LE CUBISME AU SOMMET
Avec son nez démesuré en triangle, l’Autoportrait de Pablo Picasso, en 1907, annonce le cubisme, ce courant fondateur de l’art moderne, auquel le Centre Pompidou offre un vaste panorama. Georges Braque, lui, géométrise les volumes dans son archaïque Grand nu (photo). Les deux jeunes pionniers piochent autant dans les arts primitifs que dans le credo cézannien : « Traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône. » De ces sources d’inspiration jaillit un torrent expérimental. « La reproduction illusionniste est balayée. Le motif devient une structure indépendante et autonome », souligne la commissaire Brigitte Leal. Non sans bousculer la vieille garde. Les vues de L’Estaque peintes par Braque sont dédaignées par le Salon d’automne. Henri Matisse, membre du jury, ironise sur ces « petits cubes » qui trouvent refuge à la galerie de DanielHenry Kahnweiler, ardent promoteur de la révolution picturale en marche. Des origines à l’extinction du cubisme (l’aventure s’arrête au seuil de la Grande Guerre), Braque et Picasso forment le tandem star du parcours.
Les autres cubistes, en nette infériorité numérique, existent plus ou moins. Albert Gleizes, Juan Gris, Fernand Léger, Robert et Sonia Delaunay tirent leur épingle du jeu, tandis que Francis Picabia ou Jacques Villon se noient dans la masse.
Une section, séduisante, pointe les liens entre artistes et plumes, avec Apollinaire, chroniqueur à L’Intransigeant, ou Max Jacob, qui occupa une chambre au Bateau-Lavoir, l’atelier montmartrois où Picasso commit ses premiers faits d’art cubistes.
LE CUBISME 1907-1917
AU CENTRE POMPIDOU, PARIS (IVE), JUSQU’AU 25 FÉVRIER 2019.
15/20