Huawei, prisonnier de guerre économique
Cette arrestation à Vancouver tend un peu plus les relations économiques entre les Etats-Unis et la Chine. Meng Wanzhou, directrice financière et fille du fondateur de l’équipementier de télécommunications Huawei, a été interpellée le 1er septembre au Canada à la suite d’une demande d’extradition des Etats-Unis.
Les autorités soupçonnent l’entreprise d’avoir violé la loi en exportant du matériel américain vers l’Iran, pays sous embargo de Washington. « Cette extraterritorialité du droit est devenue une arme de sidération à l’égard des entreprises depuis les amendes en milliards de dollars infligées à BNP Paribas ou à la Société générale, analyse Philippe Bonnecarrère, sénateur à l’origine d’un récent rapport d’information sur le sujet. Mais, dans le cas de Huawei, les Etats-Unis franchissent une nouvelle étape et s’en prennent à une personne physique, sans craindre de susciter la colère de la Chine. » Pékin a aussitôt demandé de « corriger immédiatement cette faute » et de libérer
Meng Wanzhou. Faute de quoi, le Canada s’exposerait à de « graves conséquences ». Déjà soupçonné d’atteinte à la sécurité nationale pour espionnage des communications, le groupe s’enfonce dans la crise. Une crise qui survient en pleins pourparlers entre la Chine et les Etats-Unis sur fond de tensions économiques.