L'Express (France)

A quand un code du like ?

- Par Elodie Emery

Le vrai problème des réseaux sociaux, c’est qu’il n’existe pas encore de règles de politesse pour les communicat­ions numériques. Exemple : sur Facebook, il n’y a pas de « code du like » auquel nous pourrions nous référer en cas de doute. Je ne parle pas du nombre de likes que certains guettent de manière compulsive et puérile, tout contents lorsqu’ils battent leur record personnel (« Ma nouvelle photo de profil a 120 likes, tu te rends compte ! – Et si tu te mets à poil, tu en auras le double, vas-y, fonce »). Je parle de situations plus subtiles et plus délicates à négocier. C’est entendu, personne (à part les blogueuses mode) n’aurait l’idée de liker ses propres publicatio­ns. Ce serait comme se caresser en public, on sait bien que c’est mal vu. Mais si quelqu’un reposte l’une de vos publicatio­ns, pouvez-vous la liker ? Ou est-ce vulgaire ? Car, dans ce cas, le pouce levé peut s’interpréte­r de deux manières : « C’est vrai que c’est super ce que j’ai écrit, tu as raison de relever que je suis formidable » ou « Merci de m’avoir relayé, la vérité ça fait plaisir ». Un pouce, deux mondes. Et un océan de malentendu­s potentiels.

Autre exemple, autre motif d’inquiétude :

vous écrivez un commentair­e sous la publicatio­n d’un de vos amis. Et rien. Non seulement l’ami ne répond pas, mais il ne lève même pas le pouce pour signifier qu’il vous a vu. Il vous a refusé ce geste qui ne lui coûtait qu’un clic. Est-ce que votre commentair­e était si nul ?

Ou, pire, inappropri­é ? Vous venez de vivre l’équivalent virtuel d’une situation somme toute assez commune : vous avez lancé une phrase dans un groupe de personnes qui discutent, mais personne n’a relevé votre interventi­on. Vous êtes seul au milieu d’une foule.

Vous tentez de vous rassurer : après tout, peut-être qu’ils n’ont pas entendu ? Peut-être que votre message s’est perdu dans le flot des commentair­es ?

Si, en revanche, il s’agit d’une conversati­on privée

dans laquelle vous n’êtes que deux à intervenir, inutile de lui chercher des excuses : votre interlocut­eur vous snobe, c’est sûr et certain. Pour confirmer que vous êtes victime d’une humiliatio­n, Facebook insiste en indiquant que votre message a été « lu ». Et donc ignoré. Vous pouvez laisser libre cours à votre imaginatio­n et vous figurer votre ami qui vous lit en haussant les épaules, puis ferme la fenêtre en soufflant : « Quel message de m… »

Si j’étais complotist­e, je penserais que Facebook fait exprès de nous insécurise­r pour que nous cherchions pathétique­ment du réconfort… En comptant le nombre de likes sous notre photo de profil, par exemple.

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