« Seul. Tout seul »
Où Emmanuel Macron doit gérer les européennes, les maires, les gilets jaunes, les féministes et Angela Merkel. Episode LXXIX.
pas question de fâcher le maire de Bordeaux. C’est d’ailleurs lui qui engage les débats du dîner : « Nous gagnerons les élections si nous restons droits dans nos bottes, aussi déterminés à réduire la mauvaise graisse de la Commission de Bruxelles qu’à dénoncer l’identité peureuse des nationalistes. » « Bravo! » lance Franck Riester, et chaque convive comprend que cet homme, silencieux depuis le début, est non pas un maître d’hôtel, mais le ministre de la Culture, président du groupuscule Agir – les macronistes de droite. « C’est la première fois que j’entends sa voix », songe Jean-Pierre Raffarin, qui ajoute : « L’Europe d’en haut ne se construira pas contre la France d’en bas. Le doute est moite, mais la rente est morte. » Macron se réjouit d’avoir installé l’ancien sénateur poitevin en bout de table… « Tout à fait ! Gare au ras-le-bol fiscal! s’enflamme Pierre Moscovici. Je suis en phase intense avec toutes vos idées, je me sens comme la convergence naturelle de vos combats et serai donc ravi de mener la liste que vous soutiendrez… » « Pas si vite, intervient Macron. Aucune tête de liste ne sera choisie avant le début de 2019. Laissons d’abord les autres partis choisir leurs meneurs. » « Bonne tactique, enchaîne le maire de Pau. Nonobstant, pour faire patienter le peuple et tout à la fois l’enthousiasmer, j’annoncerai bientôt ma nomination à la deuxième place… » « Toi, député européen ? Pour avoir des assistants fournis gratuitement, bien sûr… » Ainsi Rugy a-t-il répliqué à Bayrou. Quelques secondes plus tard, les deux François s’empoignent, tandis que Jean-Yves Le Drian, qui somnolait à cause du décalage horaire, songe aux pauvres Yéménites décimés par la guerre civile. Le président de la République demande aux huissiers d’intervenir, et glisse à Alain Juppé : « Il y a des jours où j’aimerais mieux être Dupont-Aignan… »