“Un fort sentiment de déception”
Accoudé au zinc, David tient une bière ambrée de sa main gauche, son smartphone de la main droite. Son pouce fait défiler le mur de son profil Facebook, où s’entassent vidéos, visuels et dessins anti-Macron.
Ce 13 novembre, à Chauny (Aisne), la première mobilisation des gilets jaunes n’a pas encore eu lieu et, déjà, la colère gronde en ligne. « On ouvre Facebook, on ne voit que du Macron », constate ce fonctionnaire hospitalier de 44 ans. Pour la première fois de sa vie, il envisage de participer à une manifestation. « J’en ai marre, je suis ponctionné de tous les côtés. » Rien de nouveau, mais la personnalité du président de la République ne passe pas chez lui. « Il se prend pour un Dieu vivant. Hollande, au moins, on l’entendait moins parler. » Comme ses amis, il trouve que Marine Le Pen « a chié son débat ». Mais, aux prochaines élections, il revotera pour elle. La haine anti-Macron écrase tout. Pas besoin de discuter longtemps pour que les noms d’oiseau volent au sujet du chef de l’Etat. Petite ville picarde touchée par la désindustrialisation, Chauny a pourtant laissé une chance à Emmanuel Macron. Après avoir voté majoritairement pour la présidente du FN au second tour de la présidentielle (50,64 %), les Chaunois ont élu un député LREM. « Il y a un fort sentiment de déception par rapport au comportement de Macron », explique l’entourage du maire centriste et Macroncompatible. De l’aveu même de la municipalité, l’affaire Benalla et la petite phrase sur la rue à traverser pour trouver un emploi dans cette zone à l’économie sinistrée ont fait beaucoup de dégâts. « Comme ils disent dans les cafés, il faut qu’il arrête très vite ses conneries… »