RIAD SATTOUF SUPERSTAR
voir droit à sa propre exposition au Centre Pompidou à 40 ans ressemble à une consécration. Le dessinateur de bandes dessinées Riad Sattouf peut savourer cet honneur, d’autant qu’il succède aux stars franquin et Art Spiegelman sur les cimaises de Beaubourg, au moment même où le tome IV de son Arabe du futur connaît un succès phénoménal (170 000 exemplaires vendus en six semaines seulement). Le principal apport de cette expo gratuite est de mieux comprendre la trajectoire du jeune auteur des Cahiers d’Esther, à travers des dizaines et des dizaines de planches originales.
Comme nombre de dessinateurs au trait apparemment simpliste (on pourrait citer Bretécher et Binet), Sattouf dispose en réalité d’une palette technique assez large. Adolescent, son rêve est de réaliser des space operas à la Moebius ou des scènes à la Loustal, comme en témoignent ses émouvants premiers dessins. En partageant un atelier avec Joann Sfar (Le Chat du rabbin) et Christophe
Blain (Quai d’Orsay), il va peu
Aà peu épurer son style. Progressivement, de Pascal Brutal à La Vie secrète des jeunes, son trait prend l’apparence ronde et simple qu’on lui connaît aujourd’hui, s’apparentant un peu à celui des Simpson.
L’exposition est aussi l’occasion de revenir sur ses aventures au cinéma, et en particulier sur Les Beaux Gosses, gros succès au box-office. Le très beau catalogue, truffé d’inédits, qui accompagne l’exposition (Allary Editions/BPI, 210 p., 30 €), avec ses photographies et les textes de Sattouf (il raconte qu’il est allé acheter une veste chez H & M avant d’aller signer son premier contrat…), complète parfaitement la visite. Et, en le refermant, on se pose une question presque angoissante : que va faire Riad Sattouf de ses quarante prochaines années ?
L’ÉCRITURE DESSINÉE
BIBLIotHèquE PuBLIquE d ’ InfoRMAtIon, CEntRE PoMPIdou, PARIS (IVe). JuSqu’Au 11 MARS 2019. EntRéE gRAtuItE. Retrouvez dans par Claire Chazal du lundi au vendredi à 13 heures et 20 h 20 présentée