Non, le déclin n’est pas une fatalité !
Aucune question ne divise autant les économistes que le futur de la croissance. D’un côté, les pessimistes, emmenés notamment par Robert Gordon. Pour eux, la troisième révolution industrielle, celle qui nous rend intelligents, est beaucoup moins puissante que la deuxième, celle qui nous a rendus plus forts. La vague de l’innovation digitale ne serait en effet pas comparable à la grappe d’innovations apparues durant le dernier tiers du xixe siècle. Nous entrerions donc dans une période de stagnation.
Pas du tout, répondent, de l’autre côté, les optimistes, pour qui le monde serait même à l’aube d’une réjouissante période d’hypercroissance. Les raisons de cette confiance? Les outils statistiques actuels sous-estimeraient la création de valeur. Les gains de productivité de la révolution digitale ne sont pas encore pleinement perceptibles et les possibilités illimitées de calcul ouvrent la voie à une multitude de nouveaux business.
De quel côté les auteurs, tous enseignants et collègues à la Banque de France, font-ils pencher la balance? Du côté de ceux qui sont convaincus que l’avenir sera avant tout… ce qu’on en fera. Car ils aboutissent à la conclusion suivante : c’est la qualité de la combinaison entre les institutions, l’innovation et les systèmes de protection sociale qui fait la performance économique d’un pays.
Or, avertissent nos trois économistes, la révolution digitale va opérer une vaste redistribution des cartes. De grands pays émergents pourraient supplanter des pays très avancés, et certains de ces derniers sont menacés de décrocher. C’est le sort qui guette la France si elle n’est pas capable d’adapter ses institutions. Les fameuses réformes « structurelles », que certains jugeront libérales, alors que les auteurs montrent qu’elles ont porté leurs fruits partout ailleurs en élevant significativement le niveau de croissance et d’emploi du pays, mais de quatre à huit ans après avoir été engagées…
LE BEL AVENIR DE LA CROISSANCE
PaR aNtONiN BeRGeauD, GiLBeRt Cette et Rémy LeCat. ODiLe JaCOB, 204 P., 21,90 €.