Un médecin aux assises?
C’est un drame de la maltraitance qui prend une tournure rare, soulignent plusieurs associations de défense de l’enfance. A Limoges (Haute-Vienne), une juge d’instruction a ordonné le renvoi devant la cour d’assises d’un médecin de famille pour non-assistance à personne en danger. L’affaire remonte à 2013, quand les urgences de la clinique de MoutierRozeille (Creuse) constatent le décès d’un enfant de 22 mois, Gabin.
Les expertises démontrent qu’il est mort à la suite d’un défaut de soins et d’alimentation chronique. En outre, ses parents, sans emploi et surendettés, manifestaient un « désintérêt » pour leur fils, selon les conclusions de la juge. Celle-ci a décidé leur mise en accusation pour privation de soins ayant entraîné la mort. Mais, pour la magistrate, la responsabilité du médecin devra aussi être jugée : les signes de ces mauvais traitements étant flagrants, « Gabin aurait dû être orienté vers une équipe pédiatrique dès juin 2012 », affirme un expert. Des « négligences graves et fautives » dont le docteur se défend. Son avocat a d’ailleurs fait appel de la mise en accusation. Si le dossier allait jusqu’au procès, il pourrait prendre un caractère emblématique. « Cet enfant aurait pu être sauvé, assure Yves Crespin, avocat de l’association l’Enfant bleu. Il faut qu’on discute de la responsabilité des médecins, qui sont les premiers en mesure d’intervenir. C’est à eux de faire un signalement aux services sociaux. »