AGATHA CRYPTÉE
a nouvelle, dévoilée le 18 avril dernier par un communiqué de Canal +, est aussitôt relayée par de nombreuses rédactions, avant de faire carrément l’objet d’une dépêche AFP. Dix lignes, quatre paragraphes, pour annoncer l’acquisition par la chaîne cryptée d’une collection de sept mini-séries inédites adaptées des romans policiers d’Agatha Christie. Il fallait bien ça pour se hisser au rang de la « reine du crime ». Sept mois plus tard, nous y voilà : Témoin
Lindésirable, adaptation d’Ordeal by Innocence (1958), sans Hercule Poirot ni Miss Marple, plonge les téléspectateurs dans l’univers sombre et mystérieux de l’écrivain britannique.
L’histoire, développée sur quatre épisodes de quarantecinq minutes, se déroule à Noël, en 1954. Rachel Argyll (Anna Chancellor), une riche philanthrope, est assassinée à Sunny Point, la somptueuse propriété familiale. Tout semble accuser Jack (Anthony Boyle), l’un de ses fils adoptifs. Alors qu’il clame son innocence, le jeune homme est arrêté puis incarcéré. Il meurt avant la tenue de son procès, à la suite d’une prétendue bagarre avec un détenu. Mais était-il le véritable coupable ? Pourquoi l’enquête a-t-elle été bâclée ? L’affaire est relancée par l’arrivée, dix-huit mois plus tard, d’un inconnu assurant détenir un alibi pour Jack la nuit du drame. Mais quel crédit accorder aux déclarations de cet homme étrange, nerveux, dont les Argyll cherchent à tout prix à se débarrasser ?
Débute alors un huis clos oppressant, façon Cluedo géant, dans lequel chaque membre de la famille, y compris la gouvernante, pourrait être le ou la coupable. D’autant que la défunte Rachel, mère et épouse brutale et humiliante, avait donné à tous une bonne raison de lui en vouloir. Secrets de famille, relations cachées et faux-semblants façonnent cette adaptation soignée, dotée d’un casting brillant. Citons Bill Nighy (Love Actually) et Matthew Goode (Downton Abbey, The Crown), qui livrent une performance glaçante. A l’image de l’ambiance dans le manoir. La scénariste, Sarah Phelps, à qui l’on doit une des adaptations télé des Dix Petits Nègres, s’accorde quelques libertés par rapport au roman, histoire d’assurer le suspense. C’est courageux, même si cette audace peut déstabiliser les fidèles lecteurs d’Agatha. Elle est ici épaulée par Sandra Goldbacher à la réalisation, qui, en multipliant les flash-back, ne fait qu’accentuer la noirceur et les suspicions au sein du cercle familial.
TÉMOIN INDÉSIRABLE
À PARTIR DU JEUDI 29 NOVEMBRE, À 21 HEURES, SUR CANAL +. Trop cérébral. Quatre minutes de Dix pour cent. Trop répétitif.
Et le temps continue de filer. Et pourquoi ne pas tenter un documentaire sur la gastronomie italienne ? L’idée n’est pas mauvaise… Seulement l’appétit n’y est plus. Le dîner est terminé depuis belle lurette. Il est 22 h 30. Et l’on n’a rien regardé. Désormais, à l’heure du numérique, les soirées se déroulent devant une page d’accueil.
On en viendrait presque à regretter les partis pris de l’ORTF.