Autopsie d’une âme
temps perdu A la recherche du
Et pourtant Marc Lambron y parvient. A l’occasion de la grande exposition consacrée au King de la pop au Grand Palais, l’écrivain nous livre son Jackson ; sa vision de cet artiste hors norme qu’on n’hésitait pas à comparer à un extraterrestre. Le texte est parsemé de très belles formules pour évoquer le chanteur, comme, au hasard, le « Dorian Gray de la danse lunaire ». Plus qu’un portrait, Lambron parle carrément d’une autopsie. Il n’a pas tort : c’est souvent dans le corps que se cache l’âme. On commence par l’enfance, forcément, et peut-être que tout est là. Enfant battu et moqué pour son nez en patate, il restera traumatisé par cette humiliation.
Au fond, sa vie entière repose sur la nécessité de se réfugier dans des mondes imaginaires et de tenter de vivre enfin cette enfance qu’il n’a jamais eue. Les Jackson vont même devenir des personnages de dessin animé, de quoi brouiller encore davantage le sens du réel pour le jeune Michael. Avec son air naïf et armé d’une incessante douceur béate, Marc Lambron va pourtant traquer la force maléfique du chanteur, et « les rumeurs d’un démonisme qui torturait son âme ».
Thriller n’est probablement pas qu’un divertissement cherchant à produire des frissons. Quelle était la part de mort-vivant chez Jackson? N’est-il pas devenu d’ailleurs le mort le plus vivant de l’histoire de la musique? En lisant ces pages, on ressent une forme de tristesse ; le portrait d’un homme jamais en phase avec lui-même, perdu dans les dédales du chemin qu’il dessine pour se fuir. D’une manière assez symbolique, l’auteur avoue n’avoir jamais vu d’aussi près Jackson qu’au musée Madame Tussauds, à Londres ; il s’est alors retrouvé face au mannequin de cire, arrêté dans sa course effrénée et enfin en paix.
VIE ET MORT DE MICHAEL JACKSON
par Marc LaMbron. rMn, 112 p., 14 €.