Foucault, encore une fois
Les archives de Foucault nous livrent deux inédits du philosophe autour de la sexualité. Thème central de ses recherches, il nous est ici présenté à travers deux cours, l’un donné à l’université de Clermont-Ferrand en 1964 et l’autre à celle de Vincennes, en 1969. Si les enseignements apparaissent sous forme de notes, d’architecture et d’esquisses de développement, l’appareillage critique permet de rendre compte de l’évolution de Foucault sur ce thème. Le premier des deux cours montre l’émergence historique d’un thème culturel en apparence universel : la sexualité, et la façon dont elle a été « naturalisée » et constituée en objet de savoir possible. En partant, paradoxalement, d’une analyse naturaliste et de données biologiques sur la sexualité animale, Foucault va retirer à la sexualité sa naturalité.
Il le fait en se référant à Freud et à Sade, qui, le mieux, sut manifester la dimension tragique de l’érotisme. Cette « dénaturalisation » permet d’appréhender de façon alternative ce qu’on appelle les « perversions », angle sous lequel la sexualité a toujours été questionnée. Le deuxième cours envisage la sexualité sous l’angle de ce que Foucault va appeler les « formations culturelles ». Il démontre que nul « objet » ne préexiste aux formations culturelles qui l’ont rendu possible, y compris les objets de la science. Bien sûr, nous sommes là dans les années 1960. Or, déjà avant 1968, Le Deuxième Sexe, de Simone de Beauvoir, la libération de la femme, la sexualité comme enjeu politique ont ouvert le champ. Le discours foucaldien s’insère lui-même dans une formation culturelle. Il faudrait aujourd’hui décrire ces différentes pratiques discursives qui ont vu conjointement émerger #MeToo, une renaissance de l’homophobie et un recul du droit à l’avortement pour continuer le travail si précieux entamé par le philosophe, disparu en 1984.
La Sexualité,
Discours de la sexualité,