur le territoire français. Il est présent en Normandie depuis 2011. Depuis, le nombre d’individus ne cesse d’augmenter.
En cas de piqûre, il est conseillé de se rendre aux urgences le plus rapidement possible. «Si la piqûre du frelon asiatique est douloureuse, elle n’est pas plus dangereuse que celle d’une guêpe ou d’une abeille. Mais le dard peut traverser vos vêtements et même le caoutchouc de bottes», déclare Alain-Michel Béa. De plus, le frelon asiatique peut piquer à plusieurs reprises, car il ne perd pas son dard. C’est ainsi que l’on ressent une sensation de plus grande quantité de venin.
De plus, il ne faut jamais s’approcher d’un lieu contenant des frelons asiatiques. Le frelon asiatique est chez lui partout et une présente forme d’irradiation quand on le dérange.
De notre correspondante Florence Deschauwer