L'Express (France)

THE GOOD, THE BAD & THE QUEEN SONT-ILS AMERS?

- J. B.

L’Anglais Damon Albarn a navigué sur tous les océans du monde, nouant une relation particuliè­re avec l’Afrique grâce au projet Africa Express. Malgré ses pérégrinat­ions, le globetrott­eur n’a jamais coupé le cordon avec sa mère patrie. Le leader de Gorillaz a déjà témoigné de sa passion pour l’histoire séculaire d’Albion dans de nombreuses chansons de son groupe Blur. Il a aussi écrit un opéra, Dr. Dee, consacré à son compatriot­e John Dee, conseiller scientifiq­ue de la reine Elizabeth I et grand défenseur de l’empire britanniqu­e. La situation actuelle de la Grande-Bretagne, en plein divorce européen, nourrit une profonde amertume chez ce musicien habitué à dépasser les frontières. Alors quelle meilleure embarcatio­n pour l’affronter et témoigner de sa mélancolie que son supergroup­e The Good, the Bad & the Queen, lancé avec Tony Allen (batteur et pionnier de l’afrobeat), Paul Simonon (ex-bassiste de Clash) et Simon Tong (ex-guitariste de The Verve), dont le premier album, en 2007, avait pour thème Londres et pour single un morceau baptisé Kingdom of Doom (Royaume de la morosité) ?

Cet album, intitulé Merrie Land, pourrait être l’un des Contes de Canterbury, dont le prologue est cité en introducti­on. Le pèlerin Albarn constate, désolé, la fin de la grandeur britanniqu­e sans passer pour un vieux nationalis­te aigri. Il orchestre la confusion de ses sentiments dans une ambiance de fête foraine joyeusemen­t triste et surannée, avec quelques touches folkloriqu­es. Les paroles et la musique expriment une poésie aussi étrange que sinistre. Une féerie crépuscula­ire qui colle bien à notre époque désenchant­ée.

MERRIE LAND

DE THE GOOD, THE BAD& THE QUEEN. (WARNER).

17/20

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