L'Express (France)

SONIA BEN ALI

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Les dernières crises l’ont prouvé : les métropoles sont de plus en plus confrontée­s à des afflux de réfugiés. Les immenses camps construits au milieu de nulle part par des organisati­ons internatio­nales et des ONG dans les pays en développem­ent n’offrent que peu d’avenir aux population­s déplacées, qui préfèrent trouver asile dans les villes. Plutôt que de fermer les yeux, Sonia Ben Ali a choisi de les aider à se reconstrui­re. Son associatio­n, Urban Refugees, a pour ambition de leur apporter les moyens de réaliser leurs projets. « Ils connaissen­t leurs besoins mieux que personne », plaide la jeune femme. L’ONG fonctionne comme un incubateur : elle finance les initiative­s permettant aux membres d’une même communauté de s’organiser, afin, par exemple, de scolariser leurs enfants ou d’éviter les dangers de l’exploitati­on au travail.

C’est au Liban, lors d’un stage auprès du Haut-Commissari­at des Nations unies pour les réfugiés (HCR), que le déclic se fait pour Sonia. « Des centaines d’exilés soudanais s’étaient installés dans un parking souterrain et restaient totalement invisibles aux yeux de la société, raconte-t-elle. Un jour, ils sont sortis manifester dans la rue, réclamant une rencontre avec le directeur local du HCR, que ce ce dernier a acceptée. J’ai compris l’impact que pouvait avoir une communauté de déplacés quand ils prenaient une initiative commune. » En 2012, tout juste diplômée de Sciences po Bordeaux, elle décide de créer un site avec l’aide d’un ami graphiste pour répertorie­r les métropoles où vivent des population­s déplacées, puis recenser les ONG actives localement.

Après s’être vu accorder une bourse, en 2016, par le Bureau de la population, des réfugiés et de la migration du Départemen­t d’Etat américain, Sonia se rend dans la capitale malaisienn­e, Kuala Lumpur, où vivent 300 000 réfugiés, pour créer son premier incubateur. Urban Refugees y apporte une aide financière et un coaching à trois communauté­s – afghane, somalienne et rohingya. Pendant un an, ces groupes vont pouvoir numériser leurs moyens de communicat­ion internes (créer des sites, obtenir des smartphone­s) ou trouver des emplois à leurs membres. Grâce à de nouvelles subvention­s accordées par plusieurs fondations et le HCR, l’expérience sera reproduite dès janvier 2019 à Kampala, en Ouganda, où 200 000 réfugiés sud-soudanais se perdent dans la jungle urbaine. En attendant une première initiative à Paris, programmée dans la foulée.

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