A quand un code du like ?
Le vrai problème des réseaux sociaux, c’est qu’il n’existe pas encore de règles de politesse pour les communications numériques. Exemple : sur Facebook, il n’y a pas de « code du like » auquel nous pourrions nous référer en cas de doute. Je ne parle pas du nombre de likes que certains guettent de manière compulsive et puérile, tout contents lorsqu’ils battent leur record personnel (« Ma nouvelle photo de profil a 120 likes, tu te rends compte ! – Et si tu te mets à poil, tu en auras le double, vas-y, fonce »). Je parle de situations plus subtiles et plus délicates à négocier. C’est entendu, personne (à part les blogueuses mode) n’aurait l’idée de liker ses propres publications. Ce serait comme se caresser en public, on sait bien que c’est mal vu. Mais si quelqu’un reposte l’une de vos publications, pouvez-vous la liker ? Ou est-ce vulgaire ? Car, dans ce cas, le pouce levé peut s’interpréter de deux manières : « C’est vrai que c’est super ce que j’ai écrit, tu as raison de relever que je suis formidable » ou « Merci de m’avoir relayé, la vérité ça fait plaisir ». Un pouce, deux mondes. Et un océan de malentendus potentiels.
Autre exemple, autre motif d’inquiétude :
vous écrivez un commentaire sous la publication d’un de vos amis. Et rien. Non seulement l’ami ne répond pas, mais il ne lève même pas le pouce pour signifier qu’il vous a vu. Il vous a refusé ce geste qui ne lui coûtait qu’un clic. Est-ce que votre commentaire était si nul ?
Ou, pire, inapproprié ? Vous venez de vivre l’équivalent virtuel d’une situation somme toute assez commune : vous avez lancé une phrase dans un groupe de personnes qui discutent, mais personne n’a relevé votre intervention. Vous êtes seul au milieu d’une foule.
Vous tentez de vous rassurer : après tout, peut-être qu’ils n’ont pas entendu ? Peut-être que votre message s’est perdu dans le flot des commentaires ?
Si, en revanche, il s’agit d’une conversation privée
dans laquelle vous n’êtes que deux à intervenir, inutile de lui chercher des excuses : votre interlocuteur vous snobe, c’est sûr et certain. Pour confirmer que vous êtes victime d’une humiliation, Facebook insiste en indiquant que votre message a été « lu ». Et donc ignoré. Vous pouvez laisser libre cours à votre imagination et vous figurer votre ami qui vous lit en haussant les épaules, puis ferme la fenêtre en soufflant : « Quel message de m… »
Si j’étais complotiste, je penserais que Facebook fait exprès de nous insécuriser pour que nous cherchions pathétiquement du réconfort… En comptant le nombre de likes sous notre photo de profil, par exemple.