JURASSIC MALT
La distillerie de l’île de Jura produit des single malt appréciés et harmonise aujourd’hui sa gamme autour d’une tonalité aromatique douce et fumée.
L’île de Jura n’est pas le bout du monde, mais il ne faut pas moins de deux vols et une traversée pour s’y rendre depuis Paris : un saut de puce en avion à hélice de Glasgow vers Islay, tout au sud de l’archipel des Hébrides, puis un court trajet en ferry jusqu’au port de Feolin, sur l’île de Jura. Une des contrées les plus sauvages d’Ecosse, où seules 200 âmes partagent avec 6 milliers de cerfs et de daims de grands espaces au paysage lunaire. Ici, les landes sont recouvertes de tourbe, cette matière organique faite de terre et de végétaux qui donne aux whiskys des saveurs fumées et iodées, tant prisées. Après vingt minutes de voiture, la seule route de l’île mène à l’unique pub et à l’unique distillerie : Isle of Jura, rouverte en 1963, après des travaux de réhabilitation des installations.
C’est d’ailleurs à cette époque que Jura trouve sa particularité : des alambics de très haute taille (les deuxièmes plus grands d’Ecosse!) qui laissent seulement parvenir les vapeurs d’al- cool les plus légères jusqu’à leur sommet : « Nos alambics, mesurant chacun près de 8 mètres de hauteur, confèrent à notre whisky un caractère délicat très particulier, explique Graham Logan, présent dans l’entreprise depuis près de trente ans et nommé directeur de la distillerie en 2016. Cette hauteur nous aide à lui donner un esprit très léger et pur, ce qui nous permet également d’avoir une certaine créativité dans l’élaboration des profils de saveur, notamment grâce à la maturation. » Ainsi, Jura se différencie des single malt d’Islay, opulents et tourbés.
C’est sur cet héritage que la distillerie a lancé sa gamme Signature, cinq single malt doux et légèrement fumés. Une manière de fusionner deux styles qui définissaient jusqu’ici les eaux-devie insulaires : tourbé (l’orge qui se transforme en malt est fumée à la tourbe) ou non tourbé. « Ce nouveau style maison reflète à quel point nous sommes engagés à long terme dans la distillerie, la communauté et nos whiskys. Combiner deux approches est certes peu orthodoxe, mais nous savons que cela correspond à Jura », poursuit Graham Logan.
Une façon de puiser dans l’ADN de ce caillou retiré, où George Orwell s’isola pour terminer son roman 1984… Une oeuvre qui inspira la création du Jura 1984 Vintage, un single malt de 30 ans d’âge titrant 44 degrés en édition limitée… à 1 984 bouteilles.