Le dernier combat des anti-Brexit
Avant le vote du 11 décembre au Parlement britannique sur l’accord signé entre Bruxelles et Londres, des patrons, petits et grands, rêvent encore d’un nouveau référendum.
l’approche de la gare de Waterloo, le train de banlieue de la South Western Railway commence à baisser de régime, invitant ses passagers à relever le nez et à admirer le paysage industriel qui borde les rives de la Tamise. Entre la station Vauxhall et le terminus de l’ancienne gare internationale de la capitale, le tortillard frôle des usines et de petites résidences pavillonnaires, gardant les buildings de la City bien en ligne de mire. Soudain, un large panneau vient troubler ce train-train quotidien. Encre noire sur fond jaune fluo, il est inscrit en lettres capitales « Bollocks to Brexit : it’s not a done deal ». Traduisez : « Brexit de mes couilles : rien n’est encore joué. »
AL’auteur de cette affiche n’est autre que Charlie Mullins, le plus célèbre des plombiers londoniens. A 66 ans, ce chef d’entreprise autodidacte a depuis longtemps troqué sa salopette bleue pour un costume trois pièces tiré à quatre épingles. Celui qui a quitté l’école à 15 ans sans aucun diplôme a monté un empire de la tuyauterie et des services aux particuliers. Ses camions Pimlico Plumbers, reconnaissables à leurs couleurs bleu, blanc, rouge, sillonnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre les rues de Londres. Il emploie 450 personnes, réalise plus de 45 millions de chiffre d’affaires et assume totalement son excentricité so british. « Pour nos entreprises, ce Brexit est une catastrophe. Et l’accord passé par Theresa May avec Bruxelles fait peser un gros risque sur notre économie. C’est important que nos PME s’engagent, car ce sont elles qui vont souffrir », prévient le fantasque chef d’entreprise, dont la démonstration est brutalement interrompue par les aboiements de sa chienne. « Elle sait tout de suite quand je parle de Theresa », s’esclaffe Charlie Mullins.
Ce panneau anti-Brexit, juché sur le toit de son entreprise, lui a valu des remontrances des autorités locales. Mais ce farouche « remainer » (terme