L'Express (France)

DANS LE SILLAGE D’UN HOMME DE GOÛT

- M. L. D.

otes d’agrumes, impression­s poudre de cacao, couleur légèrement ambrée, structure boisée »… On pourrait se croire en pleine dégustatio­n de châteauneu­f-du-pape ou de whisky irlandais. Et pourtant, nous venons de déboucher des bouteilles… de parfum. Voici les trois nouvelles créations de Nicolas Julhès, la petite quarantain­e, plus connu pour diriger une épicerie gastronomi­que familiale rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris, que pour son habitude de parfumer les cous. L’« aventurier du goût », comme il aime à se définir, n’en est pas à sa première invention. Il y a quelques années, avec son frère Sébastien, il a imaginé une chose impensable jusqu’alors : distiller ses propres alcools, créant l’unique Distilleri­e de Paris où son alambic flambant neuf

Nproduit le fruit de ses alliances aromatique­s et esthétique­s : gins, whiskys, vodkas en sortent au goutte-à-goutte avec des accents de cerise ou de poivre inédits, renforcés par des maturation­s en fûts aux arômes qui font le bonheur des connaisseu­rs.

CULTE DE LA BERGAMOTE

Ce que l’on découvre aujourd’hui, c’est également son amour du parfum depuis l’enfance : « Il contribue à la mise en scène de soi-même, comme la cravate et le gilet que j’endosse dès qu’il s’agit de poser pour une photo ou d’animer des ateliers », explique-t-il. L’homme adore les eaux de Cologne puissantes et voue un culte à la bergamote, cet agrume sicilien hyperfin et frais. Il a donc commencé un travail avec un nez autour de ce que l’on appelle un « concentré de parfum ». Ensuite, contrairem­ent aux processus des parfums traditionn­els qui exigent de diluer ce concentré dans un alcool dénaturé neutre (Ethanol), Nicolas effectue cette étape avec des alcools extraits de son propre alambic à partir de bases naturelles. Viennent donc s’ajouter des reflets ambrés, chauds et enveloppan­ts de canne à sucre (pour l’opus C1), des notes florales et boisées de genièvre (pour l’opus G1), ou la douceur aromatique et fraîche des agrumes (pour l’opus A1). Des parfums que vous ne sentirez pas ailleurs, lovés dans de jolis flacons bleus façon apothicair­e, surmontés de bouchons de hêtre brûlé, comme le fond des barriques. Son alambic porte le numéro 751301, 75 pour Paris, 13 pour son année de création (2013), 01 pour la première distilleri­e, mais son vrai nom de baptême est « Même pas peur », une expression que Nicolas Julhès a choisi comme mantra. Il fallait bien cela pour oser s’attaquer au monde normé de la parfumerie classique, qu’il bouscule à sa manière de passionné, avec un engagement total.

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Eau de parfum A1 100 ml, 159 €.

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