MARMANDE : UNE COLÈRE NÉE À L’OMBRE DE BORDEAUX
A 90 kilomètres de la capitale girondine, les gilets jaunes dénoncent la hausse des prix, mais aussi le « tout-métropole «. Et pourtant…
L «’argent, dans ce pays, il y en a. Mais Macron préfère le prendre dans la poche des petits et supprimer l’ISF de ses copains les riches. » Sur le rond-point du Leclerc de Marmande, Jean-Jacques fulmine. Voilà des jours et des jours que cet ancien artisan boucher, « ruiné par le RSI », la Sécu des indépendants, organise avec ses copains des barrages filtrants. Des jours qu’il se mobilise « pour qu’enfin les choses changent et que ceux d’en haut pensent un peu à nous ». Des jours qu’avec lui la sous-préfecture de Lot-et-Garonne, de tradition radsoc, connaît des temps tourmentés.
Ici comme ailleurs, le prix des carburants et le pouvoir d’achat ont servi de détonateur. « Je l’ai expliqué à mes enfants, témoigne Cristelle. Si, tous les soirs, maman est absente de la maison, c’est pour être capable de vous acheter des gâteaux et du Nutella. » Mi-gasconne, mi-andalouse, Cristelle ne manque ni d’énergie ni de courage. Micro-entrepreneuse, elle assure le secrétariat d’agriculteurs, entretient des jardins, nettoie des véhicules, mais elle le dit tout net : « Avec mon conjoint, on touche 2200 euros par mois. Et on ne s’en sort pas. »
Ici comme ailleurs, à hauteur du barrage, il arrive qu’un automobiliste râle de temps à autre, mais les approbations l’emportent largement. « On nous apporte du café et des croissants, on nous lance des mots d’encouragement. Franchement, cela fait chaud au coeur », témoigne Christophe. Il arrive même que des militaires, officiellement tenus au devoir de réserve, lèvent le pouce en signe de soutien…
Ici comme ailleurs, le mouvement a permis d’exprimer un ras-le-bol général. Et tout y passe : les « salaires des députés, qu’il faudrait diminuer de moitié », « les 40 voitures qui ont suivi Macron pendant son voyage dans le nord et l’est de la France », la « situation dans les Ehpad, où l’on n’a même pas assez de couches pour changer les personnes âgées ». Sans oublier « les profiteurs du système », qui hérissent ceux qui le financent par leur travail et leur honnêteté. « J’ai commencé à travailler à 14 ans, d’abord en usine, puis comme cantinière dans les écoles. Aujourd’hui, je touche une retraite de 800 euros par mois, raconte Françoise. Et dans mon village, un couple de
« Ils sont tous incompétents, à droite comme à gauche. C’est bien le problème »