Primos primés
ce seul mois concentrant traditionnellement le quart des achats. Mais pour les autres ? Cela frise la bérézina. Ainsi que l’a constaté Livres Hebdo, la rentrée n’a pas porté ses fruits : les ventes de romans se sont effondrées de plus de 6 % au troisième trimestre. Les raisons de la déroute? L’absence de locomotives grand public et la météo. Sacré été indien, qui a rempli les terrasses des cafés et vidé les librairies. Principales victimes, les auteurs consacrés. A l’exception d’Amélie Nothomb, tous ont peu ou prou divisé leurs scores par deux ou plus : Boualem Sansal, Eric Fottorino, Serge Joncour, Alain Mabanckou, Laurence Cossé, Agnès Desarthe… Même l’indéracinable Yasmina Khadra et la pétulante Maylis de Kerangal, avec 45 000 (Khalil) et 52 000 exemplaires (Un monde à portée de main) vendus, ont pâti du soleil. Mais les cadors pourraient aussi avoir été le jouet du jeunisme ambiant. Cette année plus que jamais, les éditeurs ont misé sur le renouveau, avec 94 primoromanciers, soit un quart des auteurs français de la rentrée, dans le fol espoir de voir surgir une Laetitia Colombani ou une Isabelle Carré. Mêmes curiosité, enfièvrement et dévotion du côté des libraires, jurys et médias. Salués par la presse, Adeline Dieudonné (photo) a récolté le prix du roman Fnac (dont le quatuor finaliste était constitué de « bleuettes »), Pauline Delabroy-Allard, le prix des libraires de Nancy, le quasi-béotien David Diop, le Goncourt des lycéens… Mais qu’ils fassent attention. Les fêtés d’hier – Gauz, Catherine Poulain, Christophe Boltanski, Sophie Daull – l’ont appris à leurs dépens en cette rentrée : on n’écrit un premier livre qu’une seule fois !